Le plus vieux métier du monde attire de plus en plus les jeunes filles de la région
Le phénomène n’est pas nouveau certes, mais le constat est tout à fait nouveau en ce qui concerne l’envahissement du secteur par les jeunes filles âgées pour la plupart entre 16 et 20 ans. Les travailleuses du sexe focalisent depuis un certain temps le regard du public du fait de leur jeunesse. Elles sont de plus en plus sollicitées et s’en félicitent même, à en croire Sylvia 17 ans, une novice du domaine. Contrairement à ce que l’on pourrait bien s’imaginer, cette situation est loin d’inquiéter les pouvoirs publics. Pourtant c’est une vérité qui dérange. Chaque soir, les rues de certains quartiers vivent au rythme et aux couleurs tristement enthousiastes et jovialement débordantes de ces travailleuses de nuit. Elles viennent de tous les coins de la région et au même au-delà. Quelques unes que nous avons approchées ont clairement avoué les motifs de leur présence et les enjeux de leur détermination : en réalité, il n’y a pas que l’argent mais plusieurs filles sont là pour le plaisir.
Qui sont donc ces filles ?
A première vue, ce sont les étudiantes, nombreuses dans la ville, qui sont pointées du doigt. Mais en allant en profondeur, les étudiantes ne sont pas toujours si jeunes que ça. Alors qui sont ces « bébés » prostituées ? La région de l’Adamaoua est une ville transitaire entre le Nord et le Sud du Cameroun. Chaque année, de nombreuses filles immigrent de quatre coins du pays à la recherche d’une occupation lucrative. Elles sont restauratrices, femmes de ménage, gérantes de « Call-box », baby-sitter et bien d’autres. Avec le temps, elles s’enferment dans une spirale d’exploitation sans fin et l’étau se resserre. Abusées, elles décident de se prendre en charge d’où le sexe comme commerce. En s’installant à leur propre compte, ces jeunes filles n’ignorent pas qu’elles s’exposent aux risques et dangers parfois au prix de leur vie. Pour elles, les IST/SIDA ne sont plus extraordinaires.
Pourquoi sont-elles délaissées ?
Beaucoup de ces jeunes travailleuses du sexe ignorent complètement la législation camerounaise sur la prostitution. Pour plusieurs d’entre elles, c’est une activité tout à fait légale car elle ne porte pas atteinte à la tranquillité des autres, affirment elles. Un avis relativement justifié lorsqu’on s’en tient à la réaction des autorités locales qui semblent ignorer la présence de ces recrues du sexe. Pourtant, les articles 294-343 du code pénal camerounais prévoient un emprisonnement de six mois à cinq ans et une amende de 20.000 à 500.000 francs CFA pour la prostitution au sens strict. La peine d’emprisonnement est la même, mais le maximum de l’amende est porté à un million de francs pour le proxénétisme. Aujourd’hui, aucun cas de prostitution ou de proxénétisme n’est rendu devant la barre au vu et au su du public, sinon pourquoi le phénomène persiste avec tant d’enthousiasme ? Il faut reconnaître que des conséquences déplorables devraient attirer stricto sensu l’attention du gouvernement et des organismes non gouvernementaux. Ce sont des conséquences telles que la déperdition scolaire, les IST/SIDA, l’instauration de l’insécurité, l’atteinte à la morale, les crimes rituels, la disparition mystérieuse, etc. A l’heure actuelle, que doit-on faire face au plus vieux métier du monde qui ne cesse d’attirer les plus jeunes ?