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Ligue des champions CAF : chronique d’un gâchis pour le Cameroun

Le ministre Narcisse Mouelle Kombi (à gauche) avec Seidou Mbombo Njoya le patron de la Fécafoot (à droite)

En décidant de ne pas organiser les demi-finales et la finale de la plus prestigieuse des compétitions africaines interclubs, le pays de Paul Biya a loupé une occasion en or de surexposition médiatique et de tourisme. Un signal inquiétant pour un pays qui doit organiser, sous peu, le Chan et la Can.

Le final four de la Ligue des Champions d’Afrique ne se jouera finalement pas à Douala-Japoma. Selon les autorités en charge du football camerounais la situation sanitaire et l’évolution de la pandémie de Covid-19 au Cameroun en seraient les principales causes. Or, les raisons fondamentales de ce désistement pourraient venir d’ailleurs.

Comment comprendre le revirement du Cameroun ? Avant la détection du premier cas du Covid-19 à Yaoundé au mois de mars 2020, la Confédération africaine de football (CAF) avait jeté son dévolu sur le Cameroun pour abriter uniquement la finale de la Ligue des champions. Mais la perturbation du calendrier de la compétition a contraint la CAF à programmer l’organisation des demi-finales et la finale sur un site unique.  Et le pays de Samuel Eto’o fut de nouveau sollicité pour abriter ces rencontres.

Or, ce que l’opinion ne sait pas, c’est que la CAF a demandé au Cameroun de tout prendre en charge. Le Cameroun était partant pour la finale, mais la CAF lui a refilé des matches supplémentaires à ses frais en plus. Sous prétexte qu’il ne revient pas à un pays d’organiser les compétitions interclubs de la CAF,  le Cameroun a dit « non », surtout que : « la Covid-19 n’est pas éradiquée ». Quelque soit le bout par lequel on prend cette affaire, le pays de Paul Biya est perdant.

Travailler son attractivité

Depuis le déclenchement de la crise anglophone et du « glissement de date de la Can 2019 » l’image du Cameroun à l’international s’est fortement dégradée. Le football étant la dernière représentation sacrée de notre pays, le Cameroun gagnerait à travailler son attractivité. Et l’attractivité d’un pays se mesure aussi par sa capacité à organiser des grands événements, notamment sportifs.

En refusant d’organiser le final four de la Ligue des Champions d’Afrique, le Cameroun a accepté de perdre en visibilité et donc en sponsoring et billetterie etc. Dans un pays, où l’espace aérien s’ouvre de nouveau peu à peu,  le Cameroun a également perdu l’occasion de relancer son secteur touristique qui vit au ralenti depuis l’apparition du Covid-19.

La décision d’investissement est l’aboutissement d’une réflexion de long terme. Or, la politique sportive menée actuellement au Cameroun aggrave le manque de visibilité à moyen et long terme, et multiplie les signaux négatifs ; si même comme le pense certains, le pays de Roger Milla évoquait des raisons sécuritaires et surtout sanitaires pour refuser d’organiser trois matches en septembre, que fera-t-on du Championnat d’Afrique des nations, en janvier 2021 ?

Soyez-en sûr, le monde entier ne trouvera pas une solution au Covid-19 avant au moins 18 mois (d’après l’OMS) et aux regards des positions tranchées des protagonistes dans la crise anglophone,  le cessez-le feu ne sera pas pour demain.

L’incompétence des décideurs

Or, le Cameroun bénéficie de nombreux atouts. En effet, au-delà de ses vertus naturels, parmi les atouts principaux du Cameroun, il y a son football, son public mordu du ballon rond et désormais un argument majeur : un stade « 5 étoiles » prêt qui ne demande qu’à vivre. Dans ce joyau architectural de Japoma qui a 50 000 places, on aurait pu, pour respecter les mesures de distanciations, ne vendre que 10 000 à 15 000 billets pour ce final four de la Ligue des Champions d’Afrique.

A titre de rappel, le Cameroun a un palmarès éloquent en Coupe africaine interclubs. Oryx de Douala est le premier club africain à avoir remporté la défunte Coupe d’Afrique des clubs champions en 1965 et Tonnerre de Yaoundé a fait pareil en 1975, lors de la première édition de la défunte Coupe des Coupes.

C’est fort des arguments et de son palmarès riche (cinq fois champions d’Afrique, 11 ballon d’Or africain, premier pays africain quart finaliste à une phase finale de Coupe du monde, excusez du peu) que la Caf a choisi le Cameroun pour abriter la toute première édition de la finale de Champions League en terrain neutre. Mais le manque de vision en diplomatie sportive et surtout l’incompétence des décideurs empêchent le Cameroun d’asseoir sa notoriété.


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