C’est sans conteste l’un des meilleurs de sa génération, tendance blues et jazz.
Guitare à la main, harmonica dans la bouche… Vous pensez tout de suite à Ismael Lô, que non. Celui-ci est camerounais. Né sur les berges du Wouri, il est donc un Sawa. C’est à Edéa précisément qu’il voit le jour en 1972, de parents en provenance de Dibombari, petit village situé à une trentaine de kilomètres de Douala, mais pourtant si riche en artistes. A la sortie de son album en 2005, quotidiens, magazines, critiques, tous ont fait de cela l’un des évènements de la rentrée. Gods and Devils est le nom de ce chef d’ uvre musical, 16 titres extraordinaires, tous pleins d’émotion, de sensualité et de spiritualité.
C’est sur une guitare à trois cordes que Muntu, alors âgé de 8 ans, joue ses premières notes. A l’époque, il se réfugiait sous un grand manguier au quartier Cité verte à Yaoundé, où ses parents étaient installés. Sa passion pour la musique grandit dans les années 80 avec l’arrivée au Cameroun de la télévision et plus tard de l’Internet. Le jeune est appelé à poursuivre ses études à Douala, et devient à 14 ans le guitariste de l’orchestre du Lycée Joss. C’est également à cet âge qu’il découvre l’harmonica, impressionné par la prestation de l’épicier nigérian situé non loin de chez lui : Comment arrive t-il à jouer autant de notes avec tant de précision sur ce petit instrument bizarre ?. Question troublante pour le jeune Muntu, mais qu’il classe au rang de défis à relever. Chose qui sera faite quelques années plus tard, et sa rencontre avec l’harmoniciste français Vincent Bucher lors des Rencontres Musicales de Yaoundé (REMY) en mai 1998 ne sera que fructueuse, puisqu’elle lui permet de participer à plusieurs ateliers et donc de consolider son amour pour l’harmonica.
Difficile début des années 90
Aîné d’une famille de 4 garçons, Muntu vient d’obtenir son baccalauréat et retourne à Yaoundé pour suivre des études en droit dans la seule université de la capitale. Le cursus ne sera pas de tout repos, marqué par des manifestions et grèves d’étudiants qui protestent contre le régime en place. Les manifestations seront violemment réprimées, faisant quelques morts et plusieurs blessés parmi lesquels Muntu, bien bastonné par des militaires. Ceci vaudra au jeune membre de l’orchestre universitaire de rester plusieurs semaines à l’hôpital, le temps de soigner les hématomes, fractures et cicatrices qui malheureusement sont restés indélébiles sur son bras et son esprit. Le malheureux épisode terminé, Muntu retrouve ses parents à Douala et suit à l’insu de ceux-ci des cours de linguistique et d’histoire de l’université de Douala. En parallèle et pour bien masquer ses sorties matinales de tous les jours, il suit des cours de management en hôtellerie et tourisme.
Après la pluie, le beau temps
Alors qu’il est membre de l’orchestre de l’université, il fait la connaissance de Eko Roosvelt. Il sera guitariste dans le bigband de ce dernier de 1995 à 1998, trois années assez déterminantes pour sa carrière, car il fait ses premières tournées et accompagne nombres de professionnels, au rang desquels Bébé manga (1998), André Marie-Talla (1999), Lokua Kanza (2001), Rido Bayonne et Etienne Mbappe (2002), Keziah Jones (2003), Richard Bona (2004), la liste est longue. Cela peut se comprendre, quand on sait qu’en 1998 il avait crée son propre groupe, le Muntuband, qu’il appellera plus tard Mulema (le c ur). En 1999, il est lauréat de l’opération « scènes ouvertes » organisée par le Centre Culturel Français de Douala. Dans la continuité de ce prix il fera l’année d’après une tournée à travers toutes les régions du pays, à l’initiative de la coopération française.
Nous sommes en 2000, le millénaire s’ouvre plutôt sous de bons auspices pour Muntu Valdo. L’un des meilleurs ingénieurs de son du Cameroun, Gilbert Moodio fait découvrir le son de Muntu à un producteur français de passage au Cameroun, qui très vite tombe sous le charme. Muntu est le nouveau talent camerounais qui mérite d’être entendu dans le monde entier. C’est ainsi qu’en 2001, précisément le 03 octobre Muntu foule le sol européen par Roissy Charles de Gaule. Bars, petits clubs le verront passer sur leurs scènes. En solo ou en groupe, il captive. De Manu Dibango à Alpha Blondy en passant par Ali farka toure, Toumani diabate, Cheick tidiane seck, Tony allen, Lionel et Stéphane Belmondo, Muntu les accompagne et parfois même partage leurs scènes.
En novembre 2004, sa chanson leta est choisie pour ouvrir la compilation « Autoprod jazz vol.1 », produite par la FNAC. L’année suivante, grâce au partenariat avec la SACEM, il autoproduit l’album Gods and Devils, son premier solo. Très peu distribué, mais qui lui a permis de faire pendant deux ans (2006 et 2007) le tour du monde et de faire les scènes même plus inimaginables pour un artiste de son âge. Le Queen Elisabeth hall de Londres, le New morning à Paris, le Womad en Espagne, le Théatre de la petite reine en Georgie, le Sage à Newcastle ; mais aussi plusieurs festivals, plein sud et Africolor en France, le FESPAM au Congo.
Depuis janvier 2008, le prince du Sawa blues s’est installé à Londres, carrefour culturel très dynamique, très avant-gardiste, propice au développement d’idées et de matières nouvelles affirme t-il. Besoin de musique douce, sensuelle et puissante à la fois, écouter du Muntu Valdo, une musique dit-il de réconciliation, un retour quasi automatique des musiciens de la diaspora et du monde entier aux sources africaines des musiques de l’esclavage.