Elle est la seule candidate féminine à l’élection présidentielle ivoirienne
Les hommes ont produit en cinquante ans une société qui comporte 50 % de pauvres, assure le porte-parole de Jacqueline Lohoues-Oble lors de la période de campagne électorale. Première femme candidate à la magistrature suprême de toute l’histoire de la Côte d’Ivoire, Jacqueline Lohoues-Oble, 60 ans, a promis bien-sûr à ses compatriotes de changer la donne de la Côte d’Ivoire. Ancienne garde des Sceaux, dotée d’un tempérament bien trempé que vient encore souligner une voix grave, elle s’est présentée aux récentes élections présidentielles sous la bannière indépendante avec des moyens financiers limités à la plus simple expression. « Mes petites économies », plaisante cette mère de quatre filles, elle même issue d’une famille de onze enfants. L’aventure politique de Jacqueline Oble a débuté en 1984. C’est Omar Bongo qui m’a repérée lors d’une conférence sur l’évolution du droit de la famille en Afrique. Il a parlé de moi au président Félix Houphouët Boigny qui m’a fait recevoir par ses proches avant de me prendre à ses côtés. En 1990, ce professeur agrégé de droit, enseignante à l’université de d’Abidjan Cocody, devient ministre de la Justice dans le gouvernement d’Alassane Ouattara. À la mort du « Vieux » en 1993, elle fait partie de l’équipe fondatrice du Rassemblement des républicains (RDR) avec son frère Vincent Lohoues Essoh, propriétaire de plantations d’hévéas, lequel deviendra ministre de la construction et de l’urbanisme sous la transition du général Gueï. En 1995, Jacqueline Oble est élue députée d’Abobo. Mais elle démissionne en 1999. Je me suis opposée à la candidature d’Alassane Ouattara à la présidentielle de 2000. Même si le texte juridique invalidant sa candidature était injuste, il n’était pas opposable en matière de droit, justifie-t-elle. Je préconisais donc une autre candidature au sein du parti mais j’ai été mise en minorité. Mon avenir était scellé. Elle a donc repris ses cours à l’université puis exercé comme conseillère juridique de Charles Konan Banny, Premier ministre de 2006 à 2007.
Un an plus tard, elle décide de se lancer dans l’aventure électorale après avoir discuté avec son entourage. Pas superstitieuse, elle a proposé un programme d’action en treize points accordant une large place à la femme, à la jeunesse, à l’emploi, à la modernisation de la justice et à la relance des secteurs de la santé et de l’éducation. Elle se voit bien créer la surprise. Elle a été également prête à se rallier à un autre candidat en cas d’échec, à condition d’en trouver un qui poursuivre son combat. On verra bien. Il faudra discuter si l’on veut mon soutien, prévient-elle. Celle que ses compatriotes qualifient de « véritable dame de fer », s’est déjà forgée un charisme dans le monde des hommes. Sa voix rauque qui a fusé dans les différents recoins du pays, lors de la campagne électorale, a fini de convaincre plus d’un. Une façon diplomatique de susciter une alternative à la bataille des leaders politiques qui tiennent en otage le peuple ivoirien depuis huit ans. Pourtant son courage est bien apprécié par les femmes de son pays qui n’ont pas manqué de lui manifester leur soutien, lors de la dernière Journée internationale de la femme, au mois de mars. Mais aujourd’hui ce qui motive le plus cette universitaire, c’est la volonté de mettre fin à cette situation qui voit son pays sombrer de plus en plus. Ainsi, celle qui se targue d’être membre fondateur du RDR et d’avoir rédigé ses statuts a voulu s’octroyer un espace d’application de ses propres convictions politiques.
Toutefois, beaucoup d’observateurs lui collent le profil d’un élément qui roule pour le président Gbagbo pour disperser les voix du nord . Mais à ces accusations, elle a tenu à répondre de manière péremptoire : Rester dans la mouvance présidentielle, recevoir de l’argent et mener campagne dans ma localité aurait été plus facile, mais je fais ma campagne avec un mini-bus. Et à la question de savoir lequel des grands candidats soutiendrait-elle, s’il y avait un second tour, Jacqueline Lohoues Oble se veut clair : Je serai présidente de la République. Optimisme irrationnel ou volonté de pousser les femmes à croire en leur capacité, les résultats qui émaneront des urnes, nous en dira plus.
