Selon un journal spécialisé sur l’actualité du septentrion, l’Etat aurait consenti à la libération d’une trentaine de membres de Boko Haram et au versement d’une rançon de 3,2 milliards de F CFA
Contrairement aux discours institutionnels, le Cameroun a payé une rançon de 3,2 milliards de F CFA et libéré une trentaine de Boko-Haram en contre partie de la libération, le 10 octobre dernier, de 10 otages chinois et 17 Camerounais aux mains de la secte, rapporte le bihebdomadaire régional L’ il du Sahel, dans son édition du 13 octobre 2014.
Le journal spécialisé sur l’actualité du grand nord a publié lundi une enquête intitulée «les contours de la libération des 27 otages enlevés par Boko Haram» et comprenant force détails sur un dénouement dont les circonstances n’ont pas été communiquées officiellement.
Parmi les prisonniers libérés et appartenant à «la branche approvisionnement et ravitaillement» de la secte, l’organe de presse cite des personnes condamnées par le Tribunal militaire de Maroua le 24 juillet 2014 pour des peines variant de 10 ans à 20 ans de prison, à l’instar de: Ndjidda Hassana alias Cheik, Abdoul Mohamed, Alioum Hassane, Abakar Hassana, Idriss Djibril, Ndjidda Mohamed, Hadjer Mohamed, Mohamed Ali, Ndjidda Mohamed alias Hassana Ahmed.
«Tous étaient impliqués dans la découverte d’un impressionnant arsenal de guerre retrouvé dans les environs de Goulfey et constitué de 6000 munitions, 239 kalachnikovs, des grenades, un canon, un mortier, 09 mitrailleuses, 02 fusils colt, 03 pistolets automatiques, 06 Fal, 03 calibres 12 et 11 lance-roquettes», précise le bihebdomadaire. Le journal revèle par ailleurs que le chef de la cellule de Boko Haram à Kousseri, Abakar Ali, qui avait été interpellé le 23 septembre 2014 avant d’être transféré à Yaoundé, a également recouvré la liberté en compagnie de ses «camarades», Mahamat Ali et Issiaka Garé. «Deux membres de ce trio séjournaient encore, le 08 octobre 2014, dans une salle de l’hôpital de la police à Yaoundé», ajoute le journal régional de manière anecdotique.
Côté rançon, l’organe de presse explique qu’un accord pour le versement d’une somme de 1,5 milliard de F CFA en échange de la libération des 10 Chinois enlevés à Waza dans la nuit du 16 au 17 mai, a été conclu dans un premier temps. La libération des Chinois devait avoir lieu «autour du 15 juillet 2014». Pour les 16 Camerounais enlevés à Kolofata le 27 juillet 2014, la secte demandera cette fois 1,7 milliard de F CFA supplémentaire. Elle «donnera le tempo des discussions en invitant en août 2014 le député Abba Malla à aller rencontrer dans l’Etat de Borno, son leader Abubakar Shekau», rapporte l’ il du Sahel.
Et pourquoi la famille du vice-Premier ministre en charge des relations avec les assemblées parmi les otages camerounais ? «Avec Mme Amadou Ali, la secte disposait désormais d’un important levier pour faire chanter le Cameroun. Elle va prendre de son temps, repoussant les nombreuses tentatives de prise de contact pour aborder le sujet. Elle se fera désirer, torturant les nerfs des autorités camerounaises d’autant que le drame qui a touché la famille D’Amadou Ali est la conséquence de sa tentative de flouer la secte», écrit ce journal régional. Amadou Ali, d’après L’ il du Sahel, s’était porté garant, au nom du gouvernement camerounais, du respect de l’accord sur l’échange des religieux enlevés dans l’Extrême-Nord dans la nuit du 4 au 5 avril 2014. Ledit accord prévoyait la libération d’une vingtaine de membres de la secte en échange des religieux. Finalement, les deux prêtres italiens Giampaolo Marta et Gianantonio Allegri et la religieuse canadienne, Gilberte Bussier, avaient été relâchés le 01er juin 2014 sans que des membres de Boko Haram ne recouvrent la liberté.
Cette fois, Boko Haram a décidé que le troc se ferait sans fausse note. «Un convoi d’une dizaine de véhicules du Bataillon d’intervention rapide (BIR) transportant des membres de Boko Haram, a quitté Maroua le 10 octobre 2014 en début de soirée. Direction : les environs d’Amchidé, après avoir ramassé en chemin des prisonniers incarcérés à Mora. L’échange se fera peu avant minuit», affirme, sans usage au conditionnel, le bihebdomadaire régional l’ il du Sahel.
