La fermeture de Cofinest remet en cause le fonctionnement de la micro-finance et interroge le dispositif légal pour ce type de structure
Une solution pour les petits épargnants
Depuis ce Lundi 21 février, les clients de la Compagnie financière de l’estuaire (Cofinest) sont dans le désarroi, la raison est la fermeture de cette micro finance. La déstabilisation du système financier doublée de la crise économique des années 80-90 ont donné naissance au milieu des années 90 à une nouvelle forme de collecte appelée tout bonnement micro-finance la micro-finance en réalité est une structure bancaire de second rang, c’est-à-dire qu’en réalité ces organismes ne devraient être chargées que de la collecte des fonds, après avoir collecté cet argent, ces organismes étaient tenus de les déposer auprès d’une banque de premier rang à savoir une banque commerciale explique Paul Alphonse Soppo. Une initiative supposée louable d’autant plus que la micro-finance joue un rôle d’intermédiaire entre la petite clientèle incapable de s’ouvrir un compte bancaire et la banque on s’était rendu compte que les conditions des banques ne permettaient pas par exemple à la revendeuse d’avoir un compte bancaire donc la micro-finance est venue résoudre ce problème en servant de relai entre les tous petits épargnants et les banques commerciales.
Les dérives des micro-finances
Seulement d’après l’expert financier ces structures ont très vite dévié : ces organismes ont commencé à créer de la monnaie fiduciaire c’est-à-dire des chèques, ce qui fait qu’aujourd’hui vous pouvez aller dans une micro finance, déposer et retirer de l’argent. Outre ces motivations certaines autres raisons peuvent désenvelopper cette disposition, parmi elles il y a des questions tribales : disons que les raisons fondamentales de cette déviance sont au nombre de trois, le tribalisme en premier, dans ce cadre je peux vous dire qu’aujourd’hui chaque région du Cameroun a sa micro-finance développée par un enfant du coin, ensuite il y a l’octroi des crédits parfois non remboursables à des proches des promoteurs et enfin les textes de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) ne sont pas adaptés à une structure de micro-finance ou de crédit. Pour notre analyste il n’aurait pas lieu de craindre pour ce système car de plus en plus des mesures sont développées par des institutions bancaires pour esquiver le pire, malgré tout il existe des risques persistants qui peuvent toujours aboutir à des faillites s’étant rendu compte qu’effectivement il y avait un déficit de collecte parce que les banques ne peuvent pas descendre au niveau des petits commerçants pour aller leur demander d’ouvrir un compte, alors les banques participent elles même à l’ouverture des micro-finances en y apportant d’importantes sommes d’argent et surtout une garantie financière. En clair ces banques créent des micro-finances disons modernes qui en fait remplacent au fur et à mesure les micro-finances traditionnelles, l’objectif est d’éliminer au maximum le risque de faillite, seulement par cette méthode tout le système financier est contrôlé par les banques d’où l’écueil, lâche Paul Alphonse Soppo. Cela dit tout ou presque, ça porte surtout à croire que les micro-finances ont encore un bel avenir devant elle.
Un cadre juridique pour les banques et rien de légal pour les micro-finances
Dans le système financier camerounais les banques s’occupent des clients à grand pouvoir d’achat tandis que les plus modestes sont laissés aux micro-finances, une répartition virtuelle de la clientèle qui n’a aucun fondement juridique mais qui a fini par s’imposer comme une norme d’où l’intérêt de savoir ce que prévoit la loi en cas de difficultés comme on le voit aujourd’hui à Cofinest? Dans les banques où les choses sont mieux organisées la loi prévoit un fonds de garantie déposée auprès de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) en ce qui concerne les banques le fonds de garantie mis en place prévoit que pour chaque banque, l’ensemble des comptes d’un client permet un dédommagement de cinq millions de FCFA maximum, c’est-à-dire que ce dédommagement vient de ce que les banques ont accepté dans le cadre de leur mise en place qu’on puisse faire des prélèvements réguliers pour alimenter le fonds, malheureusement les Etablissements de micro finance n’ont pas encore ce fonds de garantie affirme le Dr Soh Tangakou expert financier.
Les pouvoirs publics face à leur responsabilité
C’est donc à un véritable abandon que sont exposés les épargnants des micro-finances comme ceux de Cofinest, la Cobac n’ayant rien prévu pour leur protection en cas de mauvaise gestion ou de problèmes de trésorerie de la structure à laquelle ils ont confié leurs économies. Le choix de créer ces banques pour petits épargnants en Afrique montre clairement ses limites, peu de garde fou, sinon aucun, n’a été prévu ni par la loi locale ni par les textes sous régionaux, c’est un peu la raison qui fonde aussi la gestion légère des micro-finances par leurs dirigeants. En situation de désespoir donc de liquidation comme c’est le cas à Cofinest, les épargnants ne doivent pas beaucoup rêver car dans les caisses ce sont les liquidités qui manquent le plus, le Dr Tangakou explique qu’en cas de faillites des micro-finances le rôle du liquidateurs est d’utiliser les encaisses disponibles au moment où il arrive, de recouvrer la part de crédit dont il a les moyens de recouvrer, et d’utiliser tous ces fonds afin de désintéresser tous ceux qui peuvent l’être en commençant par les employés, payer leurs droits, dédommager les déposants et voir aussi la situation des actionnaires, mais les épargnants ne sont pas systématiquement privilégiés. C’est-à-dire que lorsqu’une micro-finance ferme boutique les chances pour ses épargnants de retrouver leurs économies sont minces donc presque pas garanties. A Cofinest la plupart des épargnants le savent, c’est pourquoi leurs regards sont désormais tournés vers les pouvoirs publics qui selon eux ont leur responsabilité dans la galère qui est la leur d’aujourd’hui.