10 000 hectares d’arbres ont déjà été plantés dans le cadre du projet de reboisement des zones désertiques
Relier l’ouest et l’est du Sahara par une forêt
L’idée de cette barrière de végétation accompagnée de bassins de rétention pour recueillir l’eau de pluie, qui serait longue de 7.000 km et large de 15 km, a été lancée par l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo en 2005, avant d’être reprise par son homologue sénégalais, Abdoulaye Wade. Avec cet ambitieux programme, «l’Afrique prend ses responsabilités avec des réponses efficaces» face au réchauffement climatique, a récemment indiqué à l’AFP le ministre sénégalais de l’Environnement Djibo Ka, lors d’une cérémonie au village de Labgar (nord). «L’Afrique ne viendra pas les mains vides au sommet de Copenhague. Le projet de la Grande muraille verte sera au c ur du débat et sera présenté par le président (sénégalais) Abdoulaye Wade», a-t-il ajouté.
Un projet discuté
Ce projet, calqué sur la «Grande muraille verte» chinoise, ne fait pourtant pas l’unanimité au Sénégal même. «Je ne crois pas en ce projet, il n’y a pas de volonté politique car on déboise partout (au Sénégal), il n’y a pas le souci d’une reforestation», a assuré à l’AFP l’écologiste Haïdar El Ali, de la plus importante association de protection de l’Environnement du pays, l’Océanium. Selon les responsables de l’ONG, il n’est pas besoin de faire une campagne de médiatisation pour résoudre le problème de désertification. Ils affirment avoir procédé ces trois derniers mois à une opération de plantation de palétuviers sur 5.000 hectares, avec l’appui financier du groupe alimentaire français Danone dans la cadre d’un accord de mécanisme pour le développement durable(MDP).
Forte implication du président Abdoulaye Wade
Pourtant le président Wade y croit. Il a déclaré récemment que l’ONU devrait s’associer au projet. « Avec l’aide d’experts venant du monde entier, nous avons pu sélectionner des plantes adaptées aux conditions climatiques assez arides de la zone sahélo saharienne », a expliqué Abdoulaye Wade. « En même temps, nous avons décidé d’aménager tout au long de cette Muraille des bassins de rétention d’eau de pluie selon un modèle que nous avons réalisé au Sénégal avec environ 250 bassins ». « Par la restauration progressive de l’écosystème sahélo saharien, la Grande muraille verte contribuera, par la séquestration des gaz à effet de serre, à la lutte mondiale contre le réchauffement de la planète », a ajouté le Président du Sénégal, remerciant l’Union européenne et la France pour leur soutien. « Ça paraît pharaonique mais on est en train de le faire », lançait-il en janvier à Davos. Et, à Paris le 10 septembre, il disait avoir évoqué avec Nicolas Sarkozy le « financement » de la GMV.
Une urgence ignorée
Avec son projet le Sénégal compte avoir une ancre de discussion lors du prochain sommet sur le réchauffement climatique à Copenhague. Des onze pays associés à cet ambitieux projet, le Sénégal est en pointe, mais les réalisations restent encore très modestes: seulement 10 km de «muraille verte» ont été plantés en deux ans, a reconnu le ministre de l’environnement. Selon la FAO, les forêts de la zone sahélienne disparaissent au rythme inquiétant d’environ 2 millions d’hectares par an. Et le réchauffement de la planète ne fera qu’accentuer le phénomène, entraînant d’importantes migrations de populations dans des pays déjà pauvres et instables. Une urgence qui semble ne pas encore préoccuper les grandes puissances.