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M. Richard Bona, pouvez-vous vous taire, s’il vous plaît ?

Par Marco Mbella, artiste musicien De tous temps, la quête effrénée d'une popularité plus accrue a souvent amené certains artistes…

Par Marco Mbella, artiste musicien

De tous temps, la quête effrénée d’une popularité plus accrue a souvent amené certains artistes à critiquer les gouvernants au point de se prendre pour des hommes politiques, des donneurs de leçons ou des leaders d’opinion.

Les artistes musiciens n’échappent pas à cette règle. La musique étant un moyen d’expression sociale, il est normal que les artistes musiciens développent à travers les textes de leurs uvres des thèmes qui conscientisent les populations ou alors qui dénoncent les tares de la société, et particulièrement les critiques à l’encontre des gouvernants. Ce serait compréhensible. Mais de là à quitter le terrain artistique pour devenir politicien « de petite semaine » (pour reprendre l’expression du Ministre Tchiroma), les fans se demanderaient si leur adoucisseur de m urs aurait changé de casquette. Auquel cas, il serait plus simple qu’il le dise d’abord à ses fans par respect pour eux, puisqu’il n’est pas interdit à un artiste musicien de faire également de la politique.

Ces derniers temps, un citoyen américain du nom de Richard Bona, auteur-compositeur de musique à succès, talentueux bassiste, peut-être constatant que son succès d’antan s’est quelque peu effrité ces derniers temps au Cameroun à cause de l’émergence de nombreux jeunes talents, aurait trouvé un moyen de se refaire une petite santé de popularité en s’attaquant aux institutions d’un pays qui n’est pas le sien : le Cameroun. La question que l’on aurait tout de suite envie de lui poser est celle de savoir de quoi il se mêle, lui le citoyen « américain ». Il ferait d’abord mieux de chercher à se faire de la popularité dans son pays, les Etats-Unis, en cherchant à se faire connaître ne serait-ce que par 1 % seulement des américains.

Nous avons toujours su que ce citoyen américain aime le Cameroun parce qu’il a toujours lui-même fait la promotion de notre pays d’abord en chantant en Douala dans ses créations musicales et ensuite en se faisant présenter lors de ses spectacles à travers le monde comme un « Camerounais ».

Voilà pourquoi, en reconnaissance de cela, le Président de la République du Cameroun qu’il dénigre tant aujourd’hui à travers les réseaux sociaux lui a fait honneur en lui décernant une médaille qui aurait pu lui être épinglée sur le vêtement par le ministre Mouelle Kombi en même temps que les Ben Decca et Othéo s’il n’avait pas lui-même décliné l’offre. Ce qui était le tout premier affront envers les institutions républicaines. M. Bona sait-il que la reconnaissance du Cameroun à son endroit à travers cette décoration du président de la République est un privilège que plusieurs Camerounais plus valeureux que lui n’ont jamais eu ? A part chanter en Douala et se présenter partout comme « Camerounais » (je ne sais pas s’il faut appeler cela usurpation de nationalité), qu’a-t-il fait d’autre pour ce pays ?

Nous connaissons plusieurs Camerounais d’origine qui, malgré qu’ils aient fait le choix de prendre une autre nationalité, ont montré leur amour et leur attachement au Cameroun en investissant dans ce pays et en s’y installant même. M. Bona n’a même pas une case au Cameroun. De quel droit se permet-il donc de ternir l’image de notre cher et beau pays, le Cameroun ? De donner des avis sur les affaires sociales qui font l’actualité au Cameroun sans chercher à savoir ce qui s’est réellement passé ? De quel droit se permet-il de critiquer le Président de la République du Cameroun ? De donner des avis sur les appels à candidature ? De dénigrer les artistes musiciens camerounais ? De dénigrer Charly Nelle simplement parce qu’il était à la tête du collectif des artistes résidant dans le Littoral et qui ont signé l’appel à candidature pour le Président Biya ?

M. Bona ne se rappelle plus qu’à ses débuts, quand il venait enregistrer des maquettes chez moi, il était fan de Charly Nelle dont il interprétait les chansons en se faisant même appeler « Charly Nelle »? M. Bona pensait que le simple fait d’être invité au Cameroun par les pouvoirs publics pour une décoration était suffisant pour qu’on viole les lois du pays en le laissant entrer au Cameroun sans visa camerounais dans son passeport américain. Voilà d’où vient sa colère contre notre pays. Nul n’est au-dessus des lois, cher Monsieur !

M. Bona ne connaît apparemment pas le sacro-saint principe de respect de la pensée d’autrui : ceux des artistes qui choisissent de s’aligner derrière le Président Biya, tout comme ceux qui choisissent de ne pas le faire ne sont-ils pas libres de leur choix ? Pourquoi Bona veut-il leur imposer sa pensée ? Là où ce monsieur a franchi le Rubicon et qui est inacceptable, c’est le fait de dire que « le Président Biya est pire que Boko Haram ». Lui qui se trouve installé dans son confort douillet new-yorkais loin des familles camerounaises qui sont endeuillées tous les jours du fait de Boko Haram connaît-il ce groupe terroriste dont les membres violent et tuent sauvagement ?

Comment une personne sensée peut-elle dire une chose pareille au moment où (fait inédit) tous les Camerounais se sont affranchis des clivages politiques, ethniques et religieux pour faire bloc derrière le Président Biya dans la guerre victorieuse qu’il mène contre Boko Haram ? Avant de comparer Boko Haram à qui ce soit, cet homme qui veut se positionner comme leader d’opinion ou peut-être politicien au Cameroun a-t-il pensé un jour marquer son indignation face aux atrocités de Boko Haram, marquer son soutien à nos valeureux soldats qui sont au front et sacrifient leurs vies pour assurer notre protection ? A-t-il envoyé un mot de réconfort aux nombreuses familles qui perdent des êtres chers tous les jours par les actions terroristes de Boko Haram ?

M. Bona fait preuve d’un aveuglement révoltant en ne faisant pas tout cela pour ne penser qu’aux comparaisons insensées qui constituent une insulte grave à la mémoire des milliers de nos compatriotes (soldats et civils) que nous avons perdus dans cette guerre. Nous aimons Richard Bona parce qu’il est bon chanteur, parce qu’il est un virtuose de la guitare basse, sans pour autant être le meilleur bassiste, si on venait à le classer dans cette discipline parmi les Camerounais. Mais qu’il sache que nous autres qui n’avons pas renié notre pays en allant quémander une nationalité ailleurs n’avons pas besoin de ses opinions en ce qui concerne la marche de notre cher Cameroun. On se serait attendu qu’il donne ces avis sur les appels à candidature en faveur de Donald Trump ou de Hilary Clinton, puisque nous sommes informés que dans ce pays réputé démocrate il y a en ce moment des appels à candidature en faveur de l’un et de l’autre.

Manu Dibango, la plus illustre des icônes de la musique camerounaise, même après avoir subi d’injustes frustrations et fait l’objet d’insultes les plus ignobles dans la gestion du droit d’auteur au Cameroun, n’a jamais renié son pays pour aller à la conquête d’une autre nationalité. Dieu seul sait combien de propositions il a reçu dans ce sens. Il les a toutes déclinées pour rester camerounais. Le Grand Manu, qui a eu à former plusieurs artistes camerounais qu’il recrutait dans son orchestre (contrairement à Bona qui évolue en solitaire et n’a jamais formé personne), n’a jamais outragé les institutions de son pays. Il faut que le « jeune » Bona s’inspire de Manu Dibango s’il rêve d’avoir une belle carrière musicale comme lui, car il a encore beaucoup de chemin à faire.

Cher M. Bona (qui signifie en langue Duala « lignée » ou « groupement »), il faut créer votre propre lignée ou groupement aux Etats-Unis. Nous autres n’avons jamais sollicité naître dans un pays où on joue au billard, mais sommes fiers d’être nés dans celui où on joue au songo. Nous n’avons jamais sollicité naître dans un pays où on mange du « Big Mac », mais sommes fiers d’être nés dans celui où on mange le taro ou le ndolè. Nous n’avons jamais sollicité naître dans un pays où on joue du « Jazz », mais sommes fiers d’être nés dans celui où on joue le « mindjang ». Bravo à toi, Dynastie le Tigre, valeureux jeune artiste camerounais que je viens de paraphraser et qui n’a pas besoin de s’attaquer aux institutions républicaines pour augmenter sa cote de popularité. Ses beaux textes dans ses chansons sont largement suffisants pour cela.

Marco Mbella.
Journalducameroun.com)/n

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