En appelant au numéro 08 00 11 11, les citoyens peuvent désormais dénoncer directement les actes de corruption et de trafic d’influence
La décision de créer cette ligne a été prise lors d’une réunion du conseil des ministres présidée par le chef de l’Etat nigérien Mahamadou Issoufou. C’est une innovation, un instrument très important qui sera étendu à l’ensemble des pouvoirs publics, a expliqué le premier ministre, Brigi Rafini, en inaugurant cette ligne téléphonique. De son coté, le ministre de la Justice, M. Morou Amadou, a indiqué que l’objectif de cette ligne verte est de parvenir au Niger à une nouvelle gouvernance, la bonne gouvernance dans tous les secteurs. Que ceux qui ont fait de la corruption et autres passe-droits leur sport favori, qu’ils considèrent désormais le Niger comme une vaste prison pour eux, a-t-il avisé. Selon M. Brigi Rafini, cet important outil permettra désormais aux citoyens nigériens de contrôler eux-mêmes la gestion du pays notamment la gestion des deniers publics, la gestion de la justice ainsi que celle de tous les autres secteurs de la vie nationale. Les plaintes et autres dénonciations enregistrées feront l’objet d’analyses et d’études approfondies avant de dresser un rapport et de saisir le parquet. Un couteau à double tranchant pour les délations. Le ministre de la justice avertit : Toutes les dénonciations avérées, en tout cas fondées et justifiées, feront l’objet de poursuites devant les tribunaux compétents, que personne n’en doute. Mais en même temps, pour ceux qui se rendront coupables de délation ou de dénonciation calomnieuse, là également le code pénal a prévu des sanctions contre eux. Cette cérémonie qui avait pour cadre le Ministère de la Justice, a vu la présence des présidents des différentes institutions du pays, des députés nationaux, des membres du gouvernement et des représentants du corps diplomatique accrédité au Niger.
L’instauration de cette ligne verte renforce la volonté réaffirmée du président nigérien Mahamadou Issoufou à combattre la corruption dans toutes ses formes en cours au Niger, depuis son investiture à la magistrature suprême du pays. Comme il l’annonçait lors de son investiture le 7 avril dernier, le président Nigérien Mahamadou Issoufou vient de lancer la lutte contre la corruption avec l’arrestation de 14 hauts cadres dont le directeur de cabinet adjoint de l’ancien président de la transition, et d’autres opérateurs économiques nigériens impliqués dans des affaires de fausses factures. Ces citoyens indélicats sont placés sous mandat de dépôt depuis vendredi et dispersés à travers les différentes maisons d’incarcération du pays. Plusieurs responsables de l’ancien régime dirigé par l’ex-président Mamadou Tandja sont actuellement inculpés pour détournement de fonds publics. D’après un rapport officiel, l’Etat a perdu plus de 86 milliards de francs CFA (186 millions de dollars) du fait de la dilapidation de l’argent public et d’autres pratiques de corruption lors des dix années de pouvoir de Mamadou Tandja. Vendredi le 12 Août, dix responsables de l’ancien régime ont été reconnus coupables par un tribunal de corruption et de faux pour un montant d’environ 1,5 milliard de francs CFA. Le Niger, pays enclavé du Sahel touché par une sécheresse récurrente, est l’un des plus gros exportateurs d’uranium au monde. Selon une étude de la station nigérienne de lutte contre la corruption, les quatre secteurs les plus corrompus au Niger sont la douane, la police, les partis politiques et les services fiscaux.