Après des premières études sur ce projet qui ont eu lieu en 1978, on y voit plus clair aujourd’hui
Il y a aujourd’hui au moins deux choses qui sont vraies sur la question. La première: Les travaux vont enfin démarrer. La deuxième, il en faudra du temps pour voir l’ensemble des ouvrages devant constituer le port en eau profonde de Limbe définitivement agencé. Selon les simulations des experts de Korea Ports Engineering Corporation, et de Limbe Port Development Corporation, qui ont présenté jeudi dernier à l’hôtel Hilton de Yaoundé l’étude de faisabilité du port en eau profonde de Limbe, trois échéances seront nécessaires: 2015, 2025, 2050. Chacune de ces phases correspondant à la construction d’un des trois compartiments qui vont constituer cette structure d’envergure. A Kribi, loin des technocrates de l’administration camerounaise, les enjeux du projet n’échappent pas aux personnes avisées.
Le port de Douala demande sans cesse d’être dragué. Ce qui s’avère être une opération coûteuse. Il fallait nécessairement un nouveau port. Les pays de la sous-région vont utiliser le même port. C’est donc un port sous-régional, qui n’appartient pas seulement au Cameroun. Le plan général de distribution des aménagements portuaires prévoit à date des installations portuaires sur les sites de Kribi, Grand-Batanga, Mboro et Lolabè, donnant ainsi lieu à ce qu’il est désormais convenu d’appeler le complexe portuaire de Kribi. En clair, le projet s’étalera sur quatre sites. A Kribi, il devra entraîner un réaménagement du port existant pour laisser déployer des activités de cabotage, de pêche artisanale et de plaisance. A Grand-Batanga, il sera question d’activités de tourisme balnéaire et de pêche industrielle. S’agissant de Mboro, il est principalement prévu un port général à caractère industriel et commercial, des activités de cabotage et une base navale. Les terres de Lolabè, elles, s’attendent à accueillir un appontement fer pour le transport du minera de fer.
Malgré quelques réticences, les populations riveraines y voient de manière générale un grand projet de développement qui permettra à Kribi et ses environs de devenir un important pôle d’attraction industriel, commercial et touristique. Selon des chefs traditionnels de localité de la région, les populations dans la perspective de l’expropriation par le gouvernement, ont entrepris un processus d’immatriculation et de viabilisation de leurs terrains. Le projet donne lieu à beaucoup d’espoir. Kribi et ses environs pourront être un grand pôle industriel et touristique. La Lobé par exemple sera réservée au tourisme. Ce qui veut dire que les populations devraient se préparer à recevoir les touristes en plus grand nombre. Elles espèrent grâce au port de pêche de Grand-Batanga, que la pêche cessera de se faire de façon artisanale. Il faudrait aussi que la population soit capable de fournir la main d’ uvre appropriée. C’est la même exigence pour les travaux dans l’ensemble du projet, qui exigera une main d’ uvre qualifiée.
D’après le chronogramme, les travaux de construction du futur complexe portuaire démarreront en décembre prochain et les premières installations sont annoncées pour fin 2013. Au plan spécifique, le port de Mboro sera destiné à accueillir des navires de 100.000 tonnes et de 16 mètres de tirant d’eau. Dès la première phase de sa réalisation, ce port devra comporter, outre une digue de protection et un chenal d’accès, quatre terminaux: un terminal conteneur, un terminal aluminium, un terminal polyvalent (pour le fer, des marchandises diverses, des colis lourds, etc.) et un terminal hydrocarbures. A Lolabè, l’appontement fer est prévu de recevoir des navires de 250.000 tonnes et 22 mètres de tirant d’eau.
L’importance du projet force le sérieux de ses promoteurs. Le trafic maritime est en constante évolution dans le pays, au rythme de tous les grands projets envisagés ou déjà lancés. De même, les sollicitations des pays voisins enclavés sont de plus en plus grandes pour le port de Douala, qui aujourd’hui assure à lui seul 95% du volume des importations au Cameroun. Selon les chiffres disponibles, en 2006, ce trafic s’est élevé à environ 6,7 millions de tonnes. Les prévisions pour 2050, après la construction effective des ports de Limbe et Kribi, situent le volume des importations à plus de 54 millions de tonnes. En attendant ces heureuses perspectives, certains autres projets déjà en cours de mise en uvre tiennent leur efficacité de la construction du port en eau profonde de Limbe. C’est le cas du projet AFKO, de construction d’une cimenterie dans la région de Limbe. Cette ambition est étroitement liée à l’infrastructure portuaire, qui doit faciliter les importations de clinker et d’autres matériaux et intrants dans la fabrication du ciment.
