«Il faut se joindre aux médias à travers à ma voix pour soutenir les malades du sida, être avec eux, leur apporter beaucoup d’amour et de soutien et alerter ceux qui ne sont pas malades»
Dans le 2e titre de son album intitulé «Sida», elle parle de ragots, de racontars selon lesquels certains pensent que le VIH serait une question d’adultère. Une manière pour elle d’attirer l’attention des uns et des autres sur le fait qu’il ne faudrait pas que les gens se focalisent seulement sur le sexe comme seul mode de transmission du SIDA. Parce que, dit-elle, là où j’ai vécu, là où j’ai grandi, c’était du genre, quand on dit que tu as le sida, c’est parce que tu es vulgaire, parce que tu as trop de relations sexuelles, parce que tu n’es pas sérieux. Je me suis dis, il ne faut pas accuser, déjà la personne est malade, on ne va pas rajouter toutes ces accusations, ces discriminations. Le mieux, c’est de savoir que le sida peut s’attraper de plusieurs manières. Pas seulement par les relations sexuelles. Pas seulement parce que tu aimes le sexe. Aussi on peut l’attraper par transfusion sanguine, chez le coiffeur. Il y a plusieurs façons de l’attraper. Sur les raisons qui l’ont poussé à composer cette chanson Mc Coco dira, je me suis dis qu’il fallait que je me joigne aux médias pour interpeller le public. Déjà au début je n’y croyais pas. Je négligeais. Je ne croyais pas que ça existait. Mais c’est quand j’ai commencé à perdre des personnes très proches, des personnes que j’aimais beaucoup. Je me suis dis qu’il fallait bien faire quelque chose. Il faut se joindre aux médias à travers ma voix pour essayer de soutenir ceux qui sont malades, être avec eux et leur apporter beaucoup d’amour et de soutien et alerter ceux qui ne sont pas malades. Il y a un mode de protection. Utiliser un préservatif. Essayons tous ensemble de combattre le VIH qui essaye de nous prendre les personnes qu’on aime.
Mc. Coco parle avec d’autant plus de conviction qu’elle connait des personnes qui sont séropositives, et même celles qui sont mortes du sida. Ça s’est passé en Afrique, au Cameroun, chez moi. Quand je dis des personnes que je connais, c’est déjà une très grande amie à moi. Je commence par elle. C’est son médecin qui avait lâché l’information. Le bruit a couru. Je crois qu’elle est très vite décédée parce que tout le monde était au courant. On la pointait du doigt. Donc elle n’avait pas assez de soutien. Il y a deux autres aussi que j’ai perdu, qui s’étaient confiés à moi. Vu les moyens qu’on n’avait pas et vu la honte, on se disait que c’était une maladie de la honte, il ne fallait dire à personne. C’était des petites erreurs pareilles qui ont conduit aussi à la mort. Et surtout parce que, en Afrique, dès que quelqu’un est au courant, si jamais j’essaye de dire à quelqu’un, après c’est direct, tu es pointé du doigt, tu n’arrives pas à gérer ça parce que les autres sont au courant. Tu n’arrives pas à sortir, on va dire tiens! C’est elle là. Après on te met dans le cadre, c’est parce que tu es frivole, si tu l’as c’est parce que tu fais le sexe n’importe comment et puis après c’est ça qui te tue. C’est le manque de soutien, le manque d’amour, le manque de confiance envers les autres.
Dans une autre chanson intitulée «parlons du sexe», le 3e titre de son album, Mc Coco a décidé de joindre sa voix à celle des médias parce que dit-elle, si on a plein de soucis, les jeunes ont beaucoup de soucis, des petits pièges concernant le sexe, c’est tout simplement parce qu’ils ne sont pas informés. Chez nous en Afrique, les parents ont du mal à parler du sexe aux enfants. Que ce soit des parents, que ce soit parfois dans les centres d’éducation, lycées et autres. Ils ne prononcent pas la chose par le nom. Ils n’entrent pas dans les détails, ils ne parlent pas de sexe. Donc, les enfants à la maison, le peu qu’ils peuvent savoir, ils font avec. Après, il y a trop de soucis comme les maladies sexuellement transmissibles, comme les grossesses précoces et non-désirées tout simplement parce qu’ils ne sont pas informés. Je demande aux parents, s’ils peuvent lever le tabou et discuter un peu plus avec les enfants, question sexe, parler du sexe, les informer. Etre informé, c’est très important. C’est quand on n’est pas informé qu’on rencontre plus de soucis.
A la question de savoir si Mc Coco était une femme dominatrice, insatiable ou tout simplement une femme qui aime faire l’amour, elle répond «Mc Coco est une femme qui aime faire l’amour». Ne lui demandez pas surtout ses positions préférées, puisqu’elle vous dira «les positions? (rires). Les positions que mon partenaire aime aussi. Les positions se partagent». Elle pense d’ailleurs qu’un homme séropositif devrait toujours avoir toutes ses chances auprès d’une femme, parce qu’un homme séropositif reste un homme, un être humain qui a besoin de bonheur, qui a besoin de vivre, qui a besoin de joie, qui a besoin de faire l’amour. Donc, si je tombe sur un homme séropositif, il suffit qu’on se fasse confiance, qu’on essaye de voir ensemble comment s’y faire. Que tu aies le sida ou pas, tu as le droit d’être heureux, tu as le droit de vivre. Avec Mc Coco tu seras bien tombée parce que moi j’ai beaucoup d’amour à offrir. J’en ai perdu des amis, qui sont morts du sida à cause de cette maladie. Si je peux empêcher d’autres, ça me ferait beaucoup plaisir. Si je peux même prendre dans mes bras l’un deux, ça me ferait aussi plaisir, parce que je lui apporterais quand même aussi l’amour, le soutien et tout ce qu’il faut pour qu’il sache qu’il doit continuer à être heureux.