La capitale bruissait depuis plusieurs jours de rumeurs sur un éventuel putsch
Le Niger est en effervescence. Plusieurs militaires nigériens, dont des officiers, ont été arrêtés pour tentative de renversement du régime et tentative d’assassinat du président Mahamadou Issoufou, élu en mars après un an de junte militaire, a-t-on appris de source sécuritaire. C’est la première fois que de tels soupçons sont portés sur des éléments de l’armée depuis l’arrivée de l’ancien opposant à la tête du pays. Plusieurs militaires, dont un commandant et un lieutenant, ont été arrêtés depuis vendredi 22 juillet et sont toujours placés en garde à vue. Les officiels gardent le silence sur cette affaire. Les autorités s’exprimeront le moment venu, les investigations se poursuivent toujours, a expliqué une source gouvernementale.
Dans son édition de mardi 26 juillet, l’hebdomadaire indépendant Le Courrier évoque le placement en garde à vue, à la gendarmerie de Niamey, d’un capitaine et d’un lieutenant accusés d’atteinte à la sûreté de l’Etat ourdie par des éléments de la garde présidentielle. Des documents sur la mise en place d’un conseil national pour la restauration de la démocratie populaire ont été saisis chez un civil, qui a réussi à prendre la fuite, affirme le journal. Lors d’une tournée mi-juillet dans des garnisons du pays, le ministre de la Défense, Mahamadou Karidjo, avait appelé les militaires à s’abstenir de faire de la politique. En tout cas, la capitale bruissait depuis plusieurs jours de rumeurs sur un éventuel putsch.
L’ancien opposant Mahamadou Issoufou a été élu le 12 mars à l’issue d’élections démocratiques organisées par la junte du général Salou Djibo, qui avait renversé en février 2010 le président Mamadou Tandja après dix ans de pouvoir. Investi le 7 avril à la tête de ce pays sahélien parmi les plus pauvres du monde, mais riche en uranium, il a dit se donner pour priorités le développement et la lutte contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui commet dans le nord du pays des rapts, essentiellement d’Occidentaux. Le président américain Barack Obama doit recevoir M. Issoufou vendredi prochain à la Maison-Blanche, avec trois autres chefs d’État d’Afrique subsaharienne francophone. Les États-Unis veulent ainsi exprimer leur soutien à ces démocraties en développement. L’Union européenne a décidé en juin de reprendre sa coopération au développement avec le Niger, en signe de reconnaissance des progrès démocratiques accomplis depuis le putsch de 2010.
