Le coordonnateur technique du projet « e-national higher education network », première phase du processus d’édification de l’Université numérique au Cameroun présente le niveau de mise en œuvre dudit projet à mi-décembre 2021.
JDC : Qu’est ce qui explique que les centres de développement du numérique dans les universités d’Etat ne soient pas encore fonctionnels, pourtant leur mise en service avait été annoncée pour octobre 2021, au cours de la rentrée académique ?
Pr. Roger Atsa Etoundi : Les centres de développement du numérique universitaire sont techniquement opérationnels depuis le mois de septembre 2021. Nous avons fait le tour de tous les centres pour la validation de leur fonctionnalité technique. Tout est fin prêt pour le démarrage de leur exploitation par les différentes universités. L’exploitation en elle-même est un long processus qui a démarré depuis plus d’un an avec la sensibilisation des hauts responsables des universités d’Etat sur les impacts des centres de développement universitaire sur la pédagogie universitaire. C’est dire que les universités doivent à leur tour procéder, à l’adoption de cette nouvelle donne puis former les acteurs internes à la digitalisation des enseignements. Il en est de même des étudiants qui doivent être sensibilisés sur les nouvelles approches de l’acquisition de la connaissance. En réalité il s’agit là d’un tournant historique pour l’enseignement supérieur au Cameroun. Toutes ces activités prennent un certain temps vu la masse de la population à sensibiliser et à former. Ce travail est en cours en ce moment au sein des différentes universités. A cet égard, j’affirme bien que les centres sont techniquement opérationnels et que les activités pour leur utilisation sont en cours dans les universités. N’oublions pas que chaque université est autonome et déroulera ces activités liées à l’utilisation selon son chronogramme. Je voudrai déjà dire que l’Université Inter Etats Cameroun-Congo a complément déroulé ces activités de phase d’utilisation.
Que reste-t-il à faire pour que l’on assiste à l’effectivité de la dispensation des cours en distanciel dans les universités publiques concernées par ce projet ?
La sensibilisation et formation des différents acteurs au sein des différentes universités sont les principales actions à implémenter par les universités pour le démarrage de l’utilisation des centres de développement du numérique universitaire.
Après la mise en service du centre numérique de l’Université inter-Etats Cameroun-Congo à Sangmélima, peut-on espérer leur mise en service dans les sept autres universités publiques d’ici avril 2022 ?
Le mois d’avril 2022 marque la fin de la première phase du projet. Cette date n’a rien à voir avec les mises en service des centres. Comme je l’ai dit, la mise en service est un processus incrémental qui a déjà démarré dans les universités. Ce processus est achevé à l’université Inter Etats Congo-Cameroun dans son campus de Sangmélima. Il faut comprendre que ce processus sera complément bouclé avec la définition de la nouvelle procédure de diplomation dans notre enseignement supérieur. Les textes en vigueur doivent être revus pour s’adapter à la nouvelle donne. Vous voyez bien que ceci prendra un certain temps. Avec les Centres, il sera désormais possible de suivre tous les cours et dans certaines filières sans toutefois se rendre dans un amphi, l’université doit définir un nouveau mode de diplomation, est ce qu’on doit toujours programmer les examens comme cela est fait aujourd’hui la réponse c’est non, devons-nous attendre trois ans pour avoir une licence, ma réponse c’est non. Il y a une véritable révolution qui se cacher derrière les centres de développement du numérique universitaire. Les centres représentent un véritable vecteur de changements au sein de l’Enseignement Supérieur au Cameroun. Merci au Chef de l’Etat, Son Excellence Paul Biya, pour cette vision futuriste et très stratégique.
Comment et par qui se fera l’animation des centres numériques, une fois leur mise en service effective ?
Je vous ai parlé de l’autonomie de chaque université. Au niveau du Ministère de l’Enseignement Supérieur, nous donnons des orientations pour une meilleure utilisation des centres. C’est ainsi que Monsieur le Ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement Supérieur a signé une circulaire dans laquelle il mettait le fonctionnement des centres sous la coordination des Vice-recteurs en Charge des Enseignements, de la professionnalisation et du développement des TIC. Parallèlement le Ministère est entrain de former des personnels pour appuyer les universités dans la prise en main des centres de développement du numérique universitaire. Cette première vague de personnel a été mise à la disposition du Minesup par la Ministre des Enseignements Secondaires. J’en profite pour la remercier.
L’on évoque des obstacles à la mise en service des centres numériques tels, le manque d’énergie électrique et la faiblesse de la connexion intérêt. Qu’en est-il réellement?
Je ne saurai parler à ce niveau d’obstacles, comme je l’ai dit et j’insiste que la mise en service des centres est un processus incrémental qui a déjà débuté dans toutes les universités. L’utilisation optimale au plan économique au niveau des universités appelle la fourniture du courant électrique Eneo. S’il faut utiliser en continue les groupes électrogènes installés pour seconder l’alimentation électrique des centres, cela sera plus couteux et pèsera dans les budgets des universités. Le fonctionnement journalier d’un groupe électrogène dans un centre induit une consommation d’au moins 200 litres de gasoil. S’agissant de la fourniture du courant Eneo, les travaux sont en phase de vérification dans la plupart des universités par les services techniques Eneo en prélude à l’installation des systèmes de comptage de la consommation électrique. Dans certains sites, les travaux techniques d’installation des transformateurs sont en cours.
Comment feront les étudiants pour prendre part aux enseignements en distanciel, surtout pour ceux qui ne sont plus en possession des ordinateurs qui leur ont été distribués il y a quelques années par le ministre de l’Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo ?
En réalité, lorsque les centres seront mis en exploitation sur la base du processus susmentionnés dans les universités, les étudiants seront dans l’obligation de se procurer d’un ordinateur ou tout terminal leur permettant de se connecter sur internet et dans les réseaux interuniversitaires du Cameroun soit pour suivre les cours, télécharger les cours déjà dispensés ou alors faire des recherches documentaires. Pour ceux qui sont encore en procession du précieux Don du Chef de l’Etat, ce sera juste une formalité mais pour ceux qui en ont vendu ou n’en ont pas, la seule chose qui leur restera c’est d’en acquérir un. La distribution des ordinateurs était un acte ponctuel. Elle ne s’étend pas sur le temps.
Interview réalisée par Amandine Atangana