Le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire a remis en question les discours panafricanistes et le soutien à Laurent Gbagbo.
Certains médias et hommes politiques camerounais lui avaient promis une douche froide à l’ouverture de la deuxième session ordinaire de l’assemblée nationale du Cameroun ce 11 juin. Guillaume Kigbafori Soro aura plutôt égayé l’hémicycle et reçu de chaudes ovations ce mercredi en matinée lors de la prononciation de son discours. Même si les députés du Social Democratic Front (SDF) – Premier parti politique d’opposition avec 18 parlementaires sur les 180 de la Chambre – sont sortis de l’hémicycle, le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire a pris la chose positivement indiquant que cela reflétait le dynamisme de la démocratie camerounaise.
Pendant près d’une demi-heure au Palais de verre de Ngoa-Ekelle, Guillaume Soro a évoqué de nombreux points y compris les questions polémiques. D’emblée, le PAN ivoirien a tenu à remercier Cavaye Yeguie Djibril, le président de la chambre basse du parlement camerounais, pour l’invitation accordée afin d’effectuer quatre jours de visite au Cameroun (du 10 au 14 juin 2014) et son rôle de doyen des présidents. « Je me suis laissé dire, au lendemain de mon élection à la tête du Parlement ivoirien, que j’intégrais le club très ouvert des présidents d’Assemblées nationales d’Afrique conduit par le doyen des doyens, le Très honorable Cavaye, qui aujourd’hui totalise plus de 44 ans de présence à l’Hémicycle de la République du Cameroun. Dès lors, vous pouvez donc comprendre mon bonheur d’être venu m’abreuver à la source de cette Sommité, moi le benjamin qui ne revendique pas encore 44 ans d’âge », a déclaré Guillaume Soro.
Panafricanisme
Dans la foulée, il a présenté un beau tableau du Cameroun, de son président et de ses lions indomptables du football à « l’épopée glorieuse ». Pour Guillaume Soro, le désir de paix et d’unité que manifeste les Camerounais est semblable à celui qu’il a connu quand il était encore jeune, le même qui pensait-il alors, habitait les Ivoiriens. « Imaginez donc ma stupéfaction, quand je m’aperçus peu à peu qu’il y avait désormais en Côte d’Ivoire, des Ivoiriens à part entière et des Ivoiriens entièrement à part. Je me suis rebellé contre l’Ivoirité qui caractérisait les Ivoiriens », a-t-il indiqué pour justifier son engagement à un moment donné de sa vie dans la rébellion.
Guillaume Soro s’en est alors pris à certains discours panafricanistes et aux partisans de Laurent Gbagbo, l’ancien président de Côte d’Ivoire enfermé à la Cour pénale internationale (CPI) de la Haye aux Pays-Bas. «Si le Président Gbagbo avait cédé le pouvoir pacifiquement comme cela a été le cas du Président Wade au Sénégal ou du Président Rupiah Banda en Zambie, il n’y aurait pas eu toute cette tragédie postélectorale. Et Laurent Gbagbo ne serait pas aujourd’hui devant cette Cour Pénale Internationale à laquelle il n’a jamais été opposé quand il était encore au pouvoir », a expliqué le PAN ivoirien.
Revenant au Cameroun, Guillaume Soro a proposé à Cavaye Yeguie Djibril d’initier un débat sur la lutte contre le terrorisme dans un cadre interparlementaire, ainsi que d’autres initiatives qui seront soutenues par la Côte d’Ivoire. « Nous qui avons connu les affres de l’insécurité ne pouvons que comprendre l’intensité de la situation géopolitique du Cameroun aujourd’hui », a-t-il confié.