Il l’a annoncé ce lundi, 29 décembre dans un discours devant les parlementaires réunis à Baidoa, siège du parlement
Le président de transition somalien M. Abdullahi Yusuf, a annoncé, lundi 29 décembre, devant le Parlement de transition, sa démission après quatre ans au pouvoir, et au terme d’une crise politique majeure « J’avais promis de rendre le pouvoir si je ne pouvais pas ramener la paix, la stabilité ainsi que la démocratie en Somalie », a déclaré M. Abdullahi Yusuf Ahmed, dans un discours devant les parlementaires réunis à Baïdoa, siège du Parlement, à 250 km au nord-ouest de la capitale Mogadiscio. « J’ai décidé de vous rendre le pouvoir. J’ai signé la lettre de démission, et j’ai donné le pouvoir au président du Parlement Cheikh Aden Madobe, qui assure à compter de ce jour la fonction de président de Somalie. La majeure partie de notre pays échappe à notre contrôle et nous n’avons plus rien à donner à nos soldats. La communauté internationale a échoué, elle aussi, dans sa tentative pour nous aider », a-t-il poursuivi.
Elu à la présidence de la Somalie le 10 octobre 2004, M. Yusuf a finalement démissionné sous les pressions. Ce personnage clef de la vie politique somalienne n’est jamais parvenu à imposer son autorité sur ce pays, qu’il a plus dirigé en chef de clan qu’en chef d’Etat. Cette démission intervient moins de deux semaines après le limogeage du premier ministre, Nur Hassan Hussein, par Abdullahi Yusuf Ahmed, qui prétextait que les divisions au sein du pouvoir le paralysaient. Depuis son entrée en fonction en novembre 2007 avec l’aide de l’ONU, le gouvernement de transition peinait à reprendre le contrôle du pays. Le président et le premier ministre étaient notamment en désaccord sur la stratégie à suivre à l’égard de l’opposition islamiste. La destitution de M. Hussein avait été condamnée par la communauté internationale et jugée illégale par le Parlement, qui l’avait conforté la veille avec un vote de confiance massif. Les parlementaires ont désormais trente jours pour élire un nouveau président.
En outre, depuis début 2007 et la chute des tribunaux islamiques, Mogadiscio et un nombre croissant de régions somaliennes sont le théâtre de violences très meurtrières, opposant les forces gouvernementales et leurs alliés éthiopiens aux insurgés. Face à l’impuissance du gouvernement somalien, les extrémistes islamistes shebab ont lancé une insurrection acharnée dans le pays et contrôlent désormais une large partie du centre et du sud de la Somalie. Le gouvernement somalien et l’opposition islamiste modérée ont signé en juin à Djibouti un accord de partage du pouvoir et de trêve, catégoriquement rejeté par les shebab. L’Ethiopie, intervenue officiellement fin 2006 en Somalie pour chasser les tribunaux, a annoncé le retrait total de son armée de Somalie d’ici début 2009, faisant planer encore plus d’incertitudes sur l’avenir sécuritaire du pays. La situation humanitaire est désastreuse. Selon l’Onu, 3,2 millions de Somaliens – soit près de la moitié de la population – ont besoin d’aide humanitaire pour survivre. La Somalie est aujourd’hui dans la pire situation sécuritaire depuis le début de la guerre civile et est également plongée dans une situation humanitaire catastrophique