Par Jean-François Ebodé Tabi, journaliste diplômé de la 34ème Promotion de l’ESSTIC, Chef de la Cellule de Communication du Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille
Ces deux dernières décennies, l’Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (ESSTIC), a bien vécu. Elle a connu, non seulement des mutations, des soubresauts, mais aussi des avancées remarquables. Ces empreintes, ces mouvements et ces grands sauts vers l’inconnu existentiel ont été l’ uvre de grandes femmes et de grands hommes. Par leur sagesse, leur intelligence, leur dynamisme, leur sens élevé de responsabilité, ces enseignants tous grades confondus, ces personnels d’appui et ces agents, ont bon an mal an, ravivé l’âme, insufflé un souffle vivifiant, tracé une trajectoire méritoire à notre grande et prestigieuse Ecole. Le Professeur Pascal MODO ASSE était de ceux-là.
Pour nous qui, poussés par l’enthousiasme, et brûlés par la boulimie de réaliser nos rêves incandescents, débarquons à l’ESSTIC, dans les années 2000, il a été impossible, de se passer de lui, de le fuir ou de contourner cette armure intelligente. Nous nous réjouissons d’avoir bien connu cet enseignant rigoureux, cet esprit libre, cet homme modeste, ce chrétien engagé .
Par son rigorisme, et à l’écume de nos années de formation, l’enseignant nous a assénés des coups violents mais bienfaisants. Ces heures d’enseignement du Secrétariat de Rédaction (SR), en salles de cours ou en salle informatique étaient torrides. Il exigeait de ses apprenants : application, assiduité et abnégation. Au sommet de son art, il alternait, sans encombre ses postures de classique et de moderne. Il était de la classe d’enseignants qui excellait avec égal entregent en cours théoriques et pratiques. C’est bien lui qui nous a infligés la punition d’acquérir, aux prix parfois onéreux, certaines antiquités tel le typomètre. Il fallait s’y familiariser avant de se pâmer devant un écran d’ordinateur.Ses meilleurs disciples en la matière irradient nombre de rédactions au Cameroun, en Afrique et dans le monde.Des amphis célestes, où il professe désormais allègrement, aux côtés de ses devanciers, les Docteurs Jean Nunga, Sother Edia . le Professeur peut se glorifier d’avoir su inculquer, autant de savoirs de la vie et de la profession à des générations de journalistes. Par ce devoir de pérennité, et contredisant la signification en langue Beti de son patronyme (Mod Asse= il n’y a personne), Il a le a été, et il demeure.
Par sa liberté d’esprit, il a plus détonné par ses opinions, qu’étonné par sa franchise. Il était un « Eton » pure souche, et n’en prenait guère ombrage. Ce caractère d’homme vif, il le traînait depuis ses jeunes ans. Comme nous l’a confié un de ses camarades du Séminaire, Pascal avait du caractère. Il était un garçon rude. Car, il avait ce génie d’être barbare par le mot, lorsqu’il voulait disqualifier les méchants, châtier les fainéants, confondre les prétentieux. Originaire du département de la Lekié, Il ne fallait pas trop compter sur lui pour biaiser ou manier du vif argent.
Par sa modestie, l’homme MODO ASSE nous aura beaucoup marqués. Au cours de sa brillante carrière professionnelle, il avait pourtant culminé jusqu’au rang de « Directeur de l’Administration Centrale ». Mais quand il parlait de lui, de son épouse Professeur de Lycée, de sa progéniture, de ses relations au sommet de l’Etat, c’était sans tambours, ni trompettes, ni paillettes. Il avait pourtant de quoi séduire : son beau physique d’ancien footballeur. Il avait pourtant du nécessaire pour s’offrir de rutilantes carrosses ou de rouler les mécaniques. Mais durant toute sa vie, il a refusé de jouer les « en-fu-meurs ».Qui se rappelle pas sa voiture à laquelle il tenait comme à sa première épouse !
L’ancien séminariste que nous avons côtoyé, a su privilégier et entretenir sa relation avec le Dieu d’Abraham et de Jacob. Au lendemain de la collation de son grade de « Maître de Conférences », il a mobilisé des prêtres, ses camarades de séminaire, pour une messe d’action de grâce, dans sa coquette résidence qu’il venait de bâtir au quartier Oyom-Abang à Yaoundé. Des grands moments qu’il a bien voulu partager avec ses connaissances, ses collègues, avec ses voisins, avec nous.Car, l’homme savait aussi donner sans compter.
De la paisible terre de ses aïeuls où il va reposer, si proche et si loin là-bas dans la Lekié, le Professeur Pascal MODO ASSE sait une chose : il a été, et il demeure.