Les crises permanentes des produits de base comme le pain, le riz, le sucre voire l’eau et l’énergie caractérisent toutes les violations des droits fondamentaux du consommateur
Célébration dans la discrétion
C’est carrément dans la discrétion que s’est célébrée la journée mondiale des consommateurs ce lundi 15 mars 2010 au Cameroun. Dans ce pays, la consommation est très marquée par le niveau de vie, mais aussi le degré d’instruction. De nombreuses personnes l’ignorent, mais elles font partie du vaste réseau des consommateurs, grâce à qui une économie tourne et des entreprises prospèrent. Dans sa déclaration du 15 mars 1962 devant le congrès américain, le président John Fitzgerald Kennedy alors président disait des consommateurs. Ils sont le groupe économique le plus important qui touche et est touché par presque toutes les décisions publiques et privées d’ordre économique. Pourtant, ils sont le seul groupe important… dont les avis ne sont souvent pas entendus. Cela était vrai à cette époque de l’histoire américaine, mais est encore plus vraie dans le contexte actuel du Cameroun.
Aucun droit fondamental du consommateur n’est pas respecté
Les consommateurs font encore face à de nombreux problèmes et parfois dans une passivité particulière. Aucun droit fondamental qui leur est dû n’est respecté. La sécurité des produits consommés n’est pas toujours garantie. Aucune étude objective n’est encore venue prouver l’impact négatif d’un produit sur une masse de personnes. Des observateurs eux partent d’un constat factuel. Regardez aujourd’hui, un monsieur ou une dame atteint 50 ans il meurt, on nous dit que c’est la pauvreté, mais c’est en réalité les choses que nous mangeons tous les jours. Nos parents n’étaient pas riches, mais ils vivaient vieux affirme un d’eux. Le droit à l’information lui aussi est violé. La culture de la lecture de la notice n’est pas développée, le gros de la population ne sait ou ne peut pas toujours lire les informations, ce qui met beaucoup de consommateurs camerounais en insécurité. D’un autre côté, le consommateur sur beaucoup de produit ou de service n’a pas de choix. De nombreux exemples peuvent être cités, chemin de fer, eau, énergie, sucre sont autant de biens et services fournis en quasi-monopole. Enfin les consommateurs ne peuvent pas se plaindre. Devant la justice les coûts et la lenteur d’un service pourtant dû constitue une barrière.
Rapport qualité prix défavorable
Ces dernières années au Cameroun, le combat le plus urgent des consommateurs est celui des prix des biens et services. Ils sont en constante hausse, sauf pour les prix de téléphonie. Et la qualité du bien ou du service elle est en baisse. Pourtant tout le monde semble résigné. Dans les transports en commun, difficile de s’assurer que l’agence a toutes les assurances requises pour l’exercice de l’activité. Lorsque survient des accidents, les familles sont sinistrées moralement et financièrement. La femme qui fait les beignets aux haricots dans un coin de quartier lave ses plats dans une même bassine durant des heures. Interrogée sur ce fait sa réponse est spéciale. On va faire comment mon frère, il n’y a pas d’eau. A la Camerounaise des eaux, société ayant le monopole de la distribution d’eau, les factures continuent de parvenir aux usagers. Lorsqu’on laisse les robinets ouverts, la pression fait tourner le compteur et nous on facture cela, les gens doivent fermer les robinets nous affirme un agent de cette compagnie. Et lorsqu’on l’interroge sur le manque d’eau, il évoque les changements climatiques et ses conséquences comme l’assèchement des fleuves. Pourtant le Cameroun utilise à peine 1% de ses capacités hydrographiques. Plusieurs exemples de la sorte peuvent être cités.
Et les associations de défense des droits des consommateurs
De nombreuses associations de défense des droits des consommateurs existent. Elles sont généralement soit mal comprises, soit inefficaces. Très récemment leur rôle a été critiqué par l’opinion publique, en raison de la hausse constante des prix sur le marché camerounais. Au lieu de défendre notre cause, ils cherchent leur part du gâteau affirme Eric B un jeune fonctionnaire, qui s’empresse d’acheter un hamburger dans une boulangerie du quartier, sans s’informer sur la date limite de consommation. C’est à ce niveau que rebondissent les associations de défense des droits des consommateurs. Pour Delors Magellan Kamgaing de la Ligue des consommateurs camerounais, le tort revient en partie aux consommateurs eux mêmes. Les associations de défense des droits des consommateurs ont à c ur les problèmes de ceux-ci. Le souci que nous avons dans l’exercice de nos activités est que nous n’avons pas assez de moyens financiers pour mettre sur pied des actions d’envergure. Tenez par exemple; nous avons mis sur pied un système d’alerte Sms à la Ligue que nous utilisons à chaque fois que le besoin se fait ressentir. Seulement, avant que les consommateurs ne nous lancent des pierres, ils doivent également reconnaître qu’eux-mêmes ne font pas d’efforts pour défendre leurs droits.