Aucune information n’est disponible sur les conditions de cette libération, mais l’ambassade de Chine a suivi l’affaire de près
La fin du calvaire
Les sept Chinois enlevés la semaine dernière au large de la péninsule de Bakassi (sud-ouest du Cameroun) ont été libérés mercredi par leurs ravisseurs, selon des sources médiatiques concordantes. Les sept ressortissants chinois, qui avaient été kidnappés le 12 mars, ont été libérés mercredi, ils devraient bientôt arriver par bateau à Limbe, en compagnie d’un représentant de la société chinoise de pêche qui les emploie, a rapporté l’agence officielle chinoise, Chine Nouvelle, citant des diplomates chinois. A l’ambassade chinoise pourtant jointe par téléphone, on s’est refusé à tout commentaire sur l’affaire. Cité par Chine Nouvelle, l’ambassadeur de Chine à Yaoundé, Xue Jinwei a expliqué que cette libération avait été obtenue grâce à une collaboration avec les autorités camerounaises. Les négociations ont duré plusieurs jours durant lesquels la vie des otages n’était pas en danger et durant lesquels ils étaient approvisionnés en eau et nourriture, a dit la même source. Selon l’agence, deux responsables de l’ambassade et du consulat de Chine à Yaoundé sont allés à Limbe pour y accueillir les anciens otages, qui étaient à bord de deux bateaux de pêche lors de leur capture.
Flou sur les conditions de leur libération
Les conditions de leur libération restent cependant inconnues. Dimanche, une source camerounaise proche du dossier avait rapporté que les ravisseurs se sont présentés comme «l’Africa Marine Commando (AMC)», un groupe jusqu’alors inconnu. Selon la même source, les ravisseurs avaient demandé une rançon. Interrogé sur ce sujet, le diplomate chinois a répondu ne pas être au courant tout en ajoutant que les négociations engagées depuis l’enlèvement se poursuivaient et qu’ils espéraient voir leurs compatriotes sortir sains et saufs de cette situation. En l’absence de source officielle camerounaise, des observateurs se sont posés la question de savoir si la Chine a obtenu l’aide militaire du Cameroun, dont on sait aujourd’hui depuis l’incident avec la guinée équatoriale, que les forces armées patrouillent constamment dans ses eaux territoriales. Des observateurs proches du milieu de prise des décisions s’accordent à dire que les autorités camerounaises ont toujours refusé le principe d’un paiement d’une rançon, contrairement aux Chinois pour qui cette option n’a jamais été publiquement exclue.
Une affaire plus complexe
Ces discussions prennent un nouveau visage lorsqu’on prend en considération une information rapportée par le quotidien Le Jour. Selon elles, les Chinois enlevés appartenaient à une compagnie de pêche, mais s’étaient rendus au Nigéria voisin pour s’approvisionner en carburant, certainement pour contourner les coûts élevés du marché camerounais. Une affaire qui a mal tourné ou un acte de piraterie? L’audition de ceux qui avaient échappé est restée à ce jour secrète. Mais, ce n’est pas la première fois que des Chinois sont enlevés dans la région. En 2009 cinq d’entre eux avaient été retenus plusieurs semaines avant d’être finalement libérés. Et les circonstances de leur libération restent à ce jour inconnues. Plusieurs groupes, souvent armés, sont actifs dans la péninsule de Bakassi, région côtière et marécageuse de 1.000 km2, potentiellement riche en pétrole, en gaz et en ressources halieutiques (poissons). La zone a été entièrement restituée par le Nigeria au Cameroun en août 2008 après un différend frontalier de plus de dix ans, dans le cadre de ce qu’on connait sous l’appellation des accords de Green Tree. Les attaques en mer s’y sont multipliées depuis ces deux dernières années.