La présidente du Comité des Femmes Aveugles du Cameroun parle d’un projet d’intégration des déficientes visuelles dans la politique
Le Comité National des Femmes Aveugles du Cameroun(Conafac) dont vous êtes à la tête pilote un projet en ce moment, de quoi s’agit-il?
Le projet intitulé « Projet de Promotion des Droits de L’homme et de la Démocratie: Cas de la femme aveugle» que nous menons en ce moment sur tout le territoire national veut promouvoir la participation des femmes aveugles dans le processus électoral non seulement en tant qu’électrices mais aussi candidates éligibles. Ainsi, au travers du séminaire et de plusieurs autres activités que le Conafac organise, nous avons formé 20 pairs éducateurs mal et non voyantes à la sensibilisation et à l’éducation des aveugles sur la participation au processus électoral ; Augmenté le niveau d’intérêt et d’engagement des femmes aveugles à prendre part au processus électoral ; Edifier les femmes aveugles à la maîtrise intégrale des instruments juridiques nationaux et internationaux tels que la Déclaration Universel des Droits de L’homme, le Pacte International relatif aux droits Civiques et Politiques, la Convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées, la Convention des Nations Unies relative à l’élimination de toute formes des discriminations contre les femmes, la loi camerounaise, différents textes d’application de ces lois, Pour ne citer que ceux-ci
Et comment les femmes aveugles mettent-elles en pratique les enseignements reçus ?
Les bénéficiaires du projet étaient des représentantes de femmes paires éducatrices venant de quatre régions du pays à savoir l’Ouest, le Nord-Ouest, le Littoral, et le Centre. Après la formation lors du récent séminaire que nous avons eu à Yaoundé, elles avaient l’obligation en retour de sensibiliser 500 femmes aveugles et mal voyantes sur toute l’étendue du territoire national, en insistant sur les inscriptions sur les listes électorales et les inscriptions en tant que candidates aux différents postes à pouvoir aux élections avenirs.
Peut-on à ce jour avoir les statistiques des femmes déficientes visuelles inscrites sur les listes électorales
Si vous permettez, je vous donnerai dans un premier temps certaines statistiques qui nous on même poussé à développer ce projet. D’après un recensement fait en 2008, le Cameroun dénombre une population de près de 20 000 000 d’habitants. Selon les statistiques de l’OMS, 15% de la population camerounaise est handicapée soit environ trois millions de personnes et parmi celles-ci 27% sont aveugles et plus de la moitié du pourcentage des aveugles est la gent féminine soit près de 400.000 femmes aveugles au Cameroun. Les femmes en générale sont victimes des abus de toute sorte : Viols, grossesses non désirées, abandon, rejet MST-Sida, la liste est loin d’être exhaustive. Pour le cas de la femme aveugle, les abus sont pires. Pourtant, l’univers déjà si fragile des femmes non voyantes du Cameroun atteint son comble avec un lot d’autres souffrances que leur infligent, profitant alors de leur vulnérabilité, des hommes sans foi, et au-delà de tout soupçon certains d’entre eux, adeptes de pratiques occultes. Pour donc répondre à votre question, je dirai qu’à ce moment, grâce au travail de femmes paires éducatrices, nous avons déjà plus de 300 femmes aveugles inscrites sur les listes électorales dont nous avons les photocopies des récépissés, sans compter celles qui se sont inscrites et qui ne se sont pas encore signalées. Nous restons confiantes qu’avant la date limite des opérations d’inscription sur les listes électorales, nous s’atteindrons le gap de 500 femmes que nous nous sommes fixées. Et concernant les femmes aveugles candidates, il y a plusieurs qui sont membres des différentes formations politiques du pays et qui sont en train de se battre pour qu’au moment venu, qu’elles soient candidates au poste de leur choix.
Y a-t-il des femmes déficientes visuelles candidates pour les élections législatives et municipales qui s’annoncent?
Bien sûr que oui, il ya des femmes qui voudront bien au moment venu posé leur candidature. D’ailleurs il ya plusieurs femmes qui n’ont pas pu rencontrer les responsables des partis politiques au sein desquels elles militent. Elles m’ont contacté et je suis venue en appui pour essayer de rencontrer ces responsables des partis politiques afin de leur expliquer le bien fondé d’avoir une mal ou non voyante dans son équipe. Vous ne le savez peut être pas, les femmes handicapées de la vue qui constituent plus de la moitié des handicapés visuels au Cameroun, comme je l’ai déjà dit plus haut, sont des êtres humains à part entière. Elles ont un handicape certes, mais cela n’entache en rien leur capacité mentale, intellectuelle et que sais-je encore. Parmi nous les femmes du CONAFAC, il ya des diplômés d’université et de grandes écoles, des cadres d’administration, des diplomates, comme notre secrétaire général et bien d’autres. En plus quand je rencontre les responsables de ces partis politiques, c’est aussi pour leur faire comprendre qu’en acceptant une femme aveugle sur leur liste, ils ne regretteront pas, sans compter le fait qu’elles attireront aussi des voix d’électeurs lors du scrutin. En bref, je voudrai faire savoir à l’opinion publique que les femmes handicapées visuelles sont capables de beaucoup. Qu’il ne sert à rien de les sous estimer à cause de leur faculté visuelle défaillante.
