Le ministre de la communication estime que la publication, sur le site de la Présidence, d’une photo présentant le chef de l’Etat à la levée de corps de certains soldats, est « l’ uvre d’un pirate »
Le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement camerounais, Issa Tchiroma Bakary, estime que la publication, sur le site de la présidence, d’une photo présentant le chef de l’Etat en train de rendre hommage aux soldats tombés sur le front, est l’ uvre délibérée d’un pirate informatique. La photo et l’article du «pirate» ont été supprimés du site.
«Toutes vérifications faites, la fausse nouvelle attribuée au site officiel de la Présidence de la République résulte d’un grossier montage photographique, qui est l’ uvre d’un pirate informatique entré par effraction sur ledit site, et sans doute mû par la volonté de porter atteinte à l’honneur et à la dignité du Chef de l’État, de nos forces de défense et de sécurité et de la nation camerounaise tout entière», juge Issa Tchiroma.
Le fait a été constaté par certains médias en ligne et des internautes sur les réseaux sociaux qui ont tôt fait de dénoncer le truquage d’une photo présentant le chef de l’Etat camerounais à une levée de corps de 39 soldats organisée le 06 mars au Quartier général, à Yaoundé. Le président de la République et son épouse avaient pourtant quitté le Cameroun depuis le 1er mars, «pour un court séjour privé en Europe», selon la formule du Cabinet civil.
La cérémonie du 06 mars, en hommage aux soldats tombés au cours de combats contre Boko Haram à l’Extrême-Nord, et un autre de la Minusca, tué en Centrafrique, a été présidée par le ministre délégué à la présidence en charge de la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o, représentant le chef de l’Etat. C’était la deuxième cérémonie du genre au Quartier général, après celle du 28 août 2014, qui fût également présidée par le ministre de la Défense.
La ficelle était donc trop grosse pour plonger les internautes dans le doute. Voyant poindre la polémique – des quotidiens privés camerounais ont mis le sujet à leur Une mercredi – le ministre de la Communication a tôt fait d’accuser une main malveillante, dédouanant par-là le webmaster du site de la présidence ou toute autre personne de bonne foi qui aurait été à l’origine de cette publication.
Le site de la présidence de la République du Cameroun publie régulièrement des photos montées, regroupant des scènes qui ne sont pas parfois les mêmes temporellement ou géographiquement. La mise en évidence du montage, comme l’ont fait les médias cette fois avec l’hommage aux soldats, pourrait être à même de «saper le moral des troupes sur le front de guerre et démobiliser la nation toute entière, dans le formidable élan de solidarité qu’elle est en train de manifester», explique le porte-parole du gouvernement.
Dans son communiqué, tout juste a-t-il invité les journalistes et médias nationaux, à «plus de circonspection, de discernement, de sens critique et de responsabilité citoyenne, dans l’appréhension et le traitement de certaines informations dont ils ont connaissance, et davantage, lorsque de telles informations touchent au domaine stratégique de la défense et de la sécurité de l’État.»
Si on devait prendre au mot le ministre de la Communication dans sa sortie médiatique, on retiendrait par-là la que la première institution du Cameroun n’est pas sécurisée. au niveau de son site web.
