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«Présidentielles de 2011: Le gouvernement tente de faire de l’électricité un enjeu électoral»

Paul Gérémie BIKIDIK, président du RACE revient sur «programme thermique d'urgence» Dans le dernier numéro de ARSEL NEWSLETTER, bimensuel d'informations…

Paul Gérémie BIKIDIK, président du RACE revient sur «programme thermique d’urgence»

Dans le dernier numéro de ARSEL NEWSLETTER, bimensuel d’informations en ligne sur les activités de l’Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité, le régulateur confirme l’existence d’un projet gouvernemental intitulé « Programme thermique d’urgence ».

Ce projet d’une capacité de 100 MW prévoit la location à l’horizon 2011, de 03 unités de production thermiques dans 03 régions du Cameroun, le Centre (à Yaoundé et Mbalmayo), le Sud (à Ebolowa) et le Nord-Ouest (à Bamenda) ; par ailleurs, ce projet sera directement piloté par le Ministère de l’Energie et de l’Eau (MINEE). Quoique nul ne se souvienne d’un quelconque appel d’offre national ou international, comme l’exige la règlementation sur les marchés publics, des contrats auraient déjà été signés avec 02 entreprises étrangères, une égyptienne (ELSE-WEDY) et l’autre japonaise (SOJITZ EMPOWER), pour la réalisation de ces ouvrages. Ce que l’annonce de l’ARSEL ne dit pas, c’est que ce projet fait actuellement polémique au sein même du gouvernement, notamment en ce qui concerne son coût. En effet, le MINEE estimerait la valeur de ces ouvrages à 100 milliards de FCFA, montant que le Ministre des Finances (MINFI) trouve prohibitif et refuse de valider (Cf. Lettre N°00001699 du 25 mai 2010 adressée par le Ministre des Finances au Premier Ministre, Chef du Gouvernement).

Pour justifier son refus, le MINFI s’appuie sur une information recueillie dans le journal ivoirien Fraternité Matin N°13616. On apprend par ce journal qu’une entreprise britannique (AG GREKO) va louer pour 02 ans à la République de Côte d’Ivoire, un ouvrage thermique de 70 MW à hauteur de 22,5 milliards de FCFA. Toujours sur ce chapitre chiffré, on sait que la centrale thermique de Yassa (86 MW) a coûté 52 Milliards FCFA à l’opérateur AES/SONEL et la même entreprise estime à 150 milliards FCFA le coût de réalisation de la future centrale à gaz de Kribi (216 MW).

Cette annonce est d’autant plus affligeante pour les consommateurs d’électricité que, depuis plusieurs années, le RACE attire l’attention de l’opinion publique sur l’absurdité de l’option thermique comme alternative à la crise énergétique dans un pays possédant le 2ème potentiel hydroélectrique d’Afrique après le RDC. Nous avons aisément démontré, le lien direct qui existe entre le renchérissement du kWh tant fustigé et la surenchère thermique dans laquelle nous sommes confortablement installés depuis peu.

Au-delà de cette querelle sur le caractère dispendieux de ce projet gouvernemental, il y a lieu de s’interroger sur les motivations réelles du MINEE, au moment où le débat sur les tarifs d’électricité bat son plein et où les consommateurs sont perdus dans un dédale indescriptible, ne sachant toujours pas à ce jour, quelle tarification doit leur être appliquée. Que cache ce projet MINEE ? Qu’est ce qui peut bien expliquer l’obstination et la fébrilité du MINEE pour ce projet ? Quels sont les critères qui ont permis de retenir les 03 régions sus indiquées pour ce projet, alors que le problème d’approvisionnement en électricité se pose avec un peu plus d’acuité dans d’autres régions du pays, à l’instar de l’Est ? Est-ce réellement pour l’intérêt du consommateur qu’agit le Ministre NGAKO TOMDIO ?

En vertu du Contrat de concession et dans l’hypothèse que ce projet soit finalement validé, l’énergie électrique générée par ces unités de production sera exclusivement vendue à l’opérateur AES/SONEL qui devra la revendre à son tour aux usagers à un prix lui garantissant une marge. Lorsqu’on sait qu’aujourd’hui le prix du kWh avoisine les 100 FCFA, à combien reviendra -t-il au consommateur ? L’Etat qui peine en ce moment à fixer les compensations financières consécutives à son opposition à la dernière augmentation des tarifs décidée par l’opérateur AES/SONEL, pourra-t-il subventionner un kWh dont le coût de production sera vraisemblablement situé entre 150 et 200 FCFA ?

A la veille des échéances électorales de 2011, le RACE met en garde contre toute tentative d’instrumentalisation à de fins électoralistes de la question de l’accès des populations à l’électricité. Les consommateurs refusent d’être du bétail électoral à la solde des politiciens. Nous réaffirmons notre opposition à l’option thermique pour résorber le déficit énergétique au Cameroun et exigeons du gouvernement, notamment du MINEE, des clarifications publiques sur son « Programme thermique d’urgence ».
L’accès à l’énergie est un droit essentiel et inaliénable!

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