Les leviers à actionner immédiatement pour une participation honorable à la coupe du monde brésilienne de 2014
Les temps sont désormais comptés pour le Cameroun dans la préparation de son équipe nationale fanion à Brasilia 2014. Il n’est pas exagéré de parler d’une course contre la montre pour une participation réussie des Lions Indomptables à la prochaine coupe du monde de football. En effet, les défis à relever sont si nombreux qu’il n’y a véritablement pas le temps de savourer la brillante qualification obtenue au stade omnisports de Yaoundé le 17 novembre 2013 face aux Aigles de Carthage sur le score de 4-1. De fait, les chantiers de la refondation de l’équipe du Cameroun sont nombreux et tout aussi urgents.
1-La clarification urgente des rôles entre le ministère de tutelle (sports et éducation physique) et la Fédération camerounaise de football
A qui revient-il de gérer l’équipe nationale du Cameroun ? La question reste d’actualité au vu des batailles épiques opposant sur ce sujet la fédération camerounaise de football au gouvernement de la République du Cameroun. Les autorités camerounaises, via le ministère des sports et de l’éducation physique, revendiquent la gestion de l’équipe nationale fanion de football, au motif que les Lions Indomptables appartiennent à l’Etat du Cameroun. A la Fécafoot, l’on voit les choses autrement. L’argument invoqué par les autorités fédérales camerounaises: la Fédération internationale de football association ne traite pas avec les Etats, mais plutôt avec les associations sportives affiliées et reconnues par l’instance faîtière du football mondial. Pour la Fécafoot, le Cameroun doit se mettre à l’école de toutes les autres grandes nations de football, qui ont confié à leur fédération sportive la gestion de l’équipe nationale de football. Qui a raison dans cette querelle de clochers masquant des enjeux souterrains ? L’arbitrage du Comité de normalisation du football camerounais, chargé actuellement de « relire et réécrire » les textes de la Fécafoot, est attendu. La clarification des rôles de chaque partie prenante dans la gestion des Lions Indomptables est un impératif fondamental. Qui permettra d’assainir la relation Ministère des sports et de l’éducation physique – Fécafoot. C’est par là qu’il faut commencer, pour éviter de retomber dans les querelles intestines qui minent l’environnement des Lions et plombent leurs performances.
2-La professionnalisation de la gestion des Lions
La précision des rôles de chaque partie prenante ouvre la porte à la bonne gouvernance du patrimoine et du label Lions Indomptables. De fait, la répartition claire des rôles est assortie d’un cahier de charges pour chaque partie prenante. L’obligation des résultats attendus des uns et des autres ne tolèrera pas l’amateurisme. Ce qui suggère en filigrane la professionnalisation, notamment dans tout ce qui touche à l’équipe nationale de football. Dès lors, les multiples interférences et les échecs y relatifs autour des Lions Indomptables ne seront qu’un mauvais et lointain souvenir. En offrant aux pensionnaires de l’équipe nationale de football les mêmes standards d’encadrement que dans leurs clubs européens, l’on est en droit d’exiger aux Lions Indomptables des performances de très haut niveau. Le rationnel reprendra ainsi sa primauté sur l’irrationnel actuellement érigé en mode de gestion.
3-Laisser les mains libres au staff technique
C’est l’un des défis à surmonter par le Cameroun, pour une coupe du monde honorable au Brésil en 2014. Trop d’interférences ont jusqu’ici marqué la sélection des joueurs de l’équipe nationale de football. Les cris d’orfraie d’Otto Pfister, ci-devant entraîneur des Lions Indomptables, sont encore dans les mémoires. Mécontent de ne pouvoir inviter les joueurs de son choix à un regroupement des Lions en Suisse, il remit son tablier à l’improviste, abandonnant l’équipe nationale à elle-même à la veille d’un match important. Toutes ces incongruités doivent céder la place à un autre type de management. Celui-là qui fait confiance au staff technique dans la sélection des joueurs et la préparation de l’équipe aux compétitions. Pour l’encadrement technique, l’obligation des résultats et de rendre compte deviendrait alors la règle et non l’exception.
4-La reconquête des partenaires et sponsors
Secret de polichinelle : les relations entre la Fécafoot et la plupart de ses partenaires sont exécrables. La fédération camerounaise de football et son ministère de tutelle sortent d’un affrontement épique. L’épilogue de cette énième crise aura été l’embastillement de Iya Mohammed, ci-devant président la Fécafoot. De ce fait, la Fécafoot revient d’une rupture de ban avec la Fifa. Dans la foulée, les grands sponsors ont filé sur la plante des pieds. Le dernier désistement en date est l’opérateur de téléphonie mobile MTN, grand accompagnateur du football national. Un coup dur pour la Fécafoot, qui devrait pouvoir redorer son blason, en tirant le plus grand partie de la qualification des Lions à Brasilia 2014. En attendant de reconquérir les anciens et nouveaux partenaires et sponsors, la Fécafoot doit donner des gages de bonne gouvernance à travers l’utilisation judicieuse de la manne financière versée par la Fifa dans le cadre de la qualification des Lions à la coupe du monde brésilienne.
5-La modernisation du football local
Cette modernisation est attendue à deux niveaux : le corpus juridique et réglementaire encadrant la pratique du football camerounais ; la construction des infrastructures sportives. Dans le premier cas, des problématiques telles que le statut du footballeur camerounais doivent être traitées sans faiblesse. Dans le second cas, il est question de mettre définitivement en exécution la politique de modernisation des infrastructures sportives longtemps définie par les pouvoirs publics. La feuille de route de la direction technique nationale devrait également passer au crible de l’évaluation critique. Au menu : détection et encadrement des jeunes talents ; mise en place des équipes nationales juniors, cadets, minimes et poussins ; compétitivité des différents championnats nationaux ; professionnalisation du football local. Autant de chantiers et bien d’autres à lancer dès à présent, pour se donner une chance de participation honorable à Brasilia 2014 et surtout envisager avec sérénité la Coupe d’Afrique des nations de football de 2015.