Président du Liberia de 1997 à 2003, il lui est reproché la commission de crimes et d’atrocités sur des populations civiles. Sa sentence sera prononcée le 30 mai prochain
L’ex président libérien Charles Taylor a été reconnu coupable jeudi le 25 avril pour avoir créé et mis en uvre une campagne de terreur visant à obtenir le contrôle de la Sierra Leone, dans le but d’exploiter ses diamants, lors d’une guerre civile ayant fait 120 000 morts entre 1991 et 2001. La chambre vous reconnaît coupable d’avoir aidé et encouragé la commission des crimes suivants, a déclaré le juge Richard Lussick en énumérant les onze chefs d’accusation reprochés à Charles Taylor, lors d’une audience à Leidschendam, près de La Haye, devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL). Le jugement risque de faire date dans la justice pénale internationale. C’est le premier ancien président qui est condamné pour des crimes commis durant son règne. Le jugement a été retransmis en direct au siège du TSSL à Freetown, la capitale de Sierra Leone et d’importantes forces de la police libérienne et de l’ONU étaient déployées hier jeudi dans les rues de Monrovia, la capitale du Liberia, où le gouvernement a appelé la population au calme et à prier pour la nation et la paix. Selon des images de la télévision, l’ex chef de guerre s’est montré calme au moment où on a prononcé sa culpabilité, prenant des notes sur un carnet. Il avait plaidé non coupable. La sentence devrait être prononcée le 30 mai prochaine. Avec elle, ce sera aussi la fin d’un procès long et couteux, qui a débuté le 04 juin 2007 et s’est achevé le 11 mars 2011. Le délibéré a duré près d’un an, les juges ayant dû lire plus de 50000 pages de témoignages et examiner 1520 éléments de preuve. L’accusation avait présenté 94 témoins et la défense 21, dont Charles Taylor lui-même, qui avait qualifié de mensonges le fait qu’il aurait mangé de la chair humaine.
Le procès a aussi connu des phases sensationnelles, avec le témoignage de Naomi Campbell, la star de l’univers du mannequinat. Le procureur souhaitait l’entendre au sujet de diamants qu’elle avait reçus de M. Taylor après un dîner en Afrique du Sud organisé en 1997 par Nelson Mandela. Bien avant Taylor, Le TSSL a déjà condamné à Freetown huit accusés pour des crimes commis en Sierra Leone à des peines allant de 15 à 52 ans de prison. Le procès de La Haye met fin à la carrière de celui qui est présenté par de nombreux médias occidentaux, comme un tyran narcissique et sanguinaire. Né dans une famille de Libériens d’origine américaine, Taylor est parti suivre des études aux États-Unis, avant de retourner au pays, où il devint fonctionnaire, chargé des achats extérieurs. Accusé d’avoir détourné de l’argent à son poste, il s’enfuit pour les Etats-unis où il est incarcéré dans une prison de haute sécurité. Il s’en évadera d’une façon trop simple pour revenir au Libéria. Taylor a toujours affirmé que la CIA (agence de renseignement extérieur américaine), l’avait aidé, ce que ses responsables démentent fermement. Le jugement du TSSL est le premier jugement contre un ancien chef d’Etat rendu par la justice pénale internationale depuis celui prononcé en 1946 par le tribunal militaire international de Nuremberg contre Karl Dönitz, commandant en chef de la marine allemande. Celui-ci, qui avait succédé à Adolf Hitler à la fin de la Seconde guerre mondiale, avait été condamné à dix ans de prison pour crimes de guerre. Charles Taylor devrait purger sa peine en Angleterre.
