L’international Espoirs chez les Bleus a été sacré meilleur joueur du Stade Rennais cette saison.
Vous aviez le choix entre la sélection camerounaise et l’équipe de France. Vous avez finalement choisi les Bleus. Cela a été une décision difficile à prendre ?
Ce n’était pas forcément un choix difficile mais un choix logique. J’évolue en France, je vis en France depuis très longtemps. C’est en France que j’ai découvert le foot. Forcément, j’ai toujours cet attachement par rapport à mon pays, par rapport à mes origines, qui font que j’ai été tenté par la sélection camerounaise par le passé. Mais c’était avant de découvrir l’équipe de France Espoirs et les autres catégories de jeunes. Pour la suite de ma carrière, c’est le mieux et c’est ici que je me sens le mieux. Tant qu’on est un grand joueur, l’exposition est la même. Après, c’est un choix qui se fait en fonction du ressenti et de l’entourage de chacun. Moi, mon entourage était plus pour que je me tourne vers l’équipe de France.
Avez-vous été déçu par l’élimination du Cameroun au premier tour de la CAN ?
Oui, comme tout Camerounais.
Que vous reste-t-il du Cameroun ?
Il me reste tout : ma famille, la langue, la culture, la musique. J’y vais assez régulièrement. Je suis souvent avec ma famille. Là, pendant la CAN, on regardait les matches.
Avoir la double nationalité, c’est une richesse selon vous?
Oui, c’est une richesse. Cela permet de connaitre différentes choses, de connaitre plus de choses, d’être plus ouvert car je me suis adapté à la culture française. Je suis quelqu’un de curieux et qui aime apprendre. Quand on est jeune, on ne se fixe pas forcément de barrières. On prend les choses comme elles viennent et c’était mon cas. En plus, au Cameroun, c’est la langue française qui domine. L’adaptation a été assez rapide. Le seul truc qui m’a choqué, c’est la différence de climat. Je suis arrivé en France un hiver et il y a quelques années, les hivers étaient plus rudes. Tout est différent aussi au niveau technologique, au niveau des infrastructures. C’est ça qui m’a le plus bluffé.
Vous aimez jouer, dans le sens le plus strict du terme.
Oui, le foot, c’est le jeu, c’est le un contre un. Quand un défenseur défend bien sur moi, que ce soit à l’entraînement ou en match, je lui dis ‘bien joué’. Pour moi, ça reste un jeu. Forcément, il y a des enjeux derrière mais avant tout, ça reste un jeu.
Vous êtes un vrai joueur dans l’âme ?
J’adore jouer, j’adore gagner. J’adore aussi les jeux sur la Playstation. Je ne suis pas un joueur qui engage de l’argent. Ça ne m’intéresse pas forcément. Mais j’aime jouer, rigoler et prendre plaisir dans la vie.
Vous aimez tant jouer que cela passe aussi pour de la provocation.
La provoc’, ça dépend des gens, de comment ils interprètent les choses. C’est comme la confiance en soi. Ça peut être interprété comme de l’arrogance. Si je sais ce que je peux faire quelque chose et que je le dis, ce n’est pas de l’arrogance. C’est que je sais que je peux le faire et que je vais me donner les moyens de le faire. Tout est une question de point de vue. Mon jeu est de provoquer, de créer des différences, de jouer, de gagner mes duels en un contre un. Si un défenseur vient en contre-attaque, se retrouve face à moi, me dribble et qu’il y a but derrière, je ne vais pas dire qu’il m’a manqué de respect. C’est le foot.
Vous êtes-vous fixé des objectifs en début de saison sur votre nombre de buts, de passes décisives ?
Je ne me mets jamais de chiffres en début de saison. Je ne me dis pas que je veux arriver à tel ou tel total. Je peux très bien ne pas y arriver. Ou je peux très bien y arriver. Et une fois que je l’ai fait, je fais quoi après ? Je ne me fixe pas de limites. Je me fixe des objectifs qualificatifs plutôt. Je veux être performant dans le jeu, sur le repli collectif, sur le jeu collectif. Si je me concentre sur ces points-là, à m’appliquer à chaque passe, chaque centre, je sais que je vais être décisif. Je privilégie vraiment la qualité de ce que je fais plutôt que le nombre de buts que je pourrais inscrire. C’est Bernard Casoni à Auxerre qui m’a inculqué ça. C’est lui qui m’a dit que je devais plus me fixer des objectifs de jeu.
Face à l’OM, seriez-vous capable de faire ce que vous aviez fait contre le gardien de Reims (après avoir éliminé Agassa d’un petit pont, il avait poussé le ballon au fond des filets de la tête en s’allongeant au sol, ndlr)?
Je l’ai fait une fois. Ça a marqué les esprits et ça me suffit.
Pourriez-vous le refaire ?
Je préfère marquer les esprits d’une autre façon, maintenant. J’ai fait tout ce que j’avais envie de réaliser. J’ai signé mon premier contrat pro. J’ai joué en Ligue 1, j’ai marqué en Ligue 1, j’ai fait danser la Ligue 1. J’ai mis ce but et pour l’instant, les seules choses qui me restent à réaliser, c’est de jouer dans les meilleurs clubs possibles et de remporter des titres.
Quel est votre rêve le plus fou ?
Mon rêve le plus fou. C’est le Ballon d’Or.