Les produits camerounais absents du service à bord

Le ministre du Commerce veut inciter les compagnies desservant le pays à les intégrer dans leurs commandes. C'est avec nostalgie…

Le ministre du Commerce veut inciter les compagnies desservant le pays à les intégrer dans leurs commandes.

C’est avec nostalgie que Alain, ancien inconditionnel de la compagnie aérienne nationale, Camair, parle de ce Ndolé (met traditionnel du peuple Douala) autrefois servi par les hôtesses à bord des vols vers l’Europe. « Même en classe affaires, on proposait, entre autres produits, le Ndolé », précise-t-il, comme pour marquer la détermination de cette compagnie à vendre la destination Cameroun. Jusqu’au bout. Aujourd’hui, avec la cessation des activités de la Camair, l’on peut encore humer ce parfum propre au café camerounais dans les vols de Elysian Airlines, une compagnie privée camerounaise, qui offre également à ses passagers de l’eau minérale Tangui ou Semme, et des boisons fabriquées par les Brasseries du Cameroun. Bref, à croire Stéphane Ond, chef d’agence de Elysian à Yaoundé, les produits servis à bord de cette compagnie son à 90% made in Cameroon. Une pratique que n’ont pas encore adopté les nombreuses compagnies aériennes étrangères qui desservent le Cameroun.

Afin d’inciter Air France, Swiss international, Bellview, Virgin Nigeria, Ethiopian Airlines, Royal Air Maroc, Kenyan Airways, Air Ivoire, etc. à contribuer à vendre le savoir faire de l’industrie et de l’agriculture camerounaise dans leurs avions, en intégrant les produits made in Cameroon dans leur service à bord, le ministre du Commerce a saisi, par écrit, tous les responsables de ces sociétés de transport en octobre 2007. Parce que « les compagnies aériennes sont un vecteur de promotion commerciale », a-t-il affirmé hier au terme d’une réunion qu’il a présidé avec les responsables de ces compagnies restés insensibles (pendant un an) à son appel à intégrer les produits camerounais dans leur service. De ce point de vue, Luc Magloire Mbarga Atangana vante le parfum du café camerounais, la saveur de ses ananas, la compétitivité de l’eau minérale produite par les Brasseries du Cameroun ou encore la banane locale très demandée sur le marché international.

Une publicité qui n’a pas particulièrement ému les représentants des compagnies aériennes étrangères les plus représentatives, à l’instar de Swiss international et, surtout, Air France, compagnie aérienne qui sert à elle seule quelque 7000 plateaux dans ses avions par mois (une aubaine pour la commercialisation des produits camerounais) au départ du Cameroun. En effet, au cours du huis clos qui a ponctué la réunion d’hier à Yaoundé, Henri Ledoux, chef du district de Air France à Yaoundé, a clairement indiqué au ministre du Commerce, confie une source crédible, qu’il est très difficile pour cette compagnie d’intégrer le produits camerounais dans son service à bord. Et pour cause ? Air France est lié par des contrats d’exclusivité avec des multinationales agro-alimentaires telles que Nestlé, Coca Cola, Pepsi, etc.

Une information aussitôt battue en brèche par le ministre du Commerce, qui s’est ému de ce que malgré « ces contrats d’exclusivité », les vols de Air France à destination de la Chine soient toujours bondés de produits chinois. Idem pour les vols de Swiss International à destination de ce pays d’Asie. Une pratique que Anne Berthe Bouche, chef d’Agence de Swiss à Yaoundé, a justifié par le fait que la Chine constitue un important marché pour leur compagnie. Quid du Cameroun, pays dans lequel ces mêmes compagnies aériennes étrangères créent de plus en plus des représentations ?
En tout cas, a indiqué le ministre du Commerce au terme de la réunion d’hier à Yaoundé, « les avions à destination ou au départ du Cameroun sont pleins. Ce qui signifie que ces compagnies font un chiffre sur le Cameroun. Il faut qu’il y ait un retour ». Lequel peut prendre la forme du remplacement de l’eau minérale Contrex par Tangui ou Semme sur les plateaux servis en vol aux passagers de Air France. Ou encore de la substitution du café colombien parfois servis par Swiss International à ses passagers au départ de Douala, par le café Uccao du Cameroun, qui, selon des experts, n’a aucun complexe à se faire devant les autres cafés de marque.


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