25.000 tonnes de sucre sont attendues pour la mi-octobre, alors que le gouvernement camerounais tarde à trouver une solution plus adéquate…
Au total 33.000 tonnes de sucre à importer…
Le ministère camerounais en charge du commerce a annoncé l’arrivée dans les deux semaines d’une cargaison de 25.000 tonnes de sucre en provenance du Brésil. Une importation qui se justifie par la pénurie du sucre observée dans les marchés camerounais. De manière conservatoire, le gouvernement a autorisé la société en charge de la production du sucre (Sosucam) à faire venir 8.000 tonnes de sucre de la République du Congo, en raison de sa proximité avec le Cameroun, selon Valentin Mbarga Bihina, directeur du commerce intérieur au Mincommerce. Ce sucre devrait arriver en deux chargements distincts, le premier attendu cette semaine sera chargé de 3.500 tonnes. En moins d’un an, cela porte à plus de quatre fois, le recours des autorités à l’importation du sucre. Sur le marché, les prix s’affolent et sont quasiment inaccessibles. Dans certains quartiers, le kilogramme coûte jusqu’à 1000 Fcfa et grossistes et détaillants affirment que la pénurie dure depuis près de deux mois déjà. L’éternel débat sur les causes de cette pénurie continue d’alimenter les conversations. Une production locale insuffisante, dont la plus grande partie est écoulée au marché noir. Désormais, un nouveau facteur est évoqué, c’est le développement des industries agroalimentaires de fabrication de confiseries, de gaufrettes et autres qui utiliseraient de plus en plus le sucre comme matière première. Au Cameroun, les statistiques réelles de production du sucre comme de beaucoup d’autres produits de consommation, n’existent pas et le fait d’annoncer de nouvelles importations est la preuve que le gouvernement ne semble pas avoir pris la mesure de toute la difficulté de l’approvisionnement en sucre. 35 000 tonnes de sucre avaient déjà été importées au mois de mars dernier.
…Et le gouvernement continue d’ignorer le problème de fond
Le gouvernement avait déclaré que cette mesure exceptionnelle devait résoudre le problème de cette pénurie. La société sucrière du Cameroun, la Sosucam est la première visée, elle conserve quasiment un monopole sur le marché mais elle est surtout accusée d’aggraver la pénurie en privilégiant les pays voisins où elle exporte le sucre fabriqué au Cameroun et l’écoule à des prix plus avantageux, alors même que sa production annuelle de 120.000 tonnes ne suffit pas à une demande camerounaise estimée à 150.000 tonnes par an. Le recours aux importations de sucre n’est pas une nouveauté pour le Cameroun. Le marché du sucre est en principe ouvert au Cameroun. Seulement, à un moment la Sosucam avait indiqué qu’elle risquait une baisse d’activités, avec à la clé le chômage pour un grand nombre de ses employés. Suite à cela, les conditions douanières ont été rendues volontairement difficiles par les pouvoirs publics pour protéger l’industrie nationale du sucre importé qu’on disait subventionnée, notamment la Sosucam, entreprise à capitaux publics, et unique producteur national. Pour une tonne de sucre, les droits de douane s’élèvent en principe à 438.000 Fcfa, une mesure qui rend presque impossible les importations selon les opérateurs. En mars dernier, le gouvernement avait décidé de faciliter l’importation de 35.000 tonnes de sucre. Une solution très critiquée car des observateurs pensaient que le potentiel de production de sucre au Cameroun était très important. Plutôt que d’importer, ils proposaient un renforcement des capacités locales de production.
