Marché de l’emploi: Encore de grandes disparités homme-femme en Afrique

Ces conclusions sont le fruit d'une étude menée par la banque mondiale dans plusieurs pays du continent, dont le Cameroun…

Ces conclusions sont le fruit d’une étude menée par la banque mondiale dans plusieurs pays du continent, dont le Cameroun

Des écarts encore trop importants entre hommes et femmes
Les inégalités entre les sexes demeurent une préoccupation sur le marché du travail en Afrique, même si l’on note des variations d’un pays à l’autre. C’est la conclusion d’un nouvel ouvrage publié par la Banque mondiale intitulé Gender Disparities in Africa’s Labor Market (Disparités entre les sexes sur le marché du travail en Afrique). Selon l’ouvrage, il existe globalement un écart de 17 points de pourcentage entre le taux de participation à la population active des hommes et celui des femmes, situés à 78,3% et 61 % respectivement. Le livre analyse des données issues d’enquêtes menées auprès des ménages et collectées au début des années 2000 dans 18 pays africains. Ces données tiennent compte de la dimension genre dans la répartition de l’emploi, du chômage, de l’écart salarial, ainsi que l’impact éventuel du niveau d’instruction des individus concernés. Des données qui dans le contexte camerounais, sont confirmés par le dernier recensement général des entreprises (RGE)

Les entreprises recensées lors du RGE emploient 386 263 travailleurs permanents dont 281 972 hommes (73%) et 104 291 femmes (27%).
Recensement général des entreprises, Cameroun

Ainsi les taux de participation des femmes au marché du travail varient de moins de 40 % en Ethiopie, au Kenya, au Malawi et en Ouganda, à 80 % et plus au Burkina Faso, au Burundi, en Gambie, au Ghana, en Guinée et en Sierra Leone. Pour l’Afrique subsaharienne dans son ensemble, le ratio emploi-population des femmes pendant la période couverte par l’étude était selon l’ouvrage, inférieur de 25 % à celui des hommes, soit respectivement 53% et 70 %. Les données indiquent également que dans un certain nombre de pays africains, les femmes ont presque deux fois plus de chances que les hommes de se retrouver dans le secteur informel, et environ deux fois moins de chances d’obtenir un emploi formel que ce soit dans le secteur public ou privé. Bien qu’élevé, l’écart salarial entre les hommes et les femmes varie grandement d’un pays à l’autre.

La discrimination n’en est pas la seule cause
L’étude est arrivée aux conclusions selon lesquelles les disparités entre hommes et femmes sont particulièrement importantes en Afrique dans le secteur de l’emploi. Dans nombre de ces pays, les femmes ont moins de chances d’obtenir des emplois rémunérés. Un nombre disproportionné d’entre elles se retrouve dans des emplois informels et précaires, et elles sont moins bien payées. Même après avoir pris en compte les facteurs qui expliquent habituellement les revenus générés sur le marché de l’emploi, notamment le capital humain (niveau d’études, formation et expérience), il reste un écart de salaire entre les hommes et les femmes. Si cette composante inexpliquée est souvent interprétée comme la discrimination à l’égard des femmes sur le marché de l’emploi, d’autres facteurs apportent des explications à la situation.

Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte et ont tendance à interagir en se renforçant mutuellement. Les différences sur les plans de l’éducation et d’autres variables du capital humain, combinées aux normes socioculturelles et à l’absence de pouvoir des femmes dans les ménages, semblent selon l’étude, être des facteurs importants qui conduisent à la détérioration des résultats des femmes sur les marchés africains de l’emploi. Jusqu’ici cependant, il existe peu d’éléments en Afrique qui puissent permettre d’indexer la discrimination comme cause des disparités entre les sexes dans les pays pauvres, en particulier ceux dont le marché du travail est étroit et ne peut offrir des emplois formels qu’à une petite partie de la population. Sur la question des disparités cependant, l’inégalité d’accès à l’éducation semble une des causes fondamentales identifiées. Dans cette logique, la banque mondiale pense que les pays africains devraient aussi s’engager à garantir l’égalité entre les sexes à tous les niveaux d’éducation et à augmenter d’une manière générale le niveau d’instruction de la population.


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