Les planteurs parlent de plus de 2000 hectares de cultures attaquées en un mois et des conséquences économiques importantes
Une attaque de chenilles légionnaires
Les champs du département de Bamboutos dans la région de l’ouest ont connu ces derniers mois une forte invasion de chenilles. Plusieurs arbres ont été touchés. Selon les responsables des services phytosanitaires de la localité, l’attaque est principalement due à des chenilles dites légionnaires. Une catégorie de larves issues des pontes de certains papillons. Ces chenilles qui s’attaquent à toutes les formes de végétation ont parfois poussé les cultivateurs à replanter deux à trois leurs cultures, pour couvrir les pertes causées par les destructions. En s’attaquant aux feuilles des grands arbres, ces chenilles pénalisent l’écosystème de la localité. Les arbres colonisés par elles sont selon les experts susceptibles de subir des dommages irréversibles. Le commerce est le premier secteur d’activités qui a subi les conséquences du phénomène qui dure depuis près d’un mois. Selon des représentants locaux du ministère de l’Agriculture et du développement rural, de nombreux foyers qui se nourrissent en grande partie grâce aux productions alimentaires issues des champs se trouvent peu à peu confronté au manque de nourriture. L’avocat, véritable marque déposé de Bouda, le chef-lieu du département de Bamboutos, a connu une baisse substantielle de production cette année. Les observateurs affirment que déjà 2000 hectares de plantes on été détruites.
Des répercussions sur le marché local
Les répercussions qui se font aussi ressentir sur les marchés à Yaoundé la capitale du Cameroun. L’avocat est devenu trop cher. Parfois le camion vient comme ça, il nous laisse le sac plus cher et parfois tous les avocats ne sont pas en bon état, donc nous sommes obligés de vendre nous-même cher affirme une revendeuse du petit marché de Nkoleton au centre de Yaoundé. François Tiomo est délégué départemental de l’Agriculture et du développement rural des Bamboutos. Dans un entretien accordé au quotidien bilingue, il a laissé entendre que les autorités étaient désarmées face à la situation. Il faut dire que dès le mois de janvier – février, nous avions déjà repéré les mouvements de papillons à l’origine des pontes et alerté les cultivateurs. Mais beaucoup ne nous ont pas suivis, ce qui aggrave le niveau des pertes subies a-t-il dit. Ce responsable rapporte aussi que cette attaque n’est pas la première et les stocks d’insecticides sont épuisés depuis 2004, d’où le risque d’une aggravation de la situation. Les appareils de pulvérisation sont obsolètes et les brigades phytosanitaires n’ont pas assez de moyens. Nous avons pu disposer déjà des stocks de pesticides achetés par les coopératives. Nous avons également formé des brigades villageoises d’intervention phytosanitaires, mais leur action est surtout confinée à la surveillance, la détection et l’alerte a-t-il affirmé.
Un risque d’aggravation de la situation
Les chenilles légionnaires ou Spodoptera frugiperda, de leur nom scientifique, sont les chenilles qui finissent par se transformer en papillons nocturnes gris brunâtres. Si l’on n’y prend garde, elles se multiplient en des millions par jour et sont bien connues pour leur capacité à détruire les feuilles des cultures sur des centaines de kilomètres carrés de terre en quelques jours. Une fois qu’ils épuisent la nourriture en un lieu, ils migrent vers leur prochaine destination. Au mois de janvier dernier, les chenilles légionnaires ont détruit 35.000 hectares de cultures et ont menacé la sécurité alimentaire de plus de 120.000 familles au Malawi. En mars, le quotidien New Vision en Ouganda a rapporté qu’un déchainement de chenilles légionnaires a détruit environs 100 hectares de maïs. Les années précédentes, la Sierra Leone et la Tanzanie ont fait face à une dévastation due aux invasions de chenilles légionnaires. L’attaque la plus meurtrière reste de loin celle survenue au Liberia en 2009, où les chenilles légionnaires ont attaqué environ 100 villages et détruit des cultures y compris des plantations de café et des pâturages. Plus de 500.000 personnes ont été touchées. Plus de 20.000 habitants ont été obligés de fuir leurs maisons. Une situation à laquelle s’expose le Cameroun, selon Monsieur François Tiomo. Il est important de signaler que si le traitement n’est pas fait à temps, les chenilles deviennent des chrysalides, ensuite des papillons qui vont faire d’autres pontes. Et nous pourrions subir d’autres invasions d’ici le mois d’octobre, a-t-il a déclaré.