Politique




Message à la nation : cette démission à laquelle les Camerounais ne croient pas

Le mot est sur toutes les lèvres depuis que la présidence de la République du Cameroun a annoncé que le…

Le mot est sur toutes les lèvres depuis que la présidence de la République du Cameroun a annoncé que le chef de l’Etat va s’adresser à la nation ce jour.

Sur les réseaux sociaux, les réactions sont souvent sur un ton badin, mais une constance se dégage : les Camerounais touchent du bois mais ne se font pas d’illusions. « Si Paul Biya démissionne demain, je poste mes nudes », réagit un internaute. « Camerounaises, Camerounais, mes chers compatriotes, j’ai l’honneur de vous annoncer ma démission au poste de pré… Vous rêvez mal !», s’essaye un autre.

Sur les paris qui sont ouverts quant au contenu du message à la nation de ce jour, un internaute : « … de sa démission bien entendu. On a déjà trop souffert et on continue de souffrir ». Ces réactions fusent depuis hier 20h, heure à laquelle le Cabinet civil du président de la République du Cameroun a annoncé que le chef de l’Etat va s’adresser à la nation ce mardi 10 septembre à 20h. « Depuis hier, il y a des Camerounais qui sont déjà à 60 ‘je vous salue Marie et 40 ‘Notre Père qui est aux cieux’ », plaisante celui-ci.

Il faut dire que le président Paul Biya a le propos rare et l’annonce de cette intervention du chef de l’Etat est des plus inattendues comme le révèle cette internaute : « Les non-Camerounais ne comprendront peut-être pas pourquoi c’est une nouvelle. Nous avons l’honneur d’entendre notre président parler deux fois par an. Pour la veille du jour de l’An et pour la fête de la jeunesse le 11 février de chaque année, en vidéos préenregistrées. C’est donc très inhabituel pour nous ».

Aussi les réactions ne cessent de se multiplier depuis lors sur la toile, la dernière intervention de ce type du chef de l’Etat remonte à 2008 alors qu’une poussée de fièvre avait jeté les Camerounais dans la rue dans ce qui est resté dans les annales comme « les émeutes de février 2008 ». Dans un discours au ton martial, Paul Biya avait fait savoir que l’ordre doit régner.

La situation sociopolitique du Cameroun en septembre 2019 n’est pas à l’urgence, selon les critères bien connus sous le Renouveau, d’où les espoirs les plus fous sur le contenu de cette intervention.

Si les Camerounais rêvent de voir Paul Biya annoncer qu’il démissionne du poste qu’il occupe depuis 37 ans, très peu sont qui croit à un tel scénario. « L’unique message bénéfique qui vienne de Biya pour le peuple camerounais devrait être celui de sa démission pure et simple. Tout le reste sera qu’une insulte de trop à l’endroit du peuple qui a tant souffert », persifle un internaute.

Sur le réseau Twitter, le hastag   #BiyaShouldSay (Biya devrait dire) est né pour recueillir les attentes sur ce discours. Et l’on peut lire dessus, #BiyaDevraitDire « je démissionne » ou d’autres attentes liées à la crise anglophone, à la création d’un Etat fédéral, ou encore à la libération de certains détenus.

Cependant force est de constater un certain désabusement dans ces réactions. Georges Dougueli, journaliste à Jeune Afrique pense : « Le temps. Celui qu’on gagne quand on n’a pas d’autre objectif que celui de durer. Celui des promesses non tenues faites à des générations de jeunes et vieux qui se sont fait avoir et vont encore se faire avoir, une fois de plus, une fois de trop. Des discours, des mots, inaudibles, parce que creux, vains, dont, personnellement, on n’attend plus rien. Qui n’attend rien n’est pas déçu ». De son côté, Haman Mana, Directeur de publication du journal Le Jour à cette boutade : « Le temps fut son allié. Aujourd’hui c’est son ennemi ».