Une liste supposée avoir servi de fondement à l’arrestation de certaines personnalités de la république est aujourd’hui mise au grand jour
Dans son édition du 12 février 2013, l’hebdomadaire « L’Oeil du Sahel », a rendu publique, une liste qui est présumée avoir servi de base à l’arrestation de plusieurs hautes personnalités au Cameroun, dans le cadre de ce qu’on désigne aujourd’hui « opération épervier ». La liste dont on a aucune précision sur l’origine, fait apparaître des noms et des numéros de compte affectés avec des opérations et/ou des soldes qui atteignent des centaines de milliards de FCFA. Sur la liste, on retrouve des noms connus, Yves Michel Fotso l’ancien Administrateur de la CAMAIR, Urbain Olanguena Awono l’ancien ministre de la santé publique, Haman Adama l’ancienne ministre de l’éducation de base. Mais aussi des noms peu ou pas connus Le record des comptes est battu par l’ancien ministre des finances Polycarpe Abah Abah. La lecture de l’article ne laisse rien filtrer de l’origine de la liste, mais il ressort qu’elle est un des héritages que le ministre Ahmadou Ali aujourd’hui à la présidence de la république, a laissé à son successeur et ancien Secrétaire Général de la présidence Laurent Esso. Le rédacteur de l’article a néanmoins fait ressortir des points qui peuvent jeter du discrédit sur « l’opération épervier » et semble pointer un doigt accusateur sur le ministre Ali. Ce dernier on se rappelle, en marge d’une session parlementaire, avait laissé entendre parlant de l’opération épervier, qu’il y avait une liste de personne et que les procédures se déclencheraient progressivement. Problème, la liste semble sujette à caution.
« Ce document, qui a été réactualisé au moins une fois, censé apporter la preuve de la corruption de certaines pontes du régime et de leurs affidés, est d’une faiblesse à cause des contrevérités décelées et des comptes fictifs attribués à des personnalités bien réelles. Les recoupements effectués auprès de certaines personnes citées, dans cette liste ont permis de constater que certains comptes et les montants affectés n’ont jamais existé. Comme le cas de ce haut fonctionnaire à qui il a été attribué plusieurs dizaines de millions dans un compte prétendument logé à la Société générale. Toute vérification effectuée, ce compte n’a jamais été créé par cette personnalité-là, il n’a jamais existé, ni à la Société générale des banques du Cameroun (SGEC), ni à la Société générale, maison mère en France. Cette personnalité, visiteur irrégulier de la France, y avait ouvert un compte qui n’a jamais dépassé cinq millions de francs CFA de solde, compte qui a du reste été clôturé en 2003 », peut-on lire dans l’article. La question logique est aujourd’hui celle de savoir si la liste a effectivement motivé certaines arrestations de l’opération de lutte contre la corruption au Cameroun. Cela peut n’être qu’une coïncidence, mais de nombreuses personnes dont les noms figurent sur la liste sont aujourd’hui en détention et inculpés de détournement présumé. Si la liste a servi de base de proposition au ministre Ali pour obtenir l’autorisation de déclencher des procédures à l’encontre de certaines personnes, la question est de savoir s’il a été trompé de bonne foi et si oui par qui, ou alors, si c’est au sein du gouvernement que des manipulations ont été effectués. L’affaire bouscule aujourd’hui au plus haut niveau de l’Etat et invite à s’interroger sur les méthodes de l’opération épervier. Un point important de la révélation, le nom de l’ex ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya accusé de détournement de l’argent destiné à l’achat d’un avion présidentiel ne figure pas sur cette liste, alors que ceux de tous les autres cités notamment Mebara Atangana et Inoni Ephraïm y figurent. Omission ou indication ?