3e performance du premier tour avec un peu plus de 18%, la candidate de l’extrême droite soulève à nouveau les inquiétudes françaises
Stratégie politique ou heureux concours de circonstance, il est difficile d’expliquer la troisième place occupée aujourd’hui, par Marine le Pen, fille de Jean Marie le Pen, le sulfureux président du Front national. Au soir du premier tour de l’élection présidentielle en France, c’est pourtant cette dame au fort tempérament qui a occupé la troisième place, mettant sur la touche Bayrou et Mélenchon, ce dernier présenté parfois comme le 3e homme. Pourtant ce n’est que le dernier jour, aux dernières heures que la candidate du Front National a déposé sa candidature. Les commentateurs du parti socialiste ont essayé de minimiser l’affaire, laissant entendre que ce vote massif de la candidate du FN était un refuge de la population française. Un argument utilisé en 2002, lorsque Jean Marie le Pen avait fait ses 15%. « Le peuple français (…) s’est, contre toute attente, invité à la table des élites», s’est réjoui dimanche soir Marine Le Pen devant son succès. « Ce premier tour n’est pas une fin en soi mais le commencement d’un vaste rassemblement des patriotes de droite comme de gauche, des défenseurs de l’identité française», a ajouté la candidate antisystème, qui n’a pas manqué de railler « les mensonges et sondages du système », qui la plaçaient entre 14 % et 17 %. Il est désormais clair que la stratégie de Nicolas Sarkozy de puiser dans les voix de l’extrême droite n’a pas marché, d’autant que Marine Le Pen lance un nouvel appel à mobilisation. « La France des clochers, les petits commerçants, fonctionnaires, pêcheurs, ouvriers, agriculteurs, ceux qui souffrent (…) ont fait monter la vague bleu marine qui fait ce soir trembler le système », a-t-elle lâché.
Le score de madame Le Pen est d’autant plus confortable (pour elle) et inquiétant, que les contextes ont changé. Avec un taux de participation de 80 % environ, on estime à 7 millions le nombre de français qui ont choisi l’extrême droite, des français vivant principalement dans les zones rurales, donc peu au fait des mutations de real économie mondiale. François Hollande du Parti Socialiste (PS) arrive en première position avec un peu plus de 28% des suffrages exprimés. Mais cela ne lui garantit pas la victoire finale. Mais dans un contexte de crise économique et financière persistante dans le monde, l’arrivée de cet homme dont on ignore les stratégies claires pour faire face à ces problèmes pose problème même au niveau des partenaires européens. « Quel échec pour un chef d’Etat sortant de faire si mauvaise figure face à un adversaire comme François Hollande, dont la campagne a consisté avant tout à esquiver et qui n’a jamais vraiment réussi à enthousiasmer ses partisans », estime le Financial Times Deutschland. Pour sa part, le président Sarkozy a cessé de séduire et pourtant rien n’est perdu. Le candidat de l’UMP reste d’ailleurs très combatif et annonce trois débats plutôt que deux. Il espère par ce fait, faire ressortir les limites de son rival du PS à conduire une stratégie face à la crise européenne. La bataille du deuxième tour risque d’être serrée, avec en fond l’idée que sept millions de français au moins, sont séduit par le discours du Front national, crédible pour les classes modestes françaises qui souffrent. « Sa candidate parle leur langage avec ses tirades contre les immigrés et les élites », fait remarquer une presse allemande. Et dans ce chaos, les scores risquent d’être serrés, avec à la fin un président légalement choisi, mais qui devra faire face à un grand défi de quête de légitimité auprès de plusieurs millions de ses compatriotes.
