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Lettre au Colonel Massi: «Chassez les soldats camerounais de chez vous»

Par Brice Nitcheu, Président du Collectif des Organisation Démocratiques des Camerounais de la Diaspora

Au Colonel Charles Massi
Ancien ministre de la défense de la République Centrafricaine
Cofondateur du Mouvement de libération Seleka
Actuellement au Front non loin de Bangui

Cher Frère Combattant
Nous vous avons transféré cette lettre vers le Front par des canaux spéciaux, et espérons que vous l’aurez lue avant la chute de régime criminel et dictatorial en place dans ce pays frère qu’est la République Centrafricaine. Le Mouvement que vous avez co-initié pour libérer le peuple centrafricain d’une tyrannie obscurantiste et cinquantenaire est salué par l’ensemble de la jeunesse africaine, qui voit en vous un exemple de courage et d’audace. Il faut dire que, sans la haute main protectrice des Dieux d’Afrique, vous n’auriez jamais pu initier ce mouvement salutaire qui fait trembler le club des tyrans de l’Afrique Centrale

En effet, lorsque vous avez été capturé le 18 décembre 2009 sur la zone tri-frontalière Tchad-Cameroun-Centrafrique, vos assaillants tchadiens vous ont remis à Idriss Deby qui vous a jeté en prison à Djamena, avant de vous remettre sans ménagement à votre bourreau, le général anti-patriote François Bozizé, sous le regard contemplateur et complice de l’oppresseur voisin Paul Biya, qui s’est sans doute réjouit de vous voir neutralisé. La fébrilité qui s’est emparée de ce club de tyrans de l’Afrique Centrale en raison de la progression fulgurante des combattants de Seleka vers Bangui, avec l’envoi de plusieurs contingents militaires pour empêcher la chute de Capitale Centrafricaine, est un signe des temps. Nous sommes absolument outrés de voir cette mobilisation inédite des dictateurs qui se bousculent à Libreville pour sauver un régime aux abois, alors qu’ils n’ont pas levé le petit doigt depuis 10 ans pour dénoncer les dérives du Général Bozize.

Les promesses d’un gouvernement d’Union Nationale faite par Bozize, et repris en ch ur par ses amis du Cemac du même acabit, gouvernement qui verrait le partage du pouvoir avec votre Mouvement, apparaît comme le dernier soubresaut d’un régime en pleine agonie. La crise qui a conduit le vaillant peuple centrafricain à prendre les armes pour mettre fin à l’oppression ne peut être assimilé à une bataille pour le partage du gâteau national. Cette promesse est symptomatique de la vielle ruse usée et abusée par ce Club de tyrans, à laquelle certains d’entre eux, à l’instar de Paul Biya, ont fait recours pour phagocyter l’opposition institutionnelle. L’insurrection populaire et armée est un moyen de libération reconnu et garanti par les traités internationaux, lorsqu’un peuple a épuisé toutes les voies pacifiques pour se libérer du joug de l’oppression. D’ailleurs, il faut bien remarquer que les Sieurs Sassou Nguesso, Idriss Deby et François Bozize, qui crient aujourd’hui comme des moutons égorgés, ont fait recours aux armes, et dans les cas de la RCA et du Congo, ils ont chassé du pouvoir des dirigeants qui étaient démocratiquement élus. En prenant la décision d’envoyer des contingents pour vous empêcher d’entrer à Bangui, ces vieux despotes ont choisi de faire de la crise interne centrafricaine une crise régionale. Qu’il en soit donc ainsi !

Cher Frère, Combattant
Nous voudrions ici nous désolidariser de la décision inique de Monsieur Paul Biya d’envoyer des soldats camerounais dans votre pays, car les intérêts du Cameroun ne sont aucunement en jeu dans cette crise, qui ne regarde que le peuple centrafricain. Il est évident que l’envoi des soldats camerounais en Centrafrique n’est pas fait dans le soucis de protéger les populations centrafricaines, mais participe d’une stratégie de protection par anticipation, car les mêmes maux qui ont conduit au soulèvement du Seleka étant tous réunis au Cameroun, Monsieur Paul Biya redoute l’effet domino et de contagion transfrontalière. Nous l’avons déjà dit, les soldats camerounais n’ont rien à faire dans votre pays. S’ils s’opposent à votre projet de libération de votre peuple et à votre entrée à Bangui, ripostez sans ménagement et chassez-les de chez vous. Ce sont eux les agresseurs. Pas vous. Et prenez bien note pour la suite. C’est ici l’occasion pour moi de vous souhaiter, cher Frère Combattant, mes meilleurs v ux pour cette année 2013, qui, je le souhaite vivement, verra la fin de l’autocrate Bozize, et par ricochet, de ses amis et voisins du même acabit, en particulier, Monsieur Paul Biya.

Fait à Londres, le 07 janvier 2013

Brice Nitcheu, Président du Code
Cameroonvoice)/n


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