Au Cameroun aussi, le côté festif a progressivement pris la place d’une commémoration religieuse
Contrairement aux pays occidentaux où la tradition de noël est beaucoup plus ancienne, le Cameroun comme beaucoup de pays colonisés d’Afrique hérite de cette manifestation avec la décolonisation. Pays où on retrouve beaucoup de chrétiens, Noël y est associé à la naissance de Jésus Christ, le père de la chrétienté. Mais avec la mondialisation des échanges culturels et la laïcisation de la société, les festivités liées à Noël ont progressivement pris un caractère plus profane et familial et sont de plus en plus déconnectées de l’interprétation religieuse qu’on lui a attribué au départ. Pour certains, Noël est redevenu une fête païenne où, généralement, des membres d’une même famille se retrouvent et s’échangent des cadeaux entre eux selon un rituel assez universel. Les Camerounais ont adopté le sapin qui est pourtant une tradition des pays tempérés et décorent leur habitation et l’arbre de Noël. Ils installent le soir du 24 décembre pour le réveillon de Noël des chaussures de tous les membres de la famille au pied de l’arbre ; ouvrent les cadeaux quelques heures après, souvent le matin du 25 décembre. Le repas spécial pour Noël se termine souvent par une bûche de Noël. Ce rituel se retrouve également à l’échelle d’une population locale avec la décoration des rues et vitrines de magasin des villes et villages dès le début du mois de décembre, la venue du père Noël sur les marchés ou dans les écoles maternelles. Cette situation est à mettre à l’actif de sa conception et de son évolution.
Une manifestation aux origines païennes
Les gens l’ignorent, mais de la célébration de Noël prend ses origines bien avant le christ, et relevaient des rites païens. L’histoire révèle que dès le premier siècle avant J-C, on célébrait à Rome le culte de Mithra, d’origine persane, importé à Rome par les légionnaires romains. Mithra était la divinité perse de la lumière. Une célébration qui avait lieu à une date équivalente au 25 décembre. En 274, l’empereur romain, Aurélien, déclare le culte de Mithra religion d’état et il fixe la célébration du solstice au 25 décembre. La fête de Noël n’existait donc pas au début du christianisme. Les Témoins de Jéhovah par exemple ne célèbrent pas Noël. C’est seulement à partir du II° siècle que l’Église a cherché à déterminer dans l’année le jour de la naissance de Jésus sur lequel les évangiles ne disent rien. Des dates différentes ont été proposées : le 6 janvier, le 25 mars, le 10 avril … Il se dit qu’à Rome, l’Église a choisi le 25 décembre pour célébrer la naissance de Jésus, sans doute pour se conformer aux traditions locales. Vers 330 ou 354, l’empereur Constantin véritable législateur de l’Eglise catholique, décida de fixer la date de Noël au 25 décembre. Cette date a une valeur symbolique. En effet, en s’inspirant de Malachie 3/19 et Luc 1/78, on considérait la venue du Christ comme le lever du « Soleil de justice ». La fête de Noël célèbre ainsi la naissance de Jésus soleil de justice.
Le Cameroun dans la mouvance des festivités
Au Cameroun, il est constant de remarquer que la célébration de Noël varie selon la perception comme une fête sociale, ou une fête divine. Les religieux adeptes de toutes les formes de christianisme la célèbre dans le recueillement et la prière. Dans de nombreuses familles, cette célébration s’accompagne du volet purement social avec l’achat des cadeaux, la cuisson d’un repas spécial. Noël ne ressemble plus vraiment à la fête religieuse qu’elle était avant. La crèche et le petit Jésus ont laissé la place au père Noël et à ses cadeaux. Pour les enfants, futurs parents et garants de la perpétuation de cette fête, il est plus excitant d’attendre et d’ouvrir ses cadeaux que d’aller à la messe de minuit. Or, le père noël est une pure invention du génie marketing américain. Il se dit qu’au début il s’habillait parfois en vert et d’autres fois en rouge. Aujourd’hui, de nombreuses personnes ont adapté le concept au Cameroun. Avec les fêtes de Noël, on assiste à une croissance du marché des jouets. Sur celui des vivres les prix s’envolent au point où les autorités sont souvent contraintes d’intervenir. Mais, au-delà de cette effervescence socio-économique, Noël reste rattachée à la naissance du petit Jésus. Et, ils sont nombreux ceux qui, au soir du 24 se retrouveront pour la messe, ou devant la télévision pour la bénédiction Urbi et Orbi.