Par Woungly Massaga
Chers Compatriotes,
Dans le document intitulé «L’UPC peut et doit rebondir», j’ai annoncé que j’avais accepté de coopérer avec l’Etat Camerounais dans le cadre du Conseil National de Sécurité à la lutte contre le terrorisme de la Secte islamique Boko-Haram. La première partie de cette «Nouvelle lettre aux Camerounais » portait sur le compte-rendu du débat radiodiffusé auquel j’ai participé le lendemain, à la Radio Télévision Siantou, avec le Pr Takougang, Ministre du Shadow Cabinet du SDF, Me Simh, Vice Président Du MRC, et, du côté du pouvoir, le journaliste émérite Jean François Mebenga.
La deuxième partie de la «Nouvelle Lettre aux Camerounais» que voici, porte sur la situation de l’UPC. Contrairement à mon habitude de ne pas répondre aux agressions de bas étage, je vais donner mon avis, point par point sur les accusations malsaines portées contre ma personne par ceux pour qui l’appel au dialogue de tous les Upécistes est devenu un crime. Et en fait, je le fais beaucoup plus pour préparer ce dialogue que pour polémiquer avec ceux dont le but premier est de se donner un peu d’importance.
De quoi suis-je donc accusé ? :
1°- de soif du pouvoir (redevenir SG, place désormais réservée dans notre parti à une ethnie, à ce qu’il semble) ;
2° – de n’avoir pas demandé le mandat de «la Direction de l’UPC» pour dire oui au Conseil National de Sécurité contre Boko-Haram ;
3° – de pratiquer par conséquent la politique du ventre ;
4° – d’incompétence politique ;
et 5° – de fausse expertise militaire, toutes ces accusations venant d’un soi-disant upéciste, manifestement au nom de son groupe en désarroi. Sur chacune de ces accusations et par souci de clarté et de pédagogie, je porterai en petit a, une brève appréciation et donnerai en petit b , mon point de vue ou mes contre-arguments.
1° De ma soif de pouvoir : Parlons- en !
a) Faut-il qualifier cela d’incompréhension] ou de malentendu ?
Des esprits mesquins, embourbés dans le tribalisme et l’opportunisme, ne peuvent pas comprendre l’incontestable persévérance de Kissamba à se battre pour la survie de l’UPC et sa victoire finale. Quand on n’a rien investi dans la lutte, on ne peut pas comprendre l’acharnement de ceux qui ont tout donné dans celle-ci et reçu le flambeau de tant de héros et martyrs, à ne pas accepter que cette lutte se termine en queue de poisson. Quand on est politiquement inculte et qu’on ne sait en réalité pas ce qu’est le patriotisme, on peut penser que le combat de l’UPC, au n ud du système néocolonial français, n’a besoin d’aucune expertise, qu’il suffit d’être Bassa’a. Alors, de quoi s’agit-il ?
b) Mettons franchement les choses au point :
Primo: Le Commandant Kissamba n’est candidat à rien dans l’UPC aujourd’hui. Tout au plus accepterait-il, comme le suggérait le Pr Franklin Nyamsi, une Présidence d’honneur de l’UPC, uniquement pour aider une nouvelle équipe dirigeante à démarrer correctement, et à former des cadres.
Secundo: Ne suis-je pas le tout dernier Secrétaire Général de l’UPC Unie, dans le combat et la clandestinité ? Que m’apporterait de plus un titre de Secrétaire Général de fraction ? «Le moi est haïssable» mais il est des circonstances qui obligent à en parler: quel est le Secrétaire Général de fraction qui peut afficher un bilan politique, des compétences et un prestige comparables aux miens ?
Tertio: l’aveuglement haineux et la paranoïa psychopathique de quelques cadres bassa’a contre Woungly-Massaga ne s’explique que par le tribalisme et l’opportunisme. Ils se sont installés dans l’idée totalement fausse que seuls les Bassa’a peuvent et doivent diriger l’UPC, fermant les yeux sur le fait que, depuis Ruben UM NYOBE aucun upéciste Bassa’a ne s’est montré réellement à la hauteur de ce rôle, et que les luttes des cadres bassa’a qui se disputent la place de Secrétaire Général de l’UPC, où se mobilisent jusqu’aux petits cadres qui rêvent d’accéder un jour à cette place ne contribuent pas à la bonne santé de l’UPC. Naturellement, chaque cadre Bassa’a qui projette de devenir Secrétaire Général de l’UPC (et Dieu sait s’il y en a) monte d’abord au créneau contre Woungly-Massaga, craignant qu’il ne revienne à la tête du Parti, ou pour se mettre en valeur par les pires calomnies contre le doyen. « Man Mbi a ntehnga ! ». ( l’étranger dérange).
Quarto : Aujourd’hui, le parti des Héros nationaux est fortement typé dans le pays et même dans ses rangs, comme « parti des bassa’a ». Combien de fois ne me suis-je entendu dire « Kissamba, pourquoi meurs-tu à la tâche, laisse les Bassa’a à leur affaire » ? Et pourtant les populations Bassa’a commencent à être très conscientes du danger et « en ont marre des Sécrétaires Généraux Bassa’a » (il y en a toujours trois ou quatre). Le Professeur Henri Hogbe Nlend, en est venu à suggérer « la débassaîsation » du parti, mais comment y parvenir, avec des tocards insolents qui veulent vendre l’UPC au Minat/D ?
Le Camarade Henri Babem Babem, Vétéran de l’UPC et de l’ALNK, ancien du IIème Front s’emportait devant moi sur « les désordres des Bassa dans l’UPC ». Je dus le calmer en lui disant de ne pas généraliser et surtout de ne pas mettre en cause l’héroïsme et les sacrifices des peuples Bassa’a et Bamiléké, et des patriotes exemplaires comme lui-même, doyen Bassa’a, parce que des opportunistes bourgeois et petits-bourgeois de l’ethnie luttent pour capitaliser à leur profit cet héroïsme et ces sacrifices populaires sans avoir la moindre compétence correspondant à l’ambition de tous de devenir Secrétaire Général de l’UPC.
Quinto : Il est évident qu’installé comme Expert-Consultant, Kissamba n’aurait pas le temps de se charger de l’UPC comme Secrétaire Général, ce qui devrait rassurer ceux qui ont déjà réservé la place, mais ceux qui tentent de discréditer cette position, le feraient-ils si Kissamba s’appelait Bikaï Pascal ?
Sexto: On se serait attendu depuis longtemps à ce que face aux difficultés croissantes du moment se traduisant par des désordres internes à répétition et l’incapacité du Parti à s’affirmer dans la vie politique nationale autrement que comme une annexe du RDPC, les upécistes d’un groupe quelconque se disent : consultons un peu le Vieux, à qui l’UPC doit quand même d’avoir survécu après l’assassinat du Président du Comité Révolutionnaire de l’UPC, et qui continue de faire montre d’une certaine vitalité, et de compétence, pour voir s’il pourrait nous aider à sortir d’embarras. Ô que non !
« il ne faut surtout pas qu’il revienne à la tête de l’UPC ! On s’est même, en vain, efforcé d’effacer Kissamba, le seul membre du Comité Révolutionnaire à part le Président Ouandié, à avoir assumé ses engagements à rentrer sous maquis pour défier le régime Ahidjo, on s’est efforcé de l’effacer de l’Histoire tout court et de l’Histoire du parti. Quelle mesquinerie ! Résultat, les uns et les autres ont passé un quart de siècle à « donner le temps au temps ». Cette situation ne nous rappelle-t-elle pas le débat actuel sur le football camerounais, à propos d’un rôle éventuel de Roger Milla à la tête de la Fécafoot : ingratitude à l’égard du goléador, et une incroyable mesquinerie de ceux qui auraient pris des dispositions au niveau des textes pour qu’il ne puisse même pas être éligible à un poste à la tête de cette Fédération.
2° Du « mandat de la Direction » :
a) «Laquelle?» : Dans la confusion actuelle un tel mandat serait une fumisterie que le Commandant Kissamba ne saurait accepter. Toutes les récriminations qu’on pourrait lui lançer à ce sujet ne peuvent être que l’expression d’un mécontentement et d’une frustration de piètres tricheurs déçus.
b) N’est-il pas profondément triste que de soi-disant cadres de notre lutte n’aient pas encore appris le b- a- ba de regarder la vérité en face et de l’assumer ? Dans la confusion actuelle, de quelle « Direction » s’agit-il ?
Chers Compatriotes, franchement, qui donc est de « mauvaise foi » ? Qui est dans le « mensonge » ? Combien y a t-il de « Directions de l’UPC » aujourd’hui ?
Il y a la Direction du groupe Louka. A tout seigneur tout honneur, puisque c’est de ce groupe que nous vient la bordée d’insultes. Le professeur Basile Louka est, dans la lutte, le produit de notre Ecole des Cadres. J’en connais les compétences, mais aussi la moralité.
Il y a l’UPC dite des « fidèles », dirigée aujourd’hui par les ingénieurs Moutoudou Albert et Ndéma Same Alexis, naguère par le Pr Moukoko Priso et le Dr Samuel Mack-Kit, mes anciens collaborateurs de la clandestinité. Evidemment celle-ci n’a rien de commun avec la précédente. Elle est du point des références de principe, plus authentique. Son problème, difficilement perceptible par ceux qui ne maîtrisent pas les courants de pensée du marxisme, c’est l’introduction pour ainsi dire en contre-bande, du trotskysme, à l’insu de la masse de ses militants. Le trotskysme se caractérise par la prétention à l’excellence doctrinale marxiste en s’auto-marginalisant par rapport au mouvement des luttes populaires, d’où le résultat qu’aucun groupe trotskyste n’a jamais conduit une lutte à la victoire dans le monde. De plus, le trotskysme c’est la stigmatisation des autres sans stratégie de lutte propre, et le refus de l’unité, par principe. Or, quand un parti politique se dénomme « Union des Populations du Cameroun » en abrégé UPC, refuser l’unité des upécistes est une contradiction criante, une violation de la pensée et du testament des Héros nationaux. Et avec cela on s’appelle « fidèles » !
Il y a l’UPC de l’honorable SG Bapoh Lipot, qui repose sur la « ndogsoulisation de l’UPC » (contrôle du parti par le groupe ethnique Ndogsoul de Kodock Bayiha). Il est courant que des cadres Bassa’a et les militants qui leur sont liés en viennent à penser et à raisonner comme si l’UPC se réduisait désormais à leur arrondissement ou au pays Bassa’a, bien qu’ils recherchent toujours quelques comparses Bamiléké ou Béti, et quelques Nordistes du quartier pour faire parti national.
Il y a aussi l’UPC de l’honorable et SG Dr Pierre Sendé (élu SG au même Congrès que Louka, mais « avant minuit » (s’il vous plait !), qui conteste l’élection de Louka, élu « après Minuit » !. Elle ne repose que sur la « solidarité des fils de la veuve » (Francs- maçons). L’UPC n’a jamais pu gagner à Messondo, fief du Dr Sendé, mais ce dernier a toujours été élu par ricochet grâce à la mobilisation des upécistes d’Eséka.
Il y a .. Il y a .plusieurs groupes upécistes. Chacun de ces groupes considère sa Direction comme la seule Direction de l’UPC. C’est la langue de bois de tous. Les Camerounais ne constatent-ils pas eux-mêmes ces divisions ? Où sont donc le mensonge et la mauvaise foi si je refuse de cautionner ce désordre ?
Expliquons que, pour nous, tous ces groupes sont upécistes, mais aucun ne représente seul l’UPC. Tous peuvent et doivent donc être regroupés, unis. L’UPC n’a jamais été idéologiquement monolithique : les militants et les dirigeants ont toujours eu des niveaux différents, les plus avancés aidant fraternellement les moins formés à progresser, toute surenchère idéologique étant interdite même du vivant de Ruben UM NYOBE. Mes anciens collaborateurs de la clandestinité pourraient témoigner que NDOH Michel et moi étions soudés, mais pas idéologiquement semblables. C’est cela, l’upécisme véritable.
3.- Kissamba fait-il la politique du ventre ? :
Le Pr Henri Hogbe Nlend peut confirmer que c’est Woungly-Massaga, alors Président de l’Union Nationale des Etudiants du Kamerun (UNEK) qui lança dans son message de fin de mandat en 1961 cette expression de la «politique du ventre» reprise par la suite par Philippe Decraene et d’autres auteurs, amusant n’est-ce pas ?
a) Qu’à cela ne tienne, l’accusation portée contre Kissamba selon laquelle, en acceptant de coopérer avec l’Etat camerounais dans le cadre du Conseil National de Sécurité à la lutte contre Boko-Haram, il s’est engagé dans la politique du ventre, n’est qu’un tissu de mensonges et de contradictions.
b) Notons d’abord qu’au stade actuel des contacts Kissamba n’a touché aucun sou ni de la Présidence, ni du conseil National de Sécurité. Cette précipitation à lancer des accusations gratuites est d’autant plus surprenante que le positionnement de Kissamba devrait rassurer ceux qui ont « réservé » le Secrétariat Général de l’UPC, parce que ce positionnement correspond à l’exercice d’une profession libérale : on ne peut pas accuser de politique du ventre un architecte qui construit un bâtiment public et touche des émoluments de l’Etat.
Par contre, que pouvons-nous dire de ces vaillants combattants de la lutte contre la politique du ventre qui nous viennent de l’UPC gouvernementale manipulée par les barons du pouvoir ?
Depuis la préparation des élections municipales et législatives, et pour la préparation du dernier Congrès-bidon, ces Messieurs de l’UPC gouvernementale ont géré des dizaines de millions du financement public des partis politiques : l’argent de l’UPC et du peuple camerounais.
Mais ils l’ont fait dans une telle confusion que leur congrès a été obligé de nommer une commission pour enquêter sur la gestion de ces fonds. A la tête de cette commission d’enquête le nouveau Kodock a fait désigner qui ?… Madame finances. Où est donc la politique du ventre. et du bas ventre ? Comme dirait la chanteuse Lady Ponce.
4. l’incompétence politique de K.
a) On ne cherche pas désespérément la caution politique d’un incompétent ; Le vrai problème qui saute aux yeux, c’est que le Doyen ne veut pas cautionner n’importe quoi et cela rend furieux les petits tricheurs, mais à qui la faute ?
b) La compétence d’un homme politique s’apprécie à trois niveaux : dans son propre camp, chez ses adversaires, et au niveau des observateurs indépendants ou étrangers. Les sentences publiques hystériques émanant de petits détracteurs impertinents sont sans intérêt.
Le Camarade Charlie Gabriel Mbock au cours d’une tournée d’explication du Congrès de Douala de 2012 auprès de la Diaspora camerounaise disait ceci de l’absence de Kissamba dans leur groupe: «Tous les groupes veulent de lui ; mais il nous demande trop: la formation des cadres et «La Voix du Kamerun ». Or, force est de constater qu’ils n’ont rien fait ni pour la formation des cadres, ni pour relancer l’organe central de l’UPC. Ne faut-il pas voir dans le comportement de ces camarades un obscurantisme manifeste pour continuer à tromper les militants et mentir au peuple ?
5° / Kissamba n’est pas militairement compétent
Chers Compatriotes,
a) Kissamba ne discute l’expertise militaire avec personne. Il ne conteste la compétence militaire de personne.
b) ll pense modestement que le Conseil National de Sécurité du Cameroun a en son sein de hautes personnalités civiles et militaires un peu plus autorisées à parler de compétence militaire que nos insulteurs.
Mieux, aux forces armées gouvernementales, Kissamba a suggéré de considérer la guerre comme un ensemble de savoirs et de savoir-faire à combiner sur le terrain dans une forte mobilisation patriotique pour mettre en déroute un ennemi sauvage, sans préjuger des backgrounds des uns et des autres.
Toutefois nous ne minimisons pas le point de vue de ceux qui pensent que le Président Biya « n’acceptera jamais la contribution de Kissamba »: parce que la France pourrait en effet faire pression sur le Président Camerounais pour écarter le dangereux « révolutionnaire ».
Mais nous pensons d’abord que M. Paul Biya pose déjà de plus en plus d’actes qui attestent d’une relative autonomisation progressive des décisions politiques et économiques du Cameroun par rapport à la France. (Ouverture à la Chine, par exemple).
Ensuite, nous pensons que l’engagement de Kissamba dans la lutte contre le Boko-Haram n’est pas anti-français. Tout au plus sommes-nous vigilants parce que les dirigeants socialistes français ont toujours déçu les patriotes et le peuple camerounais dans leur politique africaine. Le problème crucial est simple : le Président français a été le premier à assumer l’appel à la guerre totale contre la secte islamique Boko-Haram. Aujourd’hui, Boko-Haram s’est surarmé . Nos soldats dans l’Extrême nord doivent être rapidement armés et équipés au même niveau que les soldats français des bases de l’opération française Barkhane ; M. Hollande a largement les moyens d’assurer cet armement optimal des forces camerounaises de lutte contre le terrorisme. Conformément à ses engagements, qu’il le fasse.
CONCLUSION
Chers compatriotes, Chers Camarades,
Notre proposition décrite en détail dans le document «L’UPC Peut et doit Rebondir» ne peut être qualifiée de «retour en arrière» que par mauvaise foi caractérisée, et volonté malsaine de sabotage.
D’abord parce qu’elle est incontestablement innovante dans la mesure où les upécistes se sont habitués à improviser des congrès dans toutes sortes d’intrigues tribalistes, de trucages des inscriptions des délégués, de compromissions occultes avec le pouvoir, en tournant délibérément le dos à tout véritable dialogue inter-upéciste et surtout à tout travail politique préparatoire sérieux. Vrai ou faux ?
Ensuite, parce que cette proposition ouvre la porte à une véritable reconstruction d’une UPC forte, dans la mesure où les concertations préparatoires du séminaire et le séminaire lui-même ne vont pas concerner que les membres des Comités Directeurs de toutes les tendances upécistes, mais aussi tous les dirigeants des partis ou groupes politiques issus ou proches de l’UPC, et tous les cadres ayant travaillé avec K dans la clandestinité.
Nous avons la conviction sereine que ce séminaire réussira et sommes décidés à remettre l’UPC debout, au centre de la vie politique nationale. Yes we can do it !
VIVE L’UPC ! VIVE LE KAMERUN !
