Maître pouvez vous d’entrée de jeu nous présenter cette affaire qui oppose Marguerite Ngoufack à la société 2SOP & CO ?
Je vous remercie bien d’être venu jusqu’à mon cabinet pour en savoir davantage sur cette affaire. C’est bizarre qu’on en arrive là pour une procédure qui aurait pu suivre son cours si la société 2SOP & Co avait respecté ses engagements. Je me suis retrouvé dans cette procédure parce que mon client m’a dirigé vers cette dame qui était en détresse et qui est manifestement et systématiquement l’objet d’une escroquerie orchestrée par madame Isabelle Silo Same et Compagnie dans le cadre de Star2demain. On lui avait promis de produire son album avec en prime, un contrat de 5 millions de Fcfa, mais rien n’a jamais été respecté dans tout ce qu’ils ont écrit et après plusieurs relances elle a dû envoyer la maquette de son produit entre les mains de ces gens qui jusqu’aujourd’hui n’ont rien fait. J’étais donc dans la triste obligation quand je suis allé sur Paris, de faire une lettre de dénonciation pour le protocole d’accord qu’ils ont convenu. Et j’ai été en même temps surpris de constater que le produit qu’ils ont pris ici chez Marguerite est exploité en France ; donc ils le diffusent, ils en tirent les bénéfices et ils ne croient pas pouvoir rétribuer ses droits à cette pauvre étudiante. J’ai pensé donner le meilleur de moi même pour amener ces gens à s’assagir, malheureusement malgré ma lettre de dénonciation ils n’ont pas réagi. Par mes entrées au ministère de la culture et de la communication, j’ai été informé qu’ils sont entrain de préparer une autre édition. Bon je n’étais pas au Cameroun donc je ne sais pas s’ils sont venus et s’ils ont organisé leur coup. Parce qu’ils vont organiser un autre coup, frapper une personne et repartir. C’est comme cela que les loups fonctionnent dans le monde du show biz. Alors j’ai saisi le ministre de la culture pour lui faire part de ce dérapage et de cette tendance d’escroquerie organisée par ce groupe qui manifestement doit être spécialisé dans l’art. J’ai également informé le recteur de l’université de Dschang, parce qu’ils voulaient organiser des manifestations dans le site de cette université. J’ai déposé une deuxième lettre d’information quand je suis repartie à Paris. La lettre a été envoyée en recommandée à madame Isabelle Silo Same, cela en date du 20 mars 2010. C’était pour leur indiquer que leur démarche me parait peu orthodoxe et que toutes les correspondances qui ont été envoyées sont resté à ce jour sans réponse. J’ai donc dû demander qu’ils prennent toutes les dispositions pour procéder à la réparation du tort causé à Marguerite en payant une somme symbolique de 100 millions de Fcfa. C’est pas grand chose ils en ont les moyens. J’ai demandé également qu’on lui paie ce qui lui revient conformément à l’article 11 du protocole qui les liait, malheureusement ils n’ont pas toujours réagi. Comme ils se croient au dessus de la loi, comme ils se croient très forts parce qu’ils sont en Europe, ils me trouveront sur leur chemin. Parce que si ça commence sur Marguerite demain ce sera un autre et peut être que ça finira sur vous. J’ai le fond du dossier avec moi et tous les éléments complets. J’aurais souhaité que ces personnes me rencontrent ou que l’on soit dans une phase de discussion pour une conciliation éventuelle. Mais je dis encore que tous les dossiers et les éléments que j’ai me semblent pertinents et les revendications de Marguerite me semblent fondées.
Cela fait pratiquement trois ans que Marguerite a remporté ce concours. Pourquoi c’est aujourd’hui que l’affaire est portée en justice ?
En fait les revendications de Marguerite ne datent pas d’aujourd’hui. Elles ont été portées devant un professionnel seulement ces jours-ci parce que Marguerite est une jeune étudiante qui n’a pas de moyens. Cette pauvre fille a fait plusieurs relances et j’ai dans mon fond de dossier certains courriers qui on été envoyé par DHL à ces gens là qui n’ont jamais réagi. Elle m’a fait un point, elle a fait des relances par mails, des revendications et ce qui est curieux est qu’ils ont été très prompts à faire une sommation à Marguerite en l’invitant à passer en studio pour faire je ne sais trop quoi. De 2007 à ce jour elle a fait des relances, hélas elle a compris qu’elle n’avait pas de moyens de se rendre à Paris pour faire des revendications, elle s’est rapproché de nous, nous a confié le dossier. Nous avons donc été à Paris et les autres par mépris pour la justice française comme pour la justice camerounaise n’ont pas réagi. Donc voyez vous ce n’est pas une affaire qui date d’aujourd’hui. Aujourd’hui nous sommes à la phase précontentieuse, autrement dit on se prépare à un contentieux mais avant cela on était dans une phase de revendication conciliable. Il faut bien qu’on puisse utiliser les gros moyens c’est-à-dire la justice. Si la justice ne donne rien on sera bien surpris et on fera des recours jusqu’à ce que cette fille rentre dans ses droits. Nous demandons aussi que ces gens restituent la maquette de cette dame parce qu’ils ont pris la maquette, un produit fini. J’ai eu le privilège d’écouter cela, c’est un très bon produit. Ils l’ont pressé, ils en vivent et cette fille n’a rien. Et quand ils décident de revenir remettre ça, je trouve que c’est un mépris poussé trop loin.
Est ce que votre cliente Marguerite n’a pas faussé quelque part?
Peut être qu’ils sont cotés dans des cercles très compliqués et ils pensent être au dessus de la loi sinon ils auraient au moins réagi. Je pense qu’elles sont des personnes un peu anormales. Il y a un truc qui cloche. Je ne suis pas sûr qu’ils viendront vers vous vous donner des explications par rapport à mes observations, s’ils viennent c’est une bonne chose mais j’ai essayé de les contacter par le téléphone rien ne marche, j’ai envoyé des fax rien ne passe, c’est pour cela que j’ai dû envoyé les courriers en recommandé. Mais ce qui est sûr c’est que ce sont des personnes peu sérieuses, de moralité douteuse.
Comment peut-on partir de 5 millions à 100 millions de Fcfa ?
Vous ne savez pas ce qu’on appelle le préjudice. Il s’agit des intérêts importants, il s’agit des dommages causés à cette dame. Prenons par exemple le cas de feu Michael Jackson, il n’est pas né avec une cuillère en or dans la bouche. C’est le fruit du travail; vous avez bossé et vous devez avoir les fruits de votre travail. Imaginez un album qui est pressé et qui est vendu à 100 millions de consommateurs. Supposons que l’on vende seulement à 10 euros et Dieu seul sait que les albums ne se vendent pas à ce prix en Europe. Vous voyez ce que ça représente en terme de chiffre d’affaire. Elle doit rentrer dans ses droits c’est quand même l’ uvre de son esprit ! Donc 100 millions me semble modeste. Ils ont les moyens de payer ce montant.
Nous avons également eu Marguerite qui nous a fait savoir que l’année d’après, soit en 2008, elle a signé un autre contrat avec la même société et a d’ailleurs participé à l’album collectif de cette année là. Qu’elle est la place de cet autre contrat dans l’affaire? Cela à votre avis ne va pas entacher la procédure?
Ils ont fait un premier contrat qu’ils ont appelé le protocole d’accord qui n’est pas exécuté. Marguerite s’en plaint, fait des relances, mais rien. Quand un opérateur économique de la place pour apprécier l’ uvre de Marguerite lui fait un don, ces gens revendiquent sous prétexte que c’est grâce à eux qu’elle a cela. Je trouve ça scandaleux. Marguerite revient vers eux et dit je ne peux pas poursuivre dans ce contexte, ils disent non, reprenons sur de nouvelles bases, oublions l’ancien contrat et comme ce sont des jeunes qui ont besoin d’argent on leur donne 100 ou 200 miles Fcfa elle accepte et on refait un autre contrat. On croit repartir sur de nouvelles bases, elle a foi, mais l’autre contrat n’est respecté en rien notamment pour ce qui est de son article 11. C’est pourquoi on revient là-dessus.
Quelle sera la suite de l’affaire?
J’attend de voir leur réaction et je pourrais rentrer en voie de poursuite. Si la première phase est toujours celle du silence méprisant nous allons savoir comment faire.
