A la suite des plaintes de l’Association des raffineurs des oléagineux, l’Agence des normes et de la qualité (ANOR) somme l’importateur de cette huile de suspendre la publicité sur cette dernière
L’étau se resserre autour de l’huile de soja de marque Jadida. Après la sortie médiatique de l’Association des raffineurs des oléagineux (Asroc), le 30 décembre 2014, l’Agence des normes et de la qualité (ANOR) somme à son tour l’importateur – la société Coppeq Sarl basée à Douala – de cesser toute publicité sur l’huile végétale raffinée de marque Jadida.
C’est le prétexte d’un point de presse qui a eu lieu à Yaoundé ce mardi, 10 février, au siège de l’Asroc. Le DG de l’Anor, Charles Booto à Ngon, dans un courrier daté du 05 février 2015 dont Journalducameroun.com a obtenu une copie, demande à la société Coppeq Sarl de cesser toute publicité «sous huitaine» au vu des dangers que représentent la «mauvaise interprétation» qui pourrait en être faite et la «mauvaise utilisation des produits» qui pourrait en découler.
Une volte-face de l’Anor quand on sait que c’est elle qui avait accordé le certificat de conformité à la société Coppeq Sarl le 1er août 2014. Dans le courrier du 05 février, elle affirme qu’il y a «une erreur qui s’y était glissée» et des «non conformités jugées mineures par les experts ayant travaillé sur le dossier» à cette époque.
Huile pour assaisonnement
Les griefs soulevés par l’Asroc ont trait aux usages qui pourraient être faits de l’huile Jadida et des normes prétendument respectées par cette huile végétale fait à base de soja.
Selon le secrétaire général de l’Asroc, Jacquis Kemleu Tchabgou, «l’huile en l’état n’est pas recommandable aux consommateurs». Et pour cause : l’huile Jadida a obtenu un certificat de conformité sur la base d’une analyse agroalimentaire commandée par l’Anor biaisée. L’analyse présentée à la presse a été effectuée le 04 juin 2014 par le Laboratoire Paléologos, basé à Douala. Dans les résultats, on n’aperçoit aucune indication sur la teneur en vitamine A (les huiles doivent pourtant être enrichies à cet effet) ; la teneur en acide gras est de 0,45g par litre au lieu de 0,2. Deux indicateurs parmi tant d’autres, soulevés par l’Asroc pour obtenir le «revirement» de l’ANOR.
En second lieu, et c’est le plus grave pour les raffineurs des oléagineux du Cameroun, dans les publicités sur l’huile de marque Jadida, que diffusent plusieurs chaines de télévision y compris les médias de service public, il est indiqué qu’elle sert autant à la cuisson, la friture des aliments qu’à l’assaisonnement.
«L’huile de soja qui a une teneur en acide a-linoléique supérieure à 2% ne peut être qu’une huile d’assaisonnement et jamais de friture ou de cuisson car, lorsqu’elle monte en température, elle devient cancérigène, présente des risques cardiaques, de diabète, de stérilité et bien d’autres», soutient l’Asroc qui regroupe les majors locaux de la filière.
[«Par contre, peuvent servir à l’assaisonnement, la friture et la cuisson, les huiles de palme raffinée, de coton, d’arachide, de tournesol, etc. Les huiles de palme raffinée et de coton pouvant supporter des températures allant jusqu’à 360° Celsius»], explique M. Kemleu Tchabgou qui conseille également de ne pas utiliser la margarine de même marque, à base d’huile de soja, pour la pâtisserie car ayant les mêmes effets chauffée à haute température.

«L’importation des huiles végétales n’est pas interdite», modère cependant le président du Comité de régulation de la filière des oléagineux, le Dr. Nkoulou Ada Emmanuel, qui était également présent au point de presse. D’après lui, il faut tenir compte du «respect des standards», et du «respect du prix de référence».
En ce qui concerne la première exigence, les huiles importées tout comme celles produites au Cameroun doivent respecter la norme NC 77 2002-003 révisée en 2011 obligatoire sur les huiles raffinées portant un nom spécifique enrichies à la vitamine A.
La deuxième exigence a un rapport avec le «prix de référence» décidé en 2009 et qui fixe la vente du litre d’huile végétale raffinée à 1500 F CFA. A cause des importations massives, ce prix n’est «malheureusement pas respecté», les bouteilles se vendant en deçà, même s’il faut souligner que cela peut être perçu positivement par le consommateur.
Au niveau de l’Asroc, on perçoit cela plutôt comme un «dumping» «mettant en danger les lourds investissements réalisés ces dernières années» dans la filière des oléagineux.

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