Le Directeur de Publication du quotidien Le Messager a un parcours remarquable
De son véritable patronyme Pius Njawé Noumeni, le Directeur de publication du quotidien privé Le Messager basé à Douala, fait partie des professionnels du secteur de la communication qui auront marqué des générations de journalistes. Alors que personne ne pouvait lui prédire un tel avenir dans le monde ô combien sélectif du journalisme, Pius Njawé qui arrive un peu par hasard dans la profession, a su prouver que la réussite réside au bout de l’effort et du travail. Né le 04 mars 1957 à Babouantou dans la région de l’ouest, Pius Njawé entre dans la communication comme garçon de course au journal Semences africaines, emploi qu’il exercera de 1972 à 1974. Après ce passage dans l’organe de presse de René Philombe, il est recruté à l’hebdomadaire La Gazette où il occupera les fonctions de chef des informations intérieures à l’agence de Yaoundé. C’est son reportage Les Lucioles de la nuit qui parle des prostituées et dont quelques extraits sont repris par le journal français Le Monde, qui va lui frayer le chemin vers les sommets. En 1976, il est le correspond du groupe de presse qui édite les magazines Amina et Bingo.
En novembre 1979, Pius Njawé décide de prendre son destin en main en créant le Journal Le Messager. Il est âgé de 22 ans. Le jeune Directeur de Publication va vite imposer son journal sur une scène politique marquée par la restriction des libertés sous le régime du Président Ahidjo. Le Président Paul Biya qui va instaurer un nouvel ordre en matière des libertés va à coup sûr consolider la ligne éditoriale du journal de Njawé caractérisé par un ton satirique qui le classe dans le camp d’une certaine opposition. Le 27 décembre 1990, Pius Njawé et Célestin Monga sont arrêtés pour outrage au chef de l’Etat à cause d’une lettre ouverte La démocratie truquée publiée par Le Messager. Avec Monga, il est condamné le 18 janvier 1991 à six mois de prison avec sursis et à 300.000 francs Cfa d’amende. En octobre 1992, après la victoire du président Biya à l’élection présidentielle, Pius Njawé choisit de s’exiler au Benin et en France. En décembre 1997 Pius Njawé est arrêté puis incarcéré à la prison de New Bell à Douala pour propagation de fausses nouvelles. Le DP du journal Le Messager avait évoqué un possible malaise cardiaque du Président Paul Biya, lors d’une édition de la finale de la coupe du Cameroun.

Dans son parcours, Pius Njawé a également remporté des lauriers. En 1986 il suit une formation à l’Institut International de la Communication de Montréal au Canada. En 1990, il suit une autre formation à la Maine University aux Etats Unis. Un an plus tard il reçoit à Abidjan en côte d’ivoire le prix de la Libre Expression de l’UIJPLF ; A New York, il reçoit le Press Freedom Award décerné par le Committee to Protect journalist. En 1993, il est le Président de l’Organisation Camerounaise pour la Liberté de la Presse (OCALIP), et Président de l’Union des Editeurs de la Presse Privée d’Afrique Centrale(UEPAC) en 1996. Pius Njawé a également reçu en 1993 à Berlin en Allemagne, la Plume d’or de la liberté de l’association mondiale des journaux. En 1989 il est élu président de la section Afrique de Reporters-Sans-Frontières. Ce notable Bamiléké marié et père de famille, est l’auteur de Le Bloc Note du Bagnard, sorti en 1998. Pius Njawé est aussi le promoteur de la Radio Freedom Fm qui malheureusement reste scellée jusqu’aujourd’hui.
Décédé le 12 juillet d’accident de route, la levée de corps est prévue jeudi, 5 août 2010 à 10 heures. La dépouille traversera plusieurs quartiers de la ville, avec un arrêt au siège du journal Le Messager, sis à la Rue des écoles à Akwa, avant le départ aux alentours de 12 heures pour le domicile du défunt à Bonamatoumbé par Bonabéri, où une veillée mortuaire est prévue à partir de 20 heures. La journée de vendredi 6 août 2010 prévoit dès 6h, le départ du cortège funèbre pour le village Babouantou par Bafang où aura lieu une dernière veillée à partir de 20 heures. L’inhumation suivra le samedi 7 août.
