Le document qui s’appuie sur des missions accomplies en 2011, a mis en évidence un ensemble de faits constitutifs selon ses auteurs, de corruption et détournements
La commission nationale anticorruption (CONAC) a débuté jeudi 1er novembre 2012 des travaux en vue d’évaluer le rapport sur sa dernière campagne menée avec certains acteurs de la société civile. L’éducation apparait selon le rapport comme étant le secteur ayant connu le plus de malversations. Une trentaine de chantiers sont en difficulté, en raison de pratiques présumées de corruption. Touboro (Nord) attend ainsi toujours son centre de formation professionnelle agropastoral malgré le déblocage des fonds il y a quatre ans. Kribi, elle attend encore les travaux de construction de l’hôtel d’application au sein de son lycée technique et où les travaux sont à l’arrêt. A Meyomessala (Sud), c’est le centre d’animation des jeunes qui est abandonné depuis de nombreuses années. D’autres malversations ont été mises en évidence dans le domaine de la santé publique. A un cadre des services du gouverneur du Littoral, on fait le reproche d’avoir détourné les fonds publics affectés aux soins des malades. A Douala, à l’hôpital Laquintinie, la mission a relevé des pénuries organisées de médicaments, et dans un district de situé au quartier New-Bell, les services gratuits sont rendus contre rémunération. Le rapport fait aussi savoir que des fonds destinés aux routes de l’arrière-pays ont aussi été détournés à d’autres fins. Le rapport fait savoir que de nombreux travaux ont été soit abandonnés, soit mal effectués ou encore pas du tout effectués. Selon le rapport, les pratiques de détournement sont organisées à travers des mécanismes d’alourdissement des procédures.
Avec ce deuxième rapport qui fait le point sur une année d’activité, la Conac, le récent instrument public de lutte contre les détournements de fonds, veut renforcer l’image qu’elle se donne d’elle-même, une preuve de la volonté politique d’éradiquer le fléau de corruption et assainir l’environnement des activités au Cameroun. Les observateurs avertis ne se laissent pourtant pas tromper. L’an dernier, le rapport de cet organe avait épinglé la manière dont les fonds destinés à la construction de routes étaient gérés. Le ministre en poste à l’époque avait tourné en dérision les méthodes de la CONAC. Il a été évincé du gouvernement, mais officiellement rien ne lui est reproché. Le gouvernement au contraire a inauguré en grande pompe, la route querellée (Ayos-Bonis) et indiqué que les travaux avaient été réalisés en générant des économies sur les fonds initiaux affectés au projet. Au sein de l’opinion publique on s’interroge de ce qui est advenu des incriminations soulevés par le rapport de 2011. « Rien n’a été fait, et on apprend qu’entre temps de nouvelles personnes ont encore détourné des fonds, c’est une perte de temps et d’argent pour le contribuable. Le problème de la corruption, on sait à quel niveau il se trouve tout le reste, les ANIF, CONAC et autres organisations ne sont pas un début de solution dans leurs structurations actuelles » fait savoir Bertrand Ounedji un expert en économie et gouvernance aujourd’hui à la retraite.