En quelques mois, il est devenu l’un de ceux qui comptent au rayon de l’humour au Cameroun.
Au pays de Jan Miché Kankan, l’humour, à défaut d’avoir une place de choix, a son public. Un public qui commençait à s’ennuyer avec le virage d’Oncle Otsama au cinéma et surtout le décès d’Essindji Mindja en 2005. Mais avec la montée en puissance de jeunes pousses comme Major Asse l’avenir semble être assuré. Car au fil des années qui passent, ce jeune a fini par se faire un nom d’artiste dans l’opinion à Yaoundé et peut-être même dans le pays. Aujourd’hui, il fait du théâtre à plein temps. Quand il n’écrit pas, il communique sa passion aux gamins des écoles de la capitale, ou effectue des voyages à l’étranger pour des résidences et des ateliers d’écriture. Pour quelqu’un qui avoue n’avoir pas choisi l’humour comme métier, c’est plutôt étonnant. Surtout qu’il n’a que 25 ans. «Je pense que j’ai toujours été dans ce milieu. Mes premières expériences remontent à l’époque du Cm2 lors des soirées de la jeunesse du 11 février». De cette époque là, il se rappelle que c’est sous la proposition de son maître qu’il s’était décidé à monter sur les planches pour incarner un rôle qu’il a oublié depuis, tant il en a joué d’autres. A cette époque là aussi, il est un mordu de la lecture, grâce à son père. «Il avait une amie française qui m’a offert un important lot d’ouvrages dramatiques et poétiques».
Jeune papa sanguin
Aujourd’hui, il dégage l’impression d’un humoriste qui commence à s’assagir, quoique certains lui reprochent son caractère nerveux, sanguin même. Ceux- là oublient sans doute que pour lui, «la première joie qu’on ressent quand on vient à l’humour c’est le plaisir de voir ses sanglots se transformer en éclats de rire jaune. On traverse la vie en riant jaune de «la race de fous» que sont les «mortels» comme le disait Parmende. » Non sans régler quelques comptes au passage: « j’observe qu’il règne dans mon pays une confusion totale entre l’humour, l’imitation (au sens du perroquet) et la bouffonnerie qui pourrait s’assimiler à une idiotie due à l’ignorance des règles élémentaires de l’art» ! Des critiques estiment aussi qu’il doit poursuivre son apprentissage car il a un talent certain. Ce que le jeune papa encaisse avec philosophie, lui qui, du temps où il était au lycée, eût l’honneur de diriger la troupe «Les vérandas» de l’association La Ronde des poètes de Jean-Claude Awono, l’un de ses mentors. Lui qui a effectué nombre de résidences d’écritures aussi bien dans son pays qu’à l’étranger. Lui qui tient son inspiration «des choses qui nous entourent, de la réalité quotidienne car mon souhait est de transformer le vice en bien».

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Les enfants en ligne de mire
Mais, par-dessus tout, il n’oublie pas de faire savoir que «les potes ne me Croyaient pas quand je leur parlais du théâtre; ils me prenaient pour un fou, surtout quand je me mettais à déclamer les poèmes.» C’est pourquoi il pense que l’administration doit s’impliquer davantage, car «il s’y trouve des talents qui sont latents et ne demandent qu’à éclore. Sans oublier que son appui peut aider à décomplexer plus d’un!»
Pour la suite de sa carrière, il invoque son association créée il y a deux ans. «Parrain des Enfants du Cameroun (PEC) » a en effet pour principales missions «d’enseigner et de pratiquer le théâtre avec les enfants dans les écoles, les communautés villageoises, partout où le manque nous interpelle. C’est en transmettant aux enfants d’aujourd’hui les germes de la créativité artistique, le bienfait de la critique objective, l’esprit du débat contradictoire que demain l’Afrique s’inscrira au panthéon des continents à démocratie réelle». Grande ambition pour un artiste qui a encore beaucoup à donner à l’art et. aux enfants qui meurent de rire seulement à le voir.

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