L’actuel sélectionneur s’est déclaré non partant, alors que son poste suscite de nombreuses convoitises. Le Guen, Fernandez, Lechantre, Lacombe, Kaham, Nyongha. sont sur les starting-blocks
L’équipe fanion de football du Cameroun, absente des deux dernières Coupes d’Afrique des nations (Can), a toujours la cote auprès des entraîneurs. Plusieurs techniciens ont postulé, suite à l’appel à candidatures lancé par la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), sur instructions du ministre des Sports, du Cameroun pour le choix d’un entraîneur. De sources introduites, jusqu’à hier dans l’après-midi, les candidatures continuaient d’arriver au siège fédéral, via l’adresse électronique créée à cet effet. L’heure limite de dépôt des candidatures était fixée à 14h, temps universel. Les postulants n’avaient que 72h pour déposer leur CV. Un délai assez court, qui a laissé dire à Jean Paul Akono que son successeur était déjà trouvé. Même l’ex-gloire Joseph-Antoine Bell s’est étonnée du timing choisi : «Avant deux rencontres aussi importantes, changer de sélectionneur est surprenant. À moins que cette stratégie ne soit faite pour pousser Akono à accepter le contrat qu’on lui propose.» Joint au téléphone, Jean Paul Akono a exprimé son incompréhension : «J’ai été plutôt surpris, et tout mon staff avec, quand nous avons appris cette nouvelle. Nous ne voyons pas, aujourd’hui, l’opportunité d’une telle démarche du ministre des Sports. Surtout les explications qu’on donne pour justifier cet appel à candidatures. Je ne pense pas qu’aujourd’hui, pour recruter un entraîneur de la sélection du Cameroun, il y ait obligation de faire un appel à candidatures. Cette démarche n’existe même pas dans les textes de la Fécafoot. Plus grave, on fait un appel à candidatures, et on me demande de postuler alors que je suis déjà en poste. Je ne trouve pas cela logique !» Sur son refus de présenter sa candidature, il explique : « Je ne peux pas tomber dans un piège aussi grossier et grotesque. Je suis en poste, je ne vois pas pourquoi je dois postuler là où je suis déjà ou pour ce que les autres veulent.»
Insuffisances
Depuis qu’il a été nommé en septembre dernier, en remplacement de Denis Lavagne, Jean Paul Akono, 62 ans, n’a toujours pas signé de contrat. Et il se pourrait même qu’il n’en signe jamais. Et pour cause, il n’avait pas accepté le salaire qui lui avait été proposé (7 millions de francs pour lui, et 3 millions pour son adjoint Martin Ndtoungou Mpilé), lui qui demandait 15 millions de francs. Les prétentions salariales du technicien camerounais ont visiblement irrité Adoum Garoua, qui a décidé de passer à la vitesse supérieure alors que les Lions indomptables vont disputer, en juin (le 9 au Togo et le 16 en RDC), deux matches comptant pour les qualifications à la Coupe du monde 2014. Pour remplacer Akono, entre autres CV parvenus à Fecafoot, figurent, selon une source proche du dossier, ceux de techniciens locaux tels que Bonaventure Djonkep, Etienne Sockeng, Ngwéha Ikouam, Pierre Njili, Jules Nyongha et Michel Kaham. Les expatriés ne sont pas en reste, à l’instar des Français Luis Fernandez, Paul Le Guen et Pierre Lechantre – les deux derniers déjà familiers du poste -, du Belge Tom Saintfiet et de l’Allemand Volker Finke. Ce dernier aurait les faveurs de l’équipementier des Lions indomptables, Puma, ainsi que de la Fecafoot. Il a d’ailleurs assisté au match Cameroun-Togo du 22 mars dernier à Yaoundé. A la Fécafoot, on ne cache pas que, dans l’optique d’avoir un nouveau patron technique à la tête des Lions, le Team manager Rigobert Song Bahanag a approché Joël Muller et Luis Fernandez. Mais la méconnaissance du continent par ces derniers pourrait constituer un préjudice pour eux. Raymond Domenech, également pressenti, souffrirait des mêmes insuffisances.
Milla-Lechantre
Le Bosnien Faruk Hadzibegic (55 ans), qui a entraîné plusieurs clubs en France (Sochaux, Troyes, Niort, Dijon, Bastia, Arles-Avignon), en Turquie et en Espagne ainsi que la Bosnie-Herzégovine, en 1999, a également fait parvenir son dossier. Le Français Guy Lacombe (57 ans, ex Cannes, Toulouse, Guingamp, Sochaux, Paris-SG, Rennes, Monaco et Al-Wasl Dubaï jusqu’en février dernier) serait lui aussi intéressé, alors que les noms d’Alex Dupont (58 ans), limogé le 17 décembre dernier de l’AC Ajaccio et du Suisse Daniel Jeandupeux (64 ans), qui a entraîné la sélection de son pays, plusieurs formations françaises (Toulouse, Caen, Strasbourg, Le Mans) et helvètes (FC Sion, FC Zurich), sont cités. «Une commission sera chargée de l’analyse des dossiers afin de sélectionner les trois (03) meilleures candidatures en vue de la désignation du titulaire du poste et éventuellement deux (02) au poste d’adjoint », indiquait en début de semaine un communiqué signé du président de la Fécafoot, Iya Mohammed. De tous les noms d’entraîneurs cités plus haut, qui est le favori ? Seul le ministre en charge des Sports le sait. De source digne de foi, une délégation du Minsep se rendra en Europe dans les prochains jours pour conclure les négociations, qu’on dit déjà entamées. Dans un pays comme le Cameroun, où existent plusieurs pôles d’influence et de prise de décisions (présidence de la République, primature, Minsep et Fécafoot) pour le contrôle de la sélection de football, il n’est pas exclu que le remplaçant d’Akono n’ait même pas fait acte de candidature. Pierre Lechantre, vainqueur de la Can 2000 avec le Cameroun, a récemment été aperçu à Yaoundé. Il a indiqué être très intéressé par les Lions indomptables, comme beaucoup d’autres. Sauf qu’il se pose de nombreuses questions. Notamment celle-ci : «Est-ce que Roger Milla sera d’accord pour que je revienne ?» Joint au téléphone, l’ex-goléador, aujourd’hui ambassadeur itinérant, n’a pas manqué de marquer son indignation : «Avant d’impulser son appel à candidatures, le Minsep ne m’a pas consulté. Je ne comprends pas que l’on refuse de donner 15 millions de francs à un Camerounais qui obtient de bons résultats à la tête des Lions. Par ailleurs, le moment n’est pas opportun pour chercher son remplaçant. L’expatrié qui viendra touchera combien ? Certainement plus que ce qu’Akono demande. Tout ça manque de logique ! Quant à Pierre Lechantre, il a finalement compris que je suis un homme incontournable dans mon
pays.»
