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« Nous voulons que la marque Cameroun circule dans les grandes surfaces dans le monde »

Interview d’Henry Njalla Quan, Directeur Général de la Cameroon Development Corporation

Depuis quand est produite la makossa banana ?
Nous sommes à sa première récolte. Ça fait 9 mois que nous sommes sur le produit dans les champs et samedi, les premiers containers vont partir du Cameroun pour l’Europe

On a une grande réception pour une nouvelle variété qu’on nous présente comme étant 100 % camerounaise. La CDC ne produisait pas de bananes avant ?
Si, on produit de la banane. Chaque fabricant de véhicules a plusieurs marques pour un même produit. Nous devons marquer notre présence dans le marché en apportant des innovations et des changements positifs pour garder nos clients. La CDC produisait de la banane, mais à un moment donné, la production avait chuté. Il y’a une vingtaine d’années, la CDC a signé un contrat d’achat de bananes avec la multinationale Delmonte grâce à laquelle la production de bananes au niveau de la CDC a repris.

Quels sont les termes de votre accord avec Delmonte?
La société s’appelle Delmonte fresh. Ils achètent et traitent les fruits. On a donc un contrat appelé « Banana fresh agreement ». ils traitent tout ce qu’on produit à ce niveau là. Le contrat avec Delmonte ne souffrira pas avec l’arrivée de Makossa banana. Mais nous avons voulu que la marque Cameroun circule dans les grandes surfaces dans le monde.

De nombreux directeurs généraux d’autres bananeraies étaient parmi les invités ce soir. Quels sont les rapports de la CDC avec les autres bananeraies dans le monde ?
Nous ne sommes pas des sociétés concurrentielles, mais complémentaires. Une seule société ne peut satisfaire aux besoins du monde. On a voulu les associer au lancement de la banane de notre pays.

Aujourd’hui, on parle de changements climatiques. Est-ce que vous ressentez ses effets dans les plantations d’hévéa, de banane ou de palmiers à huiles ?
le changement climatique n’épargne aucun coin du monde, que ce soit dans l’agriculture ou les autres aspects de la vie. Nous avons besoin de pluies et de soleil pour nos plantations. Et ceci dans un rythme donné. Nous constatons des petits dérèglements. Cette année, nous avons eu plus de pluie. Elle s’arrête d’habitude vers fin octobre. Mais jusqu’à présent, il continue de pleuvoir et ça nous cause des petits soucis notamment dans la récolte du caoutchouc. Quand on fait la collecte de latex, s’il pleut, tout ce qu’on récolte est lavé par la pluie et c’est une perte de production. Notre grande difficulté vient du fait qu’on a des produits différents. On peut vouloir la pluie pour les bananeraies, mais la maudire à cause de la récolte des latex. Il nous faudra quelques années pour confirmer les changements qu’on constate car ils peuvent être passagers.

Pourquoi Makossa comme nom de baptême ?
Quand un enfant naît, les parents lui donnent un nom selon le sexe et les noms des membres de la famille. Vous avez vu comment le makossa fait bouger tout le monde. Vous avez vu notre emblème avec les pagaies, c’est une source d’énergie propre. Des gens sur la pirogue sans moteurs, le rythme de pagayeurs donne la force à la pirogue. Le rythme de makossa donne la joie aux danseurs. En plus, il ne faut pas aller dans une école de danse pour savoir danser le makossa. Rires.

Donc vous dansez bien le makossa ?
Je n’ai jamais dansé devant un miroir, donc je ne sais pas si je sais danser ou non. Rires.

Henry Njalla Quan lors du discours de lancement de « Makossa banana » à Paris le 19 novembre
JJEWONG/ARAS)/n

La crise mondiale a touché tous les secteurs de l’économie notamment l’agroalimentaire. Et ceci dans tous les pays du monde. En tant que chef d’entreprise, vous l’avez ressenti ?
Absolument. Nous sommes producteurs, mais aussi consommateurs. On consomme les intrants : les engrais, les outils et autres. L’un des produits qui a beaucoup souffert dans mon entreprise c’est le caoutchouc. L’industrie automobile était parmi les premiers secteurs à chuter, ça veut dire que les pneumatiques se vendaient moins. En produisant le caoutchouc, nous avons eu du manque à gagner. On constate une reprise. Dès les premiers signaux de la crise, on avait revu notre plan d’action en évitant de mettre les gens au chômage. Mais on a tout de même enregistré des pertes.

Vous êtes l’une des rares entreprises au Cameroun à avoir développé autour des plantations, écoles, centre médico-social, maisons des personnels. vous vous considérez plus comme chef de village ou chef d’entreprise ?
ça dépend de la définition du village. Notre activité mène à donner la belle vie aux villages riverains. Et c’est ce que nous faisons.

Un mot sur cette soirée pour terminer
J’ai vu les gens sourire et danser. Est-ce que c’est Manu Dibango qui les rendait heureux ? Est ce que c’est la makossa banana qui les rendait fiers ? Je suis un chef d’entreprise et c’est les chiffres de la consommation qui me permettront de juger. Nous allons mettre en place un observatoire. Mais en attendant, c’était une belle soirée et je suis heureux.

Henry Njalla Quan et le vice premier ministre Jean Nkuete
JJ. EWONG/ARAS)/n


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