Marraine du dernier festival gay et lesbien de Belgique, la camerounaise marque son implication pour un lesbianisme libre en Afrique
Ni militante, ni partisane
Pour Marthe Alphonsine Djilo Kamga, les lesbiennes à coup sûr manquent de visibilité sur le continent Africain. En travaillant dans la prévention des Infections Sexuellement Transmissibles (IST) et auprès de personnes migrantes atteintes du VIH, elle s’est rendue compte de ce manque de visibilité. «Les réseaux homosexuels n’accordent que peu de place aux femmes. Et dans le paysage médiatique, en Afrique et au Cameroun en particulier, on prend pour acquis que l’homosexualité est masculine. Or, les femmes sont là, elles existent.» difficile d’exister dans un pays où l’homosexualité est non seulement pas reconnue, mais aussi punie par la loi (jusqu’à cinq ans de prison ferme), objet de violences et de chantages. Sa participation en qualité de marraine lors du dernier festival gay et lesbien de Belgique, lui a permis de renforcer son action une fois encore.
S’unir pour l’homosexualité féminine en Afrique
La camerounaise s’est rendue célèbre par la publication d’un livre sur l’homosexualité féminine en Afrique. Le Titre, «Quand les femmes aiment d’autres femmes: regard sur les homosexualités féminines au Cameroun». L’auteur pourtant se définit comme «ni militante, ni chercheuse». Ses motivations premières, parler et faire parler des femmes homosexuelles, tout simplement. La solidarité internationale, thème du festival cette année est l’une de ses priorités, avec l’accompagnement de demandeurs d’asile et la mise en lumière d’un quotidien difficile en Afrique. «Je suis avant tout une femme, noire, portée à la fois par des valeurs culturelles africaines et occidentales.» a-t-elle affirmé lors du festival. En donnant la parole aux femmes, Marthe Djilo Kamga dit plaider contre les injustices réservées à l’homosexuel (le)s en Afrique et uvre pour changer les mentalités, au Sud comme au Nord.
Une pratique toujours stigmatisée au Cameroun
La Camerounaise reste consciente du fait que le combat mené par elle et qui a tout son sens en Europe, n’aurait jamais été possible en terre camerounaise. La société et les religions surtout, y stigmatisent cette pratique jusqu’à ses plus petites limites. Au mois de juillet dernier un mouvement mené par le cardinal Christian Tumi, alors archevêque de Douala, s’est énergiquement opposé à la ratification par le parlement camerounais du protocole de Maputo sur les droit des femmes en Afrique, accusant une de ses dispositions de favoriser les pratiques homosexuelles. Une campagne d’information a été nécessaire pour séparer le vrai du faux. Parler de l’homosexualité féminine en Afrique reste donc une chose délicate. La force du soutien manifesté à Marthe Djilo Kamga par l’association féministe éditrice, qui s’est aventurée sur un terrain qu’elle a délaissé ces dernières années (celui du lesbianisme) est de laisser parler une femme africaine, sans lui imposer de rentrer, ni dans la forme ni dans le fond dans le cadre habituel du féminisme occidental.
