Depuis l’annonce de sa mort le 3 avril 2021 par l’archevêque de Douala Samuel Kleda, aucune sortie du gouvernement ni même du chef de l’Etat n’ont été enregistrées. Un silence qui tend à confirmer la distance du pouvoir vis à vis du prélat de 90 ans réputé pour sa liberté de ton sur des questions publiques.
Dans le concert d’hommages au Cardinal Christian Tumi décédé ce weekend, une voie manque, celle du président de la République Paul Biya. Le silence présidentiel fait du bruit à côté des hommages rendus notamment par l’ONU, le Vatican, et des personnalités publiques et privées de tous bords.
Le chef de l’Etat Paul Biya s’est juste contenté par un tweet d’adresser des souhaits de bonne fête de Pâques à tous les chrétiens, ignorant le choc que subissent ces derniers avec la disparition du premier cardinal de l’histoire du Cameroun.
Pas une seule ligne sur de cette affaire sur le site internet de la présidence de la République. Il affiche toujours en ouverture une audience accordée par le chef de l’Etat au Haut-Commissaire du Royaume de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, Rowan James Laxton, au Palais de l’Unité le jeudi 1er avril 2021.
Dans le même temps, c’est le black-out total au ministère de la Communication. René Emmanuel Sadi, porte-parole du gouvernement n’a visiblement pas jugé nécessaire de réagir en hommage à l’homme de Dieu, dont-il a pourtant condamné le 6 novembre dernier par un communiqué, l’enlèvement dans le Nord-Ouest par des sécessionnistes.
Depuis le décès de l’archevêque émérite de Douala, seules quelques personnalités publiques du gouvernement, à l’instar de Grégoire Owona, le ministre du Travail et de la sécurité sociale, ont réagi (via Twitter). Rejoignant l’once d’hommages d’acteurs politiques de l’opposition, des religieux et d’acteurs de la société civile.
Le silence du gouvernement tend à confirmer sa distance vis à vis du prélat de 90 ans. Réputé pour sa liberté de ton sur des questions politiques, Christian Tumi n’était pas tendre envers le régime de Yaoundé. Il a souvent déconseillé Paul Biya de se présenter aux élections présidentielles, et tout récemment encore, de démissionner du pouvoir.
Mais à la fin de ses jours, il saluait les efforts fait par le chef de l’Etat pour résoudre la Crise anglophone. Indiquant que les mesures prises jusqu’ici ont atténué les tensions sur le terrain. Pour davantage contribué au retour de la paix, le Cardinal demande d’être reçu par le président de la République à la suite de son enlèvement. Cela ne lui sera jamais accordé jusqu’à son dernier souffle.