La junte au pouvoir a annoncé vouloir remettre les choses en ordre, pressée qu’elle était entre la rébellion, la communauté internationale et une partie de la population
L’ordre constitutionnel sera rétabli
La junte malienne, affaiblie par une offensive-éclair des rebelles Touaregs dans le nord du pays, a rétabli dimanche 1er avril la Constitution et a promis de remettre à terme le pouvoir aux civils. Nous prenons l’engagement solennel de rétablir à compter de ce jour la Constitution de la République du Mali du 25 février 1992, ainsi que les institutions républicaines, a annoncé le chef des officiers putschistes du 22 mars, le capitaine Amadou Sanogo, à des journalistes selon des informations rapportés par de nombreux médias. Amadou Sanogo a ajouté que la junte avait accepté de consulter les forces politiques locales pour mettre en place un organisme de transition afin d’organiser des élections pacifiques, libres, ouvertes et démocratiques auxquelles ses hommes ne participerons pas. En marge de la cérémonie d’investiture du nouveau président sénégalais Macky Sall, les dirigeants ouest-africains devraient se retrouver à Dakar ce lundi 02 avril et discuter de la situation au Mali. Si, à Bamako, les auteurs du putsch ont bénéficié tout d’abord du soutien de nombreux Maliens lassés par la présidence d’Amadou Toumani Touré, les derniers revers militaires en date et l’ampleur de la condamnation du coup d’État à l’étranger ont nettement fragilisé leur position.
Mais la menace venant du nord persiste
Profitant de la confusion consécutive au putsch, les rebelles Touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ont poursuivi leur offensive-éclair dans le nord du pays. Après avoir conquis le centre administratif de Kidal, puis la ville-garnison de Gao samedi 31 mars, les séparatistes sont entrés dimanche 1er avril dans Tombouctou, où ils ont hissé leur drapeau. Samedi, l’armée malienne a dit qu’elle avait abandonné ses bases militaires aux environs de Gao. Pour de nombreux analystes, le Mali est la première victime collatérale du conflit libyen de 2011. Il est aujourd’hui admis que des mercenaires maliens puissamment armés qui s’étaient battus pour le numéro un Muammar Kadhafi, renversé et tué l’an dernier, sont venus gonfler les rangs du MNLA. Les séparatistes, ainsi que l’affirme Bamako, bénéficient également de l’appui de groupes armés liés de manière plus ou moins étroite à al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et qui prospèrent dans la «zone grise» de l’Afrique subsaharienne. Aujourd’hui tous les États voisins du Mali, notamment le Niger et la Côte d’Ivoire, redoutent un effet de contagion des événements de Bamako. Les putschistes maliens affirment avoir renversé le président Amadou Toumani Touré en raison de son laxisme et de son incapacité à lutter contre les «hommes bleus», qui ont repris les armes à la mi-janvier dans le désert du Nord. La CEDEAO prend la chose très au sérieux, mais ne semble pas se donner les moyens de faire face. Une force de 2000 hommes a été annoncée, sans que l’on ne sache exactement contre qui elle va servir. Contre les rebelles ou contre la junte? Le ministère français des Affaires étrangères a conseillé lundi 2 avril dans la matinée, à ses ressortissants de quitter le Mali. Quelques 5000 Français y vivent.
