En sa qualité de président du conseil d’administration du CADIDEC, il nous parle de ce fonds d’investissement de la diaspora
Monsieur Pierre Bissek vous êtes le président du conseil d’administration du CADIDEC qu’est ce que c’est réellement?
Le CADIDEC est un concept de coopérative mis en place par les camerounais de la diaspora vivant en Allemagne, dont l’objectif est de mettre en place une filière d’investissement assez solide au niveau du Cameroun Dans notre conception, la structure est appelée à évoluer pour devenir comme une banque de développement qui soutiendra des initiatives pouvant directement apporter des solutions au Cameroun.
Le CADIDEC a été présenté pour la première fois au gouvernement et a fait l’objet de discussions avec des représentants de l’administration. Quel était l’intérêt de cette démarche?
Ce n’est pas la première fois qu’on le présente au gouvernement, le concept avait déjà été présenté lors du forum DAVOC de Bonn comme un projet en gestation. Cette année, nous avons voulu montrer l’évolution du projet et en démontrer toute sa réalité et son effectivité.
Les participants aux discussions en atelier ont soulevé un certain nombre d’observations qui se rapportaient toutes aux questions de garantie et de sécurité dans le déroulement des opérations financières avec ce fonds d’investissement. Qu’est ce que vous dites pour rassurer les uns et les autres sur la sécurité de leurs investissements?
Nous avons choisi le statut de coopérative et ce choix statutaire est déjà en soi une garantie parce que notre plus grand challenge sera de collecter les fonds qui serviront à l’investissement. Face à ces préoccupations, nous tenons d’abord à préciser que l’existence du fonds est soumise à une règlementation précise, celle qui régit l’association des coopératives de la république fédérale d’Allemagne. Cela représente une garantie parce qu’il nous sera difficile d’évoluer en marge de cette règlementation. Pour mieux faire comprendre ce que je dis, je rappellerai qu’il y a seulement 2% de coopératives en Allemagne qui font faillite, un record en Europe.
Alors une fois le fonds consolidé, quels sont les secteurs d’interventions prioritaires?
Nous sommes en train d’y plancher entre le conseil d’administration et la direction générale du CADIDEC. Nous ambitionnons de nous investir dans le développement durable. Mais aussi nous mènerons pour des raisons de survie, des activités plus lucratives, parce que le CADIDEC devrait aussi permettre à ses membres de gagner de l’argent afin de pouvoir continuer de faire fonctionner la structure. Il est vrai qu’aujourd’hui nous fonctionnons encore sous le principe de l’action volontaire. Alors ce que nous disons c’est que de manière globale, tout investissement qui aura une portée de développement durable fera l’objet de l’attention du CADIDEC. Mais seulement dans chacune de nos interventions nous allons nous rassurer que nos membres gagnent suffisamment bien sur leurs placements. Pour cela il ne faut pas perdre du vue qu’il sera ainsi nécessaire que nous investissions dans les domaines porteurs qui puissent faire rentrer des bénéfices.
Pour le moment le Cameroun est dans une dynamique de stratégie économique calibrée par la vision de ses dirigeants qui voudraient en faire un pays émergeant d’ici en 2035, alors est ce que le CADIDEC est prêt à collaborer avec l’administration dans le cadre de cet ambitieux projet?
Je n’ai pas envie de parler ici d’objectifs qui n’aient pas fait l’objet de discussion. Le conseil d’administration et la direction générale du fonds vont s’asseoir et définir les axes d’interventions comme je vous l’ai dit. Si les dirigeants apportent de réelles garanties sur la viabilité des projets qu’ils nous proposent, pourquoi pas ? Mais nous avons besoin pour cela qu’il y ait un cadre clair d’investissement de partenariat et que les différentes parties soient fixées chacune sur les droits et obligations réciproques. On ira progressivement et le temps nous permettra de voir ce qui est faisable.
Dans la présentation faite sur le CADIDEC il a été question à un moment de démontrer que sa solution d’investissement et de développement était meilleure que celle générée par des transferts individuels, alors en quoi le CADIDEC pourra-t-il devenir un acteur majeur du développement au Cameroun?
La motivation première du CADIDEC était de mettre ensemble des moyens en vue d’intervenir dans le domaine des investissements au Cameroun. Monsieur Oumarou Sanda qui présentait le CADIDEC a fait savoir, et je confirme, que selon des statistiques de la banque centrale de la république fédérale d’Allemagne, chaque camerounais résident en Allemagne envoyait environ l’équivalent de 500 euros (300 000 FCFA) par an au Cameroun. Or on le sait très bien que cet argent généralement est destiné à régler des problèmes de consommation directe sans véritable productivité. Nous ne disons pas que ce n’est pas important ou alors que cela n’est d’aucune utilité. Mais nous disons qu’il serait intéressant de placer ces fonds dans le cadre d’un système qui leur permettrait de produire un surplus qui leur permettrait tout autant de continuer d’aider leurs familles, sans avoir cette fois là à utiliser les fonds issus de leurs revenus propres. D’un autre côté, imaginez que l’ensemble des fonds transmis par la diaspora servent à créer une structure qui embauche 3000 personnes. On aura créé du travail, de la valeur ajoutée, de nouveaux consommateurs, et partant, de la croissance. Donc le Cameroun a plus à gagner dans le cadre d’un transfert de fonds organisé, que dans le cadre d’une somme de transfert individuels et isolés.
Est-ce que vous pensez que le DAVOC 2011 de Yaoundé aura permis de faire avancer les discussions sur le CADIDEC, notamment sur la question de l’implication des autorités camerounaises?
Nous avons été reçus par le ministre des relations extérieures. C’est déjà un motif de satisfaction et cela démontre aussi l’importance que le DAVOC et la diaspora prennent petit à petit aux yeux des autorités. Je dirai donc que le DAVOC 2011 aura apporté un plus dans le déploiement de nos efforts. Nous avons eu l’occasion d’apprendre des autres, mais aussi de les informer sur ce que c’est le CADIDEC et nous espérons juste qu’au sortir du forum que les différents échanges ne soient pas lettres mortes. Je pense aussi que chacun sait désormais qu’il peut acheter des actions pour soutenir le CADIDEC et pour cette institution c’est une réussite.