Dans un paysage culturel inondé par la musique, l’humoriste continue de croire en l’avenir de son art. Portrait
«Marié et père de 05 enfants, n’oublier pas de le mentionner», précise ce monsieur à la barbe blanche dans notre entretien prépresse ; pour ainsi signifier son attachement à sa «modeste famille» qu’il quitte «juste de temps en temps» pour des besoins professionnels. Sa profession, il la définie bien: «je suis humoriste, et même si au Cameroun la profession est encore dans les ténèbres», Louis Marie Amstrong l’exerce et compte bien, avec ses compères, la sortir de cette torpeur, malgré le temps que cela prendra. Rien à voir avec le chanteur Louis Amrstrong, d’ailleurs il est loin d’être américain. Louis Marie Noubissi Tchoupo 48 ans sonné, est né, a grandit et vit à Bafoussam, dans la région de l’ouest Cameroun «je veux rester encrer dans mes racines» se justifie t-il.
Un passionné d’humour
Passionné par l’art dramatique dès son plus jeune âge, il s’y lance véritablement en 1979, il a alors 17 ans. Ses premières armes à faire rire, il les affûte au sein de la jeunesse de l’UNC à l’époque du parti unique, qui deviendra plus tard l’étincelle dramatique de l’Ouest. Et là nous sommes en 1984, il se fait déjà appeler Amstrong. «J’ai hérité de ce surnom parce que la seule musique que j’écoutais tout le temps était celle de Louis Amstrong». 1987, c’est la crise. Le seul espace qui sert de salle de répétition et de représentation, «le foyer municipal de Bafoussam» est vendu à la BEAC. Pourtant à cette époque «la salle était toujours pleine lors de nos spectacles. Nous avions au moins 500 personnes par représentation, parmi lesquelles ma mère, qui était toujours présente même si elle n’y comprenait rien, car n’ayant pas été à l’école» se souvient l’artiste. C’est donc un coup de massue qui viendra disperser la troupe, mais Amstrong a du mal à l’accepter. C’est la raison pour laquelle il crée quelques temps après l’Union des Acteurs de l’Ouest (UAO) qu’il dirige jusqu’en 1994. Avec une douzaine de comédiens amateurs, Noubissi Tchoupo va créer des spectacles tels : L’étudiant noir de Soweto, Yota l’élève insouciant, L’acte de mariage ou acte d’intérêt, Dans le pétrin. «C’était vraiment dur et toutes les dépenses venaient de mes poches, de mon salaire». Il était préparateur dans une pharmacie, un poste qu’il quitte en 2000 «parce que ça ne me rapportait pas grand-chose» souligne t-il.
«Je n’ai pas le Bac»
Son diplôme de préparateur en pharmacie, il l’obtient en suivant des cours par correspondance, «et à l’insu de son patron». Au départ, il était «simple vendeur» à la pharmacie, et le diplôme lui a permis de monter en grade. «Peut être que si j’avais obtenu mon baccalauréat je serais allé plus loin» nous dit-il, lui qui a suivi des études de comptabilité jusqu’en classe de Terminale G2. Il se voit obliger d’interrompre les études après avoir raté l’examen pour assumer les responsabilités de successeur de son père. C’est d’ailleurs à ce dernier que Amstrong doit ses qualités de cultivateur, qu’il exprime à ses heures perdues.
