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Plus de 20 ans d’errance pour l’avènement de la démocratie au Cameroun

Par Vincent-Sosthène Fouda, Président du Mouvement camerounais pour la social-démocratie (M.C.P.S.D) L'événement passerait inaperçu dans un pays comme le nôtre…

Par Vincent-Sosthène Fouda, Président du Mouvement camerounais pour la social-démocratie (M.C.P.S.D)

L’événement passerait inaperçu dans un pays comme le nôtre où le régime en place, a des problèmes avec les souvenirs surtout ceux qui le déstabilisent ; mais voilà, certains médias comme le vôtre sont là pour nous rappeler que « le combat pour la liberté est monotone et terrible ». Les mots sont possiblement de Sade, je les prends volontiers, monotone voyez-vous, parce ce combat dure depuis les origines de la cité pourtant nous, ici nous nous efforçons à le dater, alors que ce combat dure depuis la nuit des temps. Si vous voulez l’humanité et le Cameroun avec n’ont jamais rien obtenu sans combat, le combat de Martin Paul Samba, préfigure le départ des Allemands comme la lutte syndical préfigure l’indépendance du Cameroun avec la naissance de l’UPC.

Voilà il y a 26 ans, non pas les partis politique, disons non pas seulement l’UPC avec le Dr Sende, Nde Ntumazah, ont bousculé le régime du parti unique pour imposer dans l’espace public camerounais une parole plurale et plurielle. Ce combat est aussi terrible parce que le droit d’annihiler la liberté et la vie est une prérogative constante qui s’octroie tout pouvoir politique. Il faut donc saluer Yondo Black Mandengue, Assira Engouté, le patriarche Ateba Yene, les journalistes Pius Njawé, Célestin Monga mais aussi Mongo Beti, Abel Eyinga qui poussent et donnent de la voix parfois hors de nos frontières afin de libérer la parole ici dans notre pays. Le peuple camerounais y a participé en étant réceptif au message de dépassement de soi et d’ouverture qui était nouveau dans notre pays. Enfin comment ne pas citer le Cardinal Tumi qui très tôt a pris le contre-pied du discours que l’on pouvait entendre de l’archevêque métropolitain de l’époque.

Ils étaient là, Gustave Essaka, Samuel Eboua le sociologue Jean-Marc Ela qui tous les samedis s’adressait aux étudiants à la paroisse saint Pierre de Melen en face du CHU. Depuis l’arrière-pays jusque dans les villes de taille moyenne comme des mégalopoles que sont à notre échelle Douala et Yaoundé le mouvement a été suivi, encouragé et soutenu. Rappelons-nous ici que Nicole Okala actuellement sénatrice RDPC avait repris le Parti Socialiste de son oncle Charles Okala, que Louis Tobie Mbida avait repris le Parti Démocratique Camerounais de son père André Marie Mbida. Que certains qui sont aujourd’hui au gouvernement étaient cachés au Nigéria. Tout cela pour dire que la liberté peut et doit embrasser une foule de gens et incendier les châteaux, abattre des cloisons surtout permettre la rencontre de l’autre.

Pour les camerounais nés après les années 1990, ils ne se représentent pas les combats qui ont été menés il y a seulement 26 ans, que certains aujourd’hui connaissent le long chemin de l’exil pour que, eux ici au Cameroun ait le droit de choisir, de dire, de protester, de constater, de suggérer et d’analyser. La liberté, la démocratie qui va avec ne sont pas des acquis, ce sont des conquêtes permanentes, quotidiennes.

Une commémoration comme celle-ci est faite pour nous le rappeler, car notre espace public souffre aujourd’hui d’un déficit de liberté de la parole, les libertés sont castrées à tel point qu’il est presque interdit aujourd’hui de tenir une réunion qui ne soit pas un concert de louange au régime sous lequel nous ployons. Hier il y avait des conventions collectives qui permettait au seul syndicat qu’avait le monde des travailleurs de négocier avec le patronat, de défendre les droits des salariés aujourd’hui regardons autour de nous pour découvrir qu’il y a des attroupements un tout petit peu partout, devant l’immeuble abritant les services du ministère des finances comme devant l’immeuble du premier ministre.

Depuis plus de 15 ans personne n’arrive à faire respecter ses droits par l’Etat parce que celui-ci à diviser pour mieux régner ! Dominique Fouda Sima, Vincent Ahanda, Kemadjou, Oka’a doivent se retourner dans leur tombe. Hier ce sont des vieillards avec un pied dans la tombe qui se sont battus, cette commémoration est un appel à la jeunesse débordante d’énergie de préserver les acquis d’hier et d’avoir des envies démocratiques, d’être amoureux de la place public, d’être constant dans le combat, c’est le lieu d’émancipation et de développement. Il faut savoir que les batailles de la vie ne sont pas gagnées par les plus forts ni par les plus rapides, mais par ceux qui n’abandonnent jamais.


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