A la suite de la signature du partenariat avec le Cerdotola, la directrice générale de l’Unesco souligne la nécessité d’une telle collaboration
Mme Irina Bokova, vous venez de signer une convention de partenariat avec le Cerdotola. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce que cette convention impliquera ?
Comme le secrétaire exécutif de Cerdotola l’a mentionné, c’est une journée historique car nous avons formalisé notre coopération avec le Cerdotola sur décision de notre conseil exécutif. C’est important pour nous parce que l’Afrique est une priorité pour notre organisation. Tout d’abord je dois mentionner que le Cerdotola est né à l’initiative de l’Unesco et ainsi nous renforçons cette idée que les cultures, les identités, la tradition sont importants tant pour l’Unesco que pour l’Afrique. La diversité culturelle, le patrimoine oral, les traditions, la protection et la conservation des langues sont des questions inscrites dans notre agenda global. A travers cette coopération, nous allons renforcer l’ambition de l’Union Africaine de travailler pour que nos cultures soient à la base d’un développement durable et de la paix. J’ai salué, félicité et remercié aussi le Cerdotola qui était partenaire du forum sur la culture de la paix que nous avons récemment organisé en Angola (mars 2013, Ndlr). Nous allons lancer cette grande idée selon laquelle sans la paix il n’y aura pas de développement durable, ce sont les deux côtés de la même monnaie et je crois que ça nous donnera aussi la possibilité de travailler dans les différentes instances, de voir une synergie entre l’expertise du Cerdotola et la volonté de l’Unesco de travailler pour que l’Afrique soit le patrimoine des traditions. Je pense qu’aujourd’hui quand on fête le 50ème anniversaire de l’Union africaine sur le thème de la Renaissance de l’Afrique, je suis très honorée d’être invitée pour la célébration, avec cette coopération nous allons vers cette célébration avec les mêmes idées. L’Afrique a le potentiel, ce n’est pas un regard archéologique d’aller vers le passé, c’est plutôt bien de se baser sur ces traditions et cultures pour jeter un regard vers l’avenir.
Comment va se traduire en acte la convention qui a été signée ?
Nous allons avoir beaucoup de projets, j’ai mentionné notre conférence sur la culture de la paix. Nous aurons des projets dans le domaine de la protection du patrimoine, de la diversité culturelle, de l’industrie créative pour renforcer les capacités des pays africain à valoriser leurs propres cultures. On a besoin d’une expertise, d’un savoir-faire, pour préserver ces traditions et les impliquer dans une vie culturelle dynamique qui existe dans la plupart des pays africains.
La convention se signe au moment où il y a deux grandes crises, la crise malienne et la crise Centrafricaine. Selon vous, quel rôle peut jouer un organisme comme le Cerdotola pour la paix?
Je crois que la culture de la paix doit-être basée sur une notion forte des autres identités des peuples. Il ne faut pas détruire le patrimoine comme nous avons vu au Mali. On ne peut pas avoir la paix si on n’est pas solidement basé sur des civilisations de l’histoire millénaire des traditions du peuple malien. C’est pourquoi l’Unesco s’est tellement investi. C’est pourquoi nous travaillons avec les pays de la Cedeao mais pas seulement, au-delà bien évidement la France, l’Union Africaine. Détruire tout ce qui existait depuis des siècles et qui porte le message fort d’une civilisation islamique, dans le domaine de la philosophie, la médecine, l’astronomie, mathématique, qui était dans le contenu des manuscrits et qui était tellement lié à l’identité des peuples maliens, ce n’est pas acceptable pour nous. La culture de la paix doit être basée sur ce fondement solide du patrimoine et c’est pourquoi je crois que le processus de réconciliation après un conflit aussi important doit être basé sur le respect de tels patrimoines.
