Climatologue, Professeur titulaire des universités, il présente les enjeux du Master professionnel en «changements climatiques, biodiversité et économie verte» de l’université de Dschang
Quels sont les objectifs du Master professionnel en Changements climatiques, biodiversité et économie verte ?
Il est question de former des experts dans ces domaines pour le Cameroun et l’ensemble de l’Afrique centrale. Cet objectif a été défini par les ministres de l’environnement et de l’économie de la sous-région, lors de la conférence qui a eu lieu à Brazzaville en avril 2010. Ces membres de différents gouvernements, à la conférence de Copenhague sur les changements climatiques et le développement durable en 2009, avaient constaté qu’ils ne disposaient pas d’outils et d’experts scientifiques pour discuter avec leurs homologues venant des autres parties du monde. C’est pour cette raison qu’ils ont recommandé qu’ils se créent des formations dédiées aux changements climatiques en Afrique centrale. Comme je suis un des experts en la matière en Afrique centrale, et comme je suis le vice-président de ce groupe d’experts, il m’a été demandé de voir comment je peux développer cette formation au Cameroun. D’où, j’ai créé ce parcours académique au département de Géographie -Aménagement-Environnement de l’université de Dschang. Pour le moment, il ne reçoit que les étudiants camerounais. Dès l’année prochaine, il s’ouvrira à ceux venant des autres pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC).
Qu’est-ce qu’il faudrait entendre par «économie verte»?
L’économie verte s’oppose à l’économie grise, laquelle produit beaucoup de gaz à effet de serre, c’est-à-dire beaucoup de pollution. L’économie verte est donc celle-là qui produit moins de pollution et qui va dans le sens de la réduction des changements climatiques. C’est une composante du développement durable, parce qu’au-delà de la réduction de cette pollution, on voit la conservation et la gestion durable des écosystèmes. Tout cela débouche sur la qualité de la vie : l’eau qu’on consomme, la nourriture qu’on mange, l’air qu’on respire. Finalement, cette économie induit des chaines de valeurs.
À la fin de leur formation, où devront se diriger les lauréats pour avoir du travail?
Notre objectif n’est pas de former des étudiants pour qu’ils aillent chercher du travail. Ils travaillent en se formant et à la fin, ils pourront s’auto-employer. Je tiens à préciser que, par rapport à ce Master, on a soumis avec succès un projet d’une trentaine de millions de F CFA à l’Institut français pour la recherche, précisément Géophore. Les apprenants passent, grâce à ce projet, beaucoup de temps sur le terrain. Quand ils auront achevé leur formation, ils pourront donc, soit s’installer à leur compte en créant des cabinets d’études, soit appuyer les gouvernements ou des organisations de la société civile et d’autres structures privées dans les négociations sur les changements climatiques. S’agissant précisément de l’économie verte, on voit des gisements de métiers dans des secteurs comme : les énergies renouvelables, le traitement des déchets, le traitement des eaux usées, tout ce qu’on rejette aujourd’hui qui peut être récupéré pour d’autres usages.
Avez-vous les infrastructures et équipements qu’il faut pour dispenser cette formation?
Nous avons la chance de collaborer avec la commune de Dschang. Celle-ci possède un centre de traitement des déchets et de compostage. Nous déployons les étudiants sur ces sites. En outre, le département de génie rural de la Faculté d’Agronomie et des Sciences agricoles a conçu un bio-digesteur pour la fabrication du biogaz à partir des déchets. Nos étudiants sont appelés à s’y employer. Nous pensons que, quand ils seront suffisamment formés, les gens diront qu’on leur a volé leurs déchets. Ce sont nos villes qui s’en sortiront avec une salubrité largement améliorée et une diminution de la pollution.
