D’après un journal local, le Premier ministre a tenu une réunion de crise sur le Projet, sur instructions du chef de l’Etat, afin de »faire le point » sur la controverse actuelle
Les tractations sont en cours au sein du gouvernement camerounais autour de la création et de l’exploitation d’un complexe agro-industriel sucrier dans l’interzone Bertoua-Batouri (Est), retirée à la société de droit indien Justin Sugar Mills et récemment confiée à la société marocaine Cosumar, rapporte un journal local.
L’hebdomadaire Repères, dans son édition de cette semaine, confirme en effet la tenue, voici quelques jours, d’une réunion de crise sur le sujet présidée par le Premier ministre Philemon Yang, instruit par le chef de l’Etat Paul Biya aux fins de « faire le point » sur la controverse « assorti de propositions adéquates en vue de la bonne fin dudit projet et des modalités de délivrance des lettres de confort aux investisseurs privés ».
En février dernier le ministre de l’Industrie, Emmanuel Bondé, déclarait la société marocaine Cosumar pré-qualifiée pour le projet d’exploitation d’un complexe agroindustriel au terme d’un appel international à manifestation d’intérêt ouvert le 15 octobre 2014 et qui, du même coup, mettait un terme au rêve de la société de droit indien Justin Sugar Mills, qui s’activait déjà sur le terrain depuis quelques années.
Les promoteurs ainsi lésés, loin de désarmer, ont non seulement saisi le sommet de l’Etat mais également dénoncé une « prise illégale d’intérêts » dudit membre du gouvernement et, document à l’appui, ils ont dénoncé une « tentative de spoliation » montée à travers de présumés hommes de main de M. Bondé.
Selon des sources introduites contactées par APA, ce membre du gouvernement, en écartant sans ménagement du projet Justin Sugar Mills, qui avait déjà consenti d’énormes investissements sur le terrain, souhaitait avoir la mainmise dans une affaire appelée à être implantée dans sa région d’origine.
Le 26 juin 2014 en effet, Emmanuel Bondé avait, dans un communiqué, annoncé que l’abrogation du contrat de projet faisait suite à des dysfonctionnements relevés par un cabinet international d’audit dans l’application du protocole d’accord.
Aussitôt, les responsables de Justin Sugar Mills l’accusaient de manipuler, de décourager ou de saboter la réalisation de ce projet de développement communautaire et de lutte contre la pauvreté qui allait générer 17.500 emplois aux Camerounais dont « un lobby aux intérêts purement personnels s’évertue depuis des années à s’accaparer sans succès ».
Avec un investissement de 60 milliards FCFA, l’usine de Batouri devait débuter ses activités dès janvier 2014 avec 15.000 hectares de plantations de canne à sucre sur une superficie totale de 155.000 hectares et avec une production initiale de 60.000 tonnes annuels.
Le complexe, à travers l’exploitation de ses propres déchets industriels, annonçait aussi la production de l’énergie pour l’usine et l’électrification des localités environnantes.
Le Cameroun, avec un déficit sucrier oscillant entre 60.000 et 90.000 tonnes, est actuellement approvisionné par la Société sucrière du Cameroun (Sosucam), filiale du groupe français Somdiaa, et occasionnellement à travers des importations asiatiques et brésiliennes.

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